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Pour les Afghanes, donner la vie, plus dangereux que le conflit

Pour les Afghanes, donner la vie reste environ cinq fois plus mortel que le conflit dans leur pays, dix-sept ans…

Pour les Afghanes, donner la vie reste environ cinq fois plus mortel que le conflit dans leur pays, dix-sept ans après la fin du régime taliban et malgré l’afflux massif d’aide internationale en Afghanistan.

Les statistiques officielles communément citées par l’ONU et la Banque mondiale avancent un taux de mortalité maternelle de 396 décès pour 100.000 naissances en 2015. Un chiffre peu crédible selon les experts, qui traduirait une réduction spectaculaire par rapport au taux de 1.600/100.000 en 2002.

« L’Afghanistan aurait pratiquement atteint les Objectifs de développement du millénaire (fixés par l’ONU) avec cinq ans d’avance », ironise le Dr Stewart Britten dans une étude pour la revue médicale The Lancet parue en mai 2017.

Le médecin britannique, conseiller médical du programme « HealthProm » de réduction de la mortalité maternelle à Balkh (nord), préfère s’en tenir à 1.291/100.000 en 2015, un chiffre – toujours considérable – qui émane de l’Etude démographique et sanitaire du ministère afghan de la Santé et de l’USaid, la coopération américaine, parue en 2017. Elle renvoie l’Afghanistan en bas du classement mondial.

« En 2015, 3.545 civils avaient trouvé la mort en raison du conflit selon l’ONU, mais si les estimations de l’Etude démographique (1.291 décès/100.000) sont correctes, la mortalité maternelle, à elle seule, a tué environ cinq fois plus » de femmes, a calculé le Dr Britten.

De fortes disparités existent entre les villes et les campagnes, souligne par ailleurs l’Etude sur la santé reproductive (RAMOS II) financée par l’USaid en 2015. La proportion de décès liés à la maternité chez les femmes en âge de procréer atteignait 14% à Kaboul et 42% dans un district témoin du Badakhshan (nord-est).

La population afghane étant rurale à 73%, former des sages-femmes disponibles dans les villages est la priorité absolue pour détecter les complications avant qu’elles ne deviennent fatales, jugent les médecins. Surtout compte tenu du manque de moyens de transport (certaines femmes en détresse se déplacent à dos d’âne) et de l’état des routes.

« Des femmes arrivent ici en saignant parfois depuis deux jours… En l’absence de suivi prénatal, elles n’ont pas identifié le danger », indique le Dr Licienne Jarmola, une obstétricienne brésilienne du Khost Maternity Hospital, fondé par Médecins sans Frontières dans le sud-est du pays.

« La santé maternelle en Afghanistan a surtout pâti d’être restée tout en bas des priorités du secteur public », regrette la responsable médicale de la maternité, le Dr Rasha Khoury.

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