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Présidentielle 2020: loin de l’Iowa, Michael Bloomberg avance ses pions

Quand Michael Bloomberg s'est lancé, fin novembre, dans la course à l'investiture démocrate pour la présidentielle américaine, la quasi-totalité des…

Quand Michael Bloomberg s’est lancé, fin novembre, dans la course à l’investiture démocrate pour la présidentielle américaine, la quasi-totalité des analystes lui donnaient zéro chance.

Deux mois et demi plus tard, le milliardaire et ex-maire de New York grimpe dans les sondages et sa stratégie inédite, soutenue par un budget illimité, commence à inquiéter ses rivaux, à commencer par l’ex-vice-président Joe Biden, démocrate modéré comme lui.

Le chaos de la primaire de l’Iowa, aux résultats retardés par un fiasco informatique, semble valider les calculs qui ont poussé ce patron de 77 ans à éviter les quatre premières primaires du calendrier électoral américain, où les autres candidats concentrent leur énergie depuis des mois.

Selon des résultats non confirmés, Joe Biden, le plus proche de Bloomberg politiquement, serait en difficulté, devancé par le « socialiste » Bernie Sanders et par l’ex-maire de l’Indiana Pete Buttigieg, 38 ans, l’un des candidats les plus inexpérimentés.

Un schéma qui laisse toutes ses chances à Michael Bloomberg d’incarner l’aile modérée du parti.

D’autant que, même si aucun enthousiasme populaire n’entoure pour l’instant sa candidature, l’organisation méthodique de cet homme parmi les plus riches du monde et son matraquage publicitaire – quelque 260 millions de dollars déjà dépensés, un record – commencent à payer.

– « Une réelle possibilité »

Juste avant l’Iowa, les sondages nationaux plaçaient le patron de l’agence d’informations financières qui porte son nom en quatrième position, derrière Joe Biden, Bernie Sanders et Elizabeth Warren, mais devant Pete Buttigieg.

Un sondage de l’institut Morning Consult le montrait même rattrapant Elizabeth Warren.

Faisant dire à l’éditorialiste John Healey, du Los Angeles Times, qu’une victoire de M. Bloomberg à la primaire démocrate, auparavant « inconcevable », est devenue « une réelle possibilité ». Et qu’il pourrait être le candidat des modérés face à l’aile gauche menée par Bernie Sanders.

Ce changement de ton réjouit l’équipe de campagne du milliardaire, qui bâtit une machine électorale qui se veut la mieux organisée de l’histoire américaine.

Son premier objectif: les 14 Etats qui voteront le 3 mars lors du « Super Mardi », dont la Californie et le Texas, les deux Etats qui envoient le plus de délégués à la convention qui arrêtera en juillet le nom de l’adversaire de Donald Trump.

Cette équipe est en expansion constante: près de 1.000 employés désormais, dont plus de 350 au QG new-yorkais du milliardaire, installé au coeur de Times Square, selon un porte-parole.

Fidèle au style « Bloomberg », tout le monde travaille en open space, sous des panneaux lumineux affichant les jours restants jusqu’au « Super Mardi » et la présidentielle du 3 novembre.

M. Bloomberg, lui, sillonne les Etats-Unis. Lundi, pendant que l’ébullition dans l’Iowa était à son comble, il était en Californie, puis ce mardi en Pennsylvanie, un des Etats-clé qui pourrait voter démocrate ou républicain en novembre.

Il engrange les soutiens, souvent de maires ayant travaillé avec lui sur les mesures de limitation des armes à feu et le changement climatique, deux causes qu’il défend depuis des années. Et il déroule méthodiquement ses propositions, souvent dans l’indifférence des médias américains, focalisés sur les premières primaires.

– Premier débat en février

Parmi ses récentes annonces: un plan pour aider les Noirs à accéder à la propriété et réduire ainsi un facteur-clé d’inégalités; un plaidoyer pour la défense d’Israël et contre l’antisémitisme, qui lui a permis de parler comme rarement de ses origines juives. Un système d’assurance santé amélioré, mais pas étatique.

Mais ses sorties sont loin de la ferveur suscitée par Bernie Sanders ou Elizabeth Warren, qui haranguent leurs supporters parfois des heures en dénonçant un système « corrompu » au profit de milliardaires comme lui.

Lors d’un récent meeting à New York, qui réunissait quelque 1.000 personnes, essentiellement des femmes qui lançaient le mouvement « Women for Mike », M. Bloomberg est resté 15 minutes à peine.

Il a vanté son bilan de maire, et lancé quelques piques sur « l’incompétence » de Donald Trump, cet autre milliardaire new-yorkais sur lequel M. Bloomberg concentre ses attaques, pour apparaître au-dessus de la mêlée démocrate.

M. Bloomberg, que le président américain surnomme méchamment « Mini Mike » en raison de sa petite taille, espère se frotter pour la première fois à ses rivaux le 19 février, lors d’un débat télévisé à Las Vegas.

Le comité national démocrate a modifié les critères pour participer à ce débat, supprimant les exigences de dons individuels qui excluaient jusqu’ici M. Bloomberg, seul à financer sa campagne.

Plusieurs candidats démocrates ont dénoncé ce changement, et relancé leurs critiques selon lesquelles M. Bloomberg essaie d' »acheter » l’élection.

« Les milliardaires ne devraient pas être autorisés à jouer selon des règles différentes – ni pour les débats, ni dans la démocratie, ni au gouvernement », a notamment dénoncé Elizabeth Warren.

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