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Poussins broyés, porcs castrés, des pratiques qui répondent aux contraintes industrielles

Des millions de poussins mâles tués chaque année, asphyxiés ou broyés, des porcs castrés à vif: ces pratiques controversées répondent…

Des millions de poussins mâles tués chaque année, asphyxiés ou broyés, des porcs castrés à vif: ces pratiques controversées répondent à des contraintes spécifiques de l’élevage industriel, notamment pour des raisons économiques et gustatives.

Des poussins mâles considérés comme non rentables

Dans le cadre de la production industrialisée d’œufs, les poussins éclosent dans des couvoirs qui vendent ensuite les futures poules pondeuses aux éleveurs. Après éclosion, les poussins mâles sont immédiatement tués, la filière jugeant qu’ils n’est pas rentable de les nourrir, au contraire des femelles appelées à devenir des poules pondeuses.

Pour les industriels, les poussins mâles nés dans la filière « ponte » ne peuvent pas servir pour la production de poulets de chair, car issus de souches jugées « peu performantes en termes de croissance et de conformation de carcasses », indique l’institut technique d’aviculture (Itavi) français.

A l’éclosion, les poussins femelles sont séparés des mâles, qui sont alors tués le plus souvent par asphyxie au dioxyde de carbone ou par broyage.

La technique du broyage est autorisée par un règlement européen de 2009, sur « la protection des animaux au moment de leur mise à mort ». La réglementation précise que le broyage doit permettre une mort « immédiate » des poussins « jusqu’à 72 heures » après la naissance.

Des alternatives au broyage pas tout à fait au point

Les deux principales alternatives à l’élimination systématique sont l’élevage des poussins mâles, ou le sexage dans l’œuf, qui permet d’écarter les mâles avant l’éclosion.

L’élevage pose la question de la génétique utilisée et celle de la rentabilité pour les éleveurs.

Pour l’association de protection animale Welfarm, la filière avicole manque de « volonté » pour s’engager dans cette voie, car créer une race mixte – propre à la fois à la ponte et à la consommation de viande – se fera peut-être « au détriment de la productivité des poules ».

« Des solutions de sexage dans l’œuf sont en cours de développement dans plusieurs pays. Leur mise en place à échelle industrielle dépendra de la fiabilité du processus de détection et de la non dégradation du taux d’éclosion », indique l’Itavi.

Des porcs castrés pour des raisons gustatives

Concernant les porcs, la technique de castration à vif, qui date de l’après-guerre, permet d’obtenir des porcs plus gras, tout en évitant l’odeur nauséabonde de verrat que peut dégager à la cuisson le gras de certains mâles « entiers ».

La coopérative Cooperl, qui regroupe un quart des éleveurs français, a invité dès septembre 2012 ses 2.500 éleveurs à lâcher le scalpel, pour lancer la commercialisation de ses premiers porcs non castrés en mars 2013.

En 2015, 80% des éleveurs de la coopérative avaient mis fin à la castration chirurgicale à vif du porcelet.

L’enjeu majeur est la détection des carcasses odorantes. Faute de système automatisé, la Cooperl, qui menait des essais sur l’arrêt de la castration depuis 2008, s’est armée du seul système existant: des nez humains, capables de détecter les carcasses odorantes. Elle en employait en 2015 une trentaine, répartis sur ses trois abattoirs.

Les labels à part

L’un des principaux obstacles à un arrêt généralisé de la castration en France est l’existence de labels comme le jambon de Bayonne. Pour ces élevages, la castration reste la seule solution. Des recherches sont d’ailleurs en cours sur des solutions alternatives qui seraient compatibles avec le bien-être animal, comme la castration sous anesthésie.

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