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Philippe Louis, « PDG » discret et déterminé de la CFTC

Ex-cheminot et patron d'entreprise, le discret et déterminé Philippe Louis, président de la CFTC depuis 2011, a maintenu son organisation…

Ex-cheminot et patron d’entreprise, le discret et déterminé Philippe Louis, président de la CFTC depuis 2011, a maintenu son organisation dans le camp « réformiste », seul moyen « courageux » pour un syndicat de se faire entendre selon lui.

A bientôt 64 ans, cet Alsacien d’adoption quittera la tête du 5e syndicat français vendredi, au dernier jour de son congrès à Marseille.

« C’est quelqu’un de sympathique, réservé, discret, mais pas influençable et plus ferme que la première impression ne le laisse penser », témoigne Pascal Pavageau, l’ex-secrétaire général de FO.

Eric Beynel, de Solidaires, le qualifie de « franc, honnête et sans fioriture », mais critique « sa vision verticale du syndicalisme, sans débat avec le salarié ». « Il ne cherche pas à plaire », observe-t-il.

Allure sobre, voix douce et posée, Philippe Louis n’a pas le discours remuant et offensif de François Hommeril, son confrère de la CFE-CGC.

Revendiquant l’appartenance de son syndicat au camp « réformiste », ne serait-ce que pour arracher des « choses à la marge », il « réfute qu’on puisse penser que la CFTC n’a fait que suivre la CFDT ».

« Chacun travaille de son côté. Quand des points de convergence se rejoignent, nous les portons ensemble », explique le dirigeant.

Lorsque Philippe Louis a intégré la CFTC en 1979, il était déjà « convaincu qu’on défendait mieux les intérêts des salariés par le dialogue » et que « l’affrontement n’était pas le meilleur moyen de régler les conflits au sein d’une entreprise », raconte-t-il dans son livre « Vive le Social 3.0! », publié en 2016.

Mais cette stratégie a ses limites.

Si au début du quinquennat d’Emmanuel Macron, Philippe Louis salue la méthode du gouvernement, qui « permet d’éviter les faux-semblants et de se concentrer sur l’utile », au fil des réformes la déception pointe, en particulier autour du sort des retraités. Hausse de la CSG, moindre revalorisation des pensions… « C’est presque de l’acharnement », s’agacera-t-il en 2018.

Récemment, il s’est « très fâché » contre la réforme de l’assurance chômage, « qui va taper sur les précaires ».

– « Un homme heureux » –

Classée cinquième et dernière parmi les organisations représentatives, sa confédération est rarement entendue, d’autant que la discrétion semble être la marque de ses dirigeants.

Né le 4 décembre 1955 à Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône), Philippe Louis a commencé à travailler dès l’âge de 17 ans.

Après avoir exercé des « petits boulots précaires », comme maçon, ouvrier dans l’industrie automobile ou manutentionnaire dans un grand magasin, il intègre à 20 ans les services administratifs de la SNCF à Strasbourg, en mai 1976.

Ambitieux, il se rend rapidement compte que « gravir les échelons » au sein du groupe ferroviaire prendra du temps et décide donc de quitter l’entreprise en 1989 pour ouvrir sa boutique de modélisme. Concurrence oblige, craignant de faire faillite, il se lance rapidement dans un nouveau projet, moniteur d’auto-école, après avoir vendu son affaire au milieu des années 1990.

Puis il envisage d’ouvrir sa propre auto-école, mais le président de l’union départementale de la CFTC du Bas-Rhin lui propose de rejoindre son équipe comme permanent syndical, ce qu’il accepte en devenant secrétaire général adjoint en 1995, puis numéro un en 1998.

En 2000, il préside l’union régionale d’Alsace, fief historique de la centrale d’inspiration chrétienne. De cette époque, comme il le souligne lui-même, il a appris à bien connaître l’entreprise et les aléas des négociations.

Responsable confédéral à partir de 2002, il est d’abord trésorier, puis secrétaire général (2008), enfin président (2011). A ce dernier poste, il se voit « en quelque sorte PDG de la CFTC, en charge des grandes orientations ».

Assurant que le syndicalisme lui a enseigné « l’altruisme et le service des autres », avec les valeurs sociales chrétiennes « comme boussole », il dit être « un homme heureux » à l’heure de passer la main à son successeur, Cyril Chabanier.

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