InternationalAFP




Pour sauver le climat, les acteurs non-étatiques prennent le relais

Des milliers de délégués non-gouvernementaux se retrouvent mercredi à San Francisco, pour montrer que villes et régions peuvent combler le…

Des milliers de délégués non-gouvernementaux se retrouvent mercredi à San Francisco, pour montrer que villes et régions peuvent combler le retard des Etats dans la lutte contre le changement climatique, notamment aux Etats-Unis où ces initiatives devraient compenser en partie le recul de Donald Trump.

Le Sommet mondial pour l’action climatique, le premier du genre, s’est ouvert avec la publication d’un rapport qui devrait en réjouir certains et en alarmer d’autres, sur la trajectoire des émissions de gaz à effet de serre aux Etats-Unis.

D’un côté, l’étude montre que le pays devrait tenir les deux tiers de l’objectif fixé par Barack Obama, et abandonné par Donald Trump après son arrivée au pouvoir début 2017, soit -17% d’émissions en 2025 par rapport à 2005, contre un objectif original d’au moins -26%. Le pays en est à -12% aujourd’hui.

L’autre façon de voir ce chiffre est que le pays manquera d’un tiers son objectif.

Mais le rapport souligne que de nombreux Etats américains, principalement démocrates, et des centaines de villes ont depuis 2017 redoublé leurs engagements pour « décarboniser » leurs juridictions depuis l’annonce de Donald Trump. Ce qui rattrape une partie de la défaillance fédérale.

Par comparaison, la Chine émet aujourd’hui un peu moins de deux fois plus de gaz à effet de serre (GES) que les Etats-Unis, et devrait continuer à en rejeter de plus en plus jusque dans les années 2020, le pays s’étant engagé à un tournant avant 2030.

L’Union européenne s’était donné un objectif de réduction des GES plus ambitieux que les Etats-Unis, et a déjà accompli plus. En prenant les mêmes années de référence que les Américains, les émissions européennes ont baissé de 21% à ce stade par rapport à 2005, et devraient atteindre -28% en 2025, selon le Climate Action Tracker. L’objectif européen original pour l’accord de Paris était de -40% de 1990 à 2030.

L’électricité « propre » connaît une croissance effrénée aux Etats-Unis, le charbon est en recul et les voitures électriques se développent –malgré l’hostilité du gouvernement Trump à la transition écologique.

Si tous les acteurs non-fédéraux, et pas seulement les villes et Etats « écolos », intensifiaient cette dynamique, « nous pourrions nous rapprocher de très près du but fixé par les Nations unies », dit la Californienne Mary Nichols, coprésidente d’America’s Pledge, la coalition à l’origine du rapport.

« Les entreprises, les Etats et les responsables locaux ont saisi le leadership », se félicite Lou Leonard, de l’ONG de protection de l’environnement WWF. Même si « in fine, il faudra que le niveau fédéral rattrape le retard ».

L’idée du sommet est de montrer concrètement que la même recette peut s’appliquer au reste du monde.

– Point d’étape en 2020 –

Paris, Bonn, Pékin, Le Cap, Mexico, Tokyo, des villes indiennes, de multiples régions de plusieurs continents seront représentés à San Francisco pendant trois jours à divers niveaux, aux côtés de patrons de multinationales également soucieux de jouer les fers de lance de la transition écologique.

Le rassemblement commence alors que l’ouragan Florence menace la côte est du pays et après un été caniculaire en Europe, des événements météorologiques rares mais dont la fréquence devrait augmenter, selon les climatologues, en raison du dérèglement du climat.

Le monde continue à rejeter dans l’atmosphère beaucoup trop de gaz à effet de serre pour limiter à 2°C l’augmentation moyenne de la température du globe par rapport à la période préindustrielle, ce qui est l’objectif de l’accord de Paris.

La Terre est déjà plus chaude de 1°C environ et, à ce rythme, la hausse atteindra +3,2°C en 2100.

Les pays membres de l’accord de Paris sont censés revoir à la hausse leurs engagements en 2020. Mais les négociations semblent dans l’impasse.

« Si nous ne changeons pas d’orientation d’ici 2020, nous risquons (…) des conséquences désastreuses », a lancé lundi dans un discours alarmiste le patron de l’ONU, Antonio Guterres.

Le sommet est accueilli par le gouverneur de Californie Jerry Brown et coprésidé par plusieurs personnalités dont Michael Bloomberg, le négociateur chinois pour le climat Xie Zhenhua ou encore Patricia Espinosa, secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne