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Pétrole et banques visés par les sanctions américaines contre l’Iran

Les exportations de pétrole iranien et les transactions financières avec l'Iran seront à partir de lundi dans le collimateur des…

Les exportations de pétrole iranien et les transactions financières avec l’Iran seront à partir de lundi dans le collimateur des États-Unis, qui auront ainsi rétabli toutes leurs sanctions levées dans le cadre de l’accord sur le nucléaire iranien, dont ils se sont retirés en mai.

Les mesures punitives américaines visent toute personne ou entreprise étrangère qui ferait affaire avec la République islamique dans un grand nombre de secteurs. Si bien que ces entreprises sont sommées de choisir entre leurs investissements iraniens et leur accès au marché américain.

Un choix vite fait, la plupart des sociétés européennes ayant d’ores et déjà décidé de se désengager d’Iran.

– Les sanctions déjà rétablies –

Le 7 août, un premier train de sanctions levées après l’accord de 2015 sont entrées en vigueur, visant:

. l’achat de dollars par le gouvernement iranien, et l’achat ou la vente pour des montants « importants » de rials, la monnaie iranienne;

. l’achat de bons du Trésor iranien;

. les échanges d’or, de métaux précieux, d’aluminium ou d’acier, de charbon ou de graphite;

. le secteur automobile et l’aviation commerciale;

. l’importation aux États-Unis de tapis ou de denrées alimentaires iraniens.

– Les sanctions qui entrent en vigueur lundi –

Il s’agit des mesures les plus draconiennes, instaurées sous l’administration démocrate de Barack Obama pour forcer Téhéran à négocier un accord censé l’empêcher de se doter de la bombe atomique, et levées après la signature de ce texte en 2015.

. Le pétrole et le secteur énergétique:

L’administration de Donald Trump l’a martelé, elle veut faire en sorte que les exportations de pétrole iranien soient « aussi proches de zéro que possible » à partir de lundi. Selon certaines estimations, elles ont déjà chuté d’un tiers depuis mai, quand elles s’établissaient à 2,5 millions de barils par jour.

Cette fermeté affichée masque de grandes tractations en coulisses et la plupart des observateurs estiment que Téhéran continuera à exporter une partie plus ou moins importante de son brut.

« Notre objectif reste d’arriver à zéro pétrole aussi vite que possible » mais « nous sommes prêts à travailler, au cas par cas, avec les pays qui diminuent leurs importations », a répété cette semaine un porte-parole du département d’État américain.

Washington pourrait donc accorder des dérogations à des pays alliés qui dépendent fortement du pétrole iranien comme l’Inde ou la Corée du Sud, voire la Turquie ou même la Chine.

L’Iran pourrait en outre trouver d’autres moyens d’écouler son brut en contournant les sanctions: par exemple en le mélangeant avec du pétrole irakien ou en passant par un système de troc imaginé par les Européens qui, en désaccord avec les Américains, tentent de tout faire pour que Téhéran reste dans l’accord sur le nucléaire et continue donc de tirer des retombées économiques de son adhésion.

Enfin, une donnée-clé pourrait pousser les États-Unis à ne pas trop serrer la vis: les cours du pétrole. Plus les ventes iraniennes diminueront, plus le prix du baril montera, avec un risque pour l’économie mondiale en général et américaine en particulier.

. Les transactions financières:

Dès lundi, les établissements financiers étrangers qui engageront des échanges avec la Banque centrale iranienne et toute une série d’autres banques de Téhéran s’exposeront à des sanctions et ne pourront plus avoir accès au système financier américain. L’argument est puissant dans une économie de plus en plus mondialisée: même les banques chinoises redoutent d’avoir des problèmes aux États-Unis, relève un diplomate occidental.

Reste à savoir si l’administration Trump passera à l’acte concernant la mesure la plus stricte: déconnecter toutes les banques iraniennes de SWIFT, le système de paiements interbancaires, et donc du reste de la planète finance. Pour forcer la main des dirigeants de SWIFT, elle devrait les menacer de sanctions individuelles.

Des groupes de pression conservateurs poussent le gouvernement américain à aller au bout de sa logique, mais plusieurs experts doutent qu’il le fera. Washington pourrait garder cette carte dans sa manche pour convaincre les Européens de le suivre dans l’adoption de nouvelles sanctions, liées cette fois au programme balistique iranien ou aux activités « déstabilisatrices » de la République islamique au Moyen-Orient.

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