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Présidentielle au Panama: un favori et deux challengers

Les 2,7 millions d'électeurs inscrits du Panama doivent choisir dimanche leur président pour les cinq prochaines années: parmi les sept…

Les 2,7 millions d’électeurs inscrits du Panama doivent choisir dimanche leur président pour les cinq prochaines années: parmi les sept candidats se détache un favori, le social-démocrate Laurentino « Nito » Cortizo, devant Romulo Roux (droite) et Ricardo Lombana (indépendant).

« Nito » Cortizo, un chef d’entreprise et éleveur âgé de 66 ans (Parti révolutionnaire démocratique, PRD), est crédité de 36,1% des intentions de vote, selon un sondage publié jeudi par l’institut GAD3, et réalisé auprès de 1.200 personnes les 29 et 30 avril avec une marge d’erreur de 2,9%.

Derrière, à une petite dizaine de points, se trouve l’ancien ministre des Affaires étrangères Romulo Roux, du parti Changement démocratique (CR), crédité de 26,2% d’intentions de vote. Il est suivi par l’indépendant Ricardo Lombana (19,6%), qui a fait de la lutte sans merci contre la corruption son cheval de bataille.

Le vainqueur succèdera au président Juan Carlos Varela, dont la popularité en fin de mandat est affectée par la baisse de l’activité économique, l’augmentation du coût de la vie, des scandales de corruption et la crise des secteurs de la santé et de la justice.

Laurentino Cortizo était ministre de l’ancien président Martin Torrijos (2004-2009), mais il avait démissionné pour cause de désaccord sur le Traité de libre commerce avec les Etats-Unis.

Il promet de porter ses efforts sur l’amélioration de l’éducation, la réforme de l’Etat, la dynamisation de l’économie et la lutte contre la pauvreté et les inégalités.

Romulo Roux, 54 ans, ancien chef de la diplomatie et ex-ministre du Canal dans le gouvernement du président Ricardo Martinelli (2009-2014), dont il vante la gestion, a centré sa campagne sur la relance de l’économie, les créations d’emploi et la baisse des impôts.

Si pour Rita Vazquez, la directrice du quotidien La Prensa, les indécis peuvent encore changer la donne, pour James Aparicio (directeur de Metro Libre), les électeurs devraient confirmer la tendance des sondages. « Durant ces deux mois de campagne, je n’ai rien vu qui indique le contraire », a-t-il dit à l’AFP.

– Image sulfureuse –

Outre le président, les Panaméenss éliront 71 députés, 81 maires et 700 autres élus locaux dans une ambiance empoisonnée par des scandales de corruption présumée impliquant des députés, dont des partisans des candidats Laurentino Cortizo et Romulo Roux.

En outre, trois ans après les Panama Papers, le pays n’a toujours pas réussi à se défaire de son image sulfureuse de paradis fiscal, et n’a pas été épargné par le scandale des pots-de-vin distribués par le groupe brésilien de travaux publics Odebrecht.

C’est sur ce terrain que mise le candidat anti-corruption Ricardo Lombana. Cet avocat et journaliste âgé de 45 ans propose un référendum pour limiter les pouvoirs du président, encadrer l’utilisation des fonds publics et réformer la justice. Il veut également durcir les peines encourues pour corruption et éviter la prescription de ces délits.

Pour le politologue Harry Brown, Ricardo Lombana pourrait créer la surprise: « Le contexte de scandales de corruption est favorable pour les candidats indépendants », a-t-il dit à l’AFP.

« Ricardo Lombana a enregistré une hausse (de sa popularité) inédite pour un candidat indépendant, au point qu’il est devenu une alternative viable pour un grand nombre d’électeurs. Il a réussi à attirer le vote de protestation », observe la directrice de La Prensa.

L’autre inconnue du scrutin est l’influence que peut avoir l’ancien président Ricardo Martinelli, depuis sa prison. Poursuivi pour des accusations d’espionnage d’opposants durant son mandat et soumis à des enquêtes pour corruption, l’ancien chef de l’Etat n’a pas pu concourir comme il le voulait pour la mairie de Panama ni pour un siège de député, mais a apporté son soutien à Romulo Roux.

Selon certains analystes, comme l’avocat Ernesto Cedeno, l’arrêt de la Cour suprême lui interdisant d’être candidat, alors qu’il était donné favori pour remporter la ville de Panama, lui donne un statut de « victime » aux yeux de nombre d’électeurs et pourrait bénéficier à son « dauphin » et ancien ministre.

Pour le directeur de Metro Libre, James Aparicio, en revanche il est peu probable que le soutien de Ricardo Martinelli attire des voix en faveur de Romulo Roux au-delà de son parti.

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