InternationalAFP




Présidentielle au Brésil : la candidature de Lula entre les mains des juges

Le Tribunal supérieur électoral (TSE) du Brésil doit prendre vendredi une décision très attendue, en rejetant ou en validant la…

Le Tribunal supérieur électoral (TSE) du Brésil doit prendre vendredi une décision très attendue, en rejetant ou en validant la candidature à la présidentielle d’octobre de Lula, ex-chef de l’Etat incarcéré pour corruption et grand favori du scrutin.

Après des mois de conjectures et d’incertitudes, le plus grand pays d’Amérique Latine devrait enfin y voir plus clair dans l’élection la plus imprévisible de son histoire récente, même si des recours sont encore possibles.

L’incertitude sur le sort de l’icône de la gauche emprisonnée depuis avril suscite de nombreuses interrogations au Brésil, même si la plupart des analystes considèrent que sa candidature sera invalidée.

Cette incertitude a notamment agité les marchés et accéléré la dépréciation du real, la monnaie brésilienne, qui a chuté depuis janvier de quelque 20% face au dollar.

« L’enregistrement (de la candidature de Lula) et toutes les réclamations (contre cette candidature, ndlr) seront jugés aujourd’hui », a annoncé le service de presse du TSE à l’AFP.

– Spots de campagne –

La question de la validité de la candidature de l’ex-président (2003-2010) ne figurait pas initialement à l’ordre du jour de la session extraordinaire qui a commencé en début d’après-midi : elle a été ajoutée au dernier moment.

L’ex-juge du TSE Henrique Neves da Silva a expliqué que « quel que soit le résultat du jugement » de vendredi, « des recours sont encore possibles », notamment auprès de la Cour suprême.

Le Tribunal électoral doit également décider si Lula a le droit d’apparaître dans les spots de campagne qui ont commencé à être diffusés à la télévision vendredi.

En attendant cette décision, le Parti des Travailleurs (PT) n’a pas manqué d’inclure des nombreuses images de l’ex-président sur les spots des candidats locaux pour les postes de sénateur et de gouverneur, désignés également le 7 octobre.

Marcia Tiburi, qui brigue le poste de gouverneure de Rio de Janeiro, a par exemple promis de « gouverner Rio comme Lula a gouverné le Brésil ».

Des images de son spot de campagne montraient notamment des extraits du dernier discours de Lula avant qu’il ne se rende aux autorités pour purger sa peine de 12 ans et un mois de prison à Curitiba (sud).

L’ancien ouvrier métallurgiste est accusé d’avoir reçu un appartement en bord de mer de la part d’une entreprise du bâtiment en échange de faveurs dans l’attribution de marchés publics.

Il rejette farouchement ces accusations et se dit victime d’un complot politique visant à l’empêcher de briguer un troisième mandat.

– Grand favori des sondages –

Sa défense considère que Lula ne peut être empêché de se présenter dans la mesure où des recours contre sa condamnation n’ont toujours pas été examinés par des instances judiciaires supérieures.

Le 18 août, le Comité des droits de l’homme de l’ONU a demandé au Brésil de prendre toutes les mesures nécessaires pour permettre à Lula (…) d’exercer ses droits politiques de sa prison, en tant que candidat à l’élection présidentielle » d’octobre 2018.

Ce comité d’experts rend des avis mais n’a pas de pouvoir de contrainte.

Le dernier sondage de l’institut Datafolha crédite Lula de 39% des intentions de vote au premier tour, 20 points de plus que le deuxième, le député d’extrême droite Jair Bolsonaro.

Au second tour, il l’emporterait largement contre tous les autres candidats.

Dans le cas probable où Lula serait déclaré inéligible, le Parti des Travailleurs (PT) devrait se choisir pour candidat l’ex-maire de Sao Paulo Fernando Haddad, qui brigue actuellement la vice-présidence.

Le PT a lancé sur Tweeter un appel à tous les partisans de Lula à soutenir sur ce réseau social sa candidature avec le hashtag #LulaNasUrnasTSE (Lula dans les urnes/TSE) rapidement devenu viral.

Premier chef d’Etat issu de la classe ouvrière, Lula avait quitté le pouvoir en 2010 avec une cote de popularité record.

Sous ses deux mandats, près de 30 millions de Brésiliens sont sortis de la misère, à la faveur d’ambitieux programmes sociaux et d’une forte croissance portée par le boom des matières premières.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne