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Première réunion du nouveau gouvernement dans un Liban en pleine crise

Le nouveau gouvernement libanais tient mercredi son premier conseil des ministres, au lendemain de sa désignation et d'une soirée émaillée…

Le nouveau gouvernement libanais tient mercredi son premier conseil des ministres, au lendemain de sa désignation et d’une soirée émaillée de violences dans un pays secoué par une contestation inédite et au bord de l’effondrement économique.

Le Premier ministre Hassan Diab, un universitaire de 61 ans qui avait promis de répondre aux revendications de la rue en nommant un gouvernement de « technocrates indépendants », va présider ce premier conseil des ministres à partir de 11H00 (09H00 GMT).

« Gouvernement de la dernière chance », titre mercredi le quotidien Al-Akhbar, réputé proche du Hezbollah alors que la nouvelle équipe de 20 ministres porte la marque du mouvement chiite et de ses alliés.

Le calme est revenu mercredi à Beyrouth et dans d’autres grandes villes. Mais des contestataires continuent tout de même de bloquer des routes à Tripoli, grande métropole du nord, où des écoles sont restées fermées après une nuit de tensions, a rapporté une correspondante de l’AFP.

Dès la formation du gouvernement mardi soir, des contestataires à travers le pays ont incendié des pneus et bloqué des autoroutes pour exprimer leur mécontentement.

Pour les manifestants mais aussi des experts, les ministres, bien qu’estampillés « technocrates », restent des personnalités affiliées à la classe politique tant conspuée.

– « Gestion du chaos? » –

A Tripoli, où la mobilisation a été particulièrement active depuis le début du mouvement le 17 octobre, des manifestants ont cassé les vitrines de deux banques.

A Beyrouth, quelques centaines de personnes se sont à nouveau rassemblées mardi soir à l’entrée d’une avenue menant au Parlement, bloquée par un barrage de police. Ils ont tenté d’arracher les barbelés, ont lancé pétards et pierres sur les forces de l’ordre, qui ont répliqué avec des gaz lacrymogènes et au canon à eau, selon un vidéaste de l’AFP.

« Un gouvernement de gestion du chaos? » s’est à ce titre interrogé en une mercredi le quotidien Annahar.

En trois mois de contestation, la colère n’a fait que grandir chez les manifestants. Ceux-ci réclament le renouvellement complet d’une classe politique quasi inchangée depuis des décennies, qu’ils accusent de corruption et d’incompétence et qui est dominée par les mêmes grandes familles.

Ces derniers mois la crise économique s’est aggravée avec des licenciements en masse, des restrictions bancaires drastiques et une forte dépréciation de la livre libanaise face au dollar dans les bureaux de change.

La nouvelle équipe se retrouve ainsi confrontée à une tâche titanesque, dans un pays qui croule sous une dette avoisinant les 90 milliards de dollars (81 milliards d’euros), soit plus de 150% de son Produit intérieur brut (PIB).

– « Un peu de temps » –

« Concernant la situation économique, je le répète, cela fait partie de nos priorités », a confirmé mardi soir le Premier ministre, s’engageant à apporter « le plus rapidement possible » une solution aux problématiques « du secteur bancaire ou du taux de change ».

« Il faut nous accorder un peu de temps », a-t-il plaidé. « Nous allons certainement faire preuve de rapidité, mais pas de précipitation », a-t-il souligné.

Dans une économie où le système bancaire occupe un rôle prépondérant, les autorités vont devoir gérer le manque de confiance criant du grand public vis-à-vis des banques, qui ont adopté des restrictions draconiennes sur les retraits ou les transferts vers l’étranger en dollars.

Le gouvernement a été formé par un seul camp politique, celui du puissant Hezbollah pro-iranien et ses alliés, majoritaires au Parlement.

Au côté du Hezbollah, on compte notamment la formation chiite Amal, ainsi que le Courant patriotique libre (CPL), fondé par le président Michel Aoun.

Parmi les ministres figurent des noms inconnus du grand public, notamment des académiciens. Le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil, honni des manifestants, a été remplacé.

« Nous refusons totalement le gouvernement Hassan Diab, ce n’est pas une équipe de technocrates indépendants et elle ne répond pas aux exigences populaires de la révolution », a dit mardi soir à l’AFP un manifestant de Tripoli, Alaa Khodor.

« Nous allons poursuivre l’escalade dans la rue jusqu’à la chute du gouvernement Diab. Nous n’allons pas permettre au pouvoir de continuer à ignorer nos revendications ».

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