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Politique et économie se partagent les faveurs des journaux camerounais

La rentrée parlementaire de la veille, sur fond d'accusations gouvernementales de concussion des ONG et des médias avec les milices…

La rentrée parlementaire de la veille, sur fond d’accusations gouvernementales de concussion des ONG et des médias avec les milices séparatistes anglophones, mais aussi les difficultés de la compagnie aérienne nationale, se partagent les faveurs des journaux camerounais parus mercredi.Il y avait donc comme un air de neuf, mardi à l’Assemblée nationale qui faisait la rentrée de sa 10ème législature, mentionne le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune en grande manchette. Et de signaler que la nouvelle Chambre basse, au terme des élections du 9 février, a été renouvelée à 50% avec, comme fait significatif, un bureau d’âge entièrement féminin.

 Lors de cette séance inaugurale, rapporte News Watch, la doyenne de l’hémicycle et présidente par intérim, justement, Laurentine Koa Mengue, a appelé ses collègues à mettre de côté les tendances politiques et à protéger l’intérêt national.

 Au sortir de la séance, prolonge Mutations, des regards curieux étaient massés pour accueillir les «petits bleus». Tout sourire, c’est à cœur joie que chacun s’est livré aux journalistes pour donner ses impressions et faire des «selfies» avec des admirateurs dévoilés. Mais il y avait un grand absent, signale Émergence : le titulaire du perchoir (PAN) du bureau sortant, Cavaye Yeguie Djibril, en poste depuis 1993.

 II a en effet été l’objet d’une évacuation sanitaire d’urgence en France depuis le 13 février, confirme InfoMatin, qui évoque une intoxication médicamenteuse. Il est, depuis lors, interné à l’hôpital d’instruction des armées Percy, sis non loin de Paris. «Selon une rumeur persistante, relayée hier au Palais de verre, il y a peu de chances que le non moins chef traditionnel (lamido) de Mada, dans le département du Mayo-Sava (Extrême-Nord), 80 ans, soit revenu au pays pour se présenter à sa propre succession» à laquelle il tient pourtant.

 «S’il ne rempile pas, analyse Mutations, ce fauteuil ouvrira, à coup sûr, des convoitises non seulement politiques, mais aussi ethniques, lorsqu’on sait les considérations ethnocentristes qui ont souvent eu cours au Cameroun s’agissant de l’ordre de préséance entre les pouvoirs.» C’est le temps des grandes manœuvres, renchérit The Guardian Post, spéculant déjà sur la possibilité que le poste de PAN revienne aux anglophones, et celui de Premier ministre à une élite du septentrion.

 C’est le moment que choisissent, pour leur part, Le Soir, Repères et The Guardian Post pour braquer à nouveau les projecteurs sur le point de presse donné lundi par le ministre de l’Administration territoriale (Minat), Paul Atanga Nji, fustigeant ce qu’il considère comme le rôle trouble de certaines organisations non gouvernementales, qui avec des médias à capitaux privés conspirent pour la déstabilisation du Cameroun à travers la crise sécessionniste dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

 «Dans la foulée de cette sortie, l’on rappelle la récurrence des rapports des ONG sur la situation sécuritaire au Cameroun depuis octobre 2016, soupire Repères. Celles-ci n’ont jamais fait un rapport qui démontre la légitimité des forces de défense camerounaises à défendre le territoire camerounais. Au contraire, lesdites forces sont toujours présentées comme celles qui sèment la zizanie, quand bien même les séparatistes revendiquent une attaque avec, sur le carreau, des morts de civils et de forces régulières. Dans cette posture, certains média nationaux prêtent le flanc et présentent aussi les forces de sécurité ou dé défense du Cameroun comme des forces terroristes.»

 Mais le Minat semble avoir trouvé du répondant en face, écrit The Median, rapportant la réaction musclée de la chaîne de télévision Équinoxe, qui ne décolère pas face à ce qu’elle traite de tissu de mensonges.

 «Nous sommes un journal. Nous rapportons les faits, c’est-à-dire ce qui existe réellement, indépendamment de notre volonté. Un fait est donc aussi bien un accident, un marché, une guerre, une victoire des Lions, un rapport qu’un point de presse d’un ministre de l’Administration territoriale. De ce point de vue, occulter un fait parce qu’il est déplaisant ne change rien à sa ‘’nature » de fait (…). Nous ne publions pas plus aujourd’hui des ‘’rapports erronés » des ONG contre de l’argent, que nous ne l’avons fait hier», écrit de son côté l’éditorialiste de Le Jour, en guise de mise au point.

 «Résumons-nous : les accusations que porte M. Atanga Nji contre Le Jour sont grotesques. Nous aurions pu les traiter par le mépris. Mais, comme disait François Mitterrand, notre mépris se mérite.»

 Et la Cameroon Airlines Corporation (Camair-Co) dans tout ça ? semble s’interroger Expression Économique : alors qu’on est sans nouvelles des prescriptions faites depuis 2016 par le cabinet américain Boeing Consulting, le gouvernement vient de commettre le cabinet français Efac pour faire une nouvelle étude diagnostique de la compagnie aérienne nationale.

 «Le gouvernement a, par pure perte, dégagé de fortes sommes d’argent pour sauver la compagnie aérienne nationale. De l’argent qui s’est trompé de poche, à l’heure où on annonce le recrutement d’un nouvel auditeur et alors que le plan de restructuration, proposé voici 4 ans par Boeing Consulting, a été enterré», acquiesce La Nation.

 Pour cet hebdomadaire, il faudrait bien plus que des milliards de FCFA et des tonnes d’audits pour mettre la compagnie sur orbite : ce qui est en cause, c’est davantage le manque de volonté politique auquel il convient d’ajouter le jeu trouble des lobbies du régime, ne permettant pas l’instauration d’un management par objectifs mais promouvant davantage le clientélisme.

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