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Présidentielle d’octobre au Brésil: Ciro Gomes lance les hostilités

Le candidat de centre-gauche à la présidentielle brésilienne d'octobre Ciro Gomes a promis vendredi d'"éradiquer les privilèges" et la corruption…

Le candidat de centre-gauche à la présidentielle brésilienne d’octobre Ciro Gomes a promis vendredi d' »éradiquer les privilèges » et la corruption qui minent le Brésil lors de sa désignation officielle, qui donne le coup d’envoi de l’élection la plus incertaine de l’histoire du pays.

« Brésil, présent, Ciro président », ont crié près de 500 militants venus adouber leur champion lors de la convention du Parti Démocratique Travailliste, à Brasilia.

Célèbre pour ses dérapages verbaux et sa propension à graviter sur l’échiquier politique à coups de changement de parti, cet avocat de 60 ans affirmé vouloir mettre un terme à la « culture de la haine » qui mine un Brésil très polarisé.

Mais ce candidat impulsif, qui tente de remplir le vide d’une probable absence de Lula, a subi un revers de taille jeudi soir, avec l’annonce de l’alliance de plusieurs partis du centre avec l’un de ses principaux rivaux, l’ex-gouverneur de Sao Paulo Geraldo Alckmin, du PSDB (centre droit).

C’est pourquoi son discours de vendredi penchait clairement à gauche, promettant d' »éradiquer tous les privilèges » et mettant l’accent sur la création d’emplois « pour réduire les inégalités et en finir avec la pauvreté extrême ».

Il s’est également érigé en héraut de la lutte contre la corruption, dans un pays secoué par les scandales à répétition.

« La corruption détourne de façon honteuse l’argent du peuple et mine sa confiance en la politique et en la démocratie », a-t-il affirmé.

En tête des intentions de vote, l’ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) est en prison pour corruption depuis avril et dénonce un complot pour l’empêcher de briguer un troisième mandat.

Sa formation politique, le Parti des travailleurs (PT), a l’intention d’annoncer officiellement sa candidature le 4 août, même si elle a de grandes chances d’être invalidée par la justice électorale.

« Dans ce contexte, il est difficile de faire des prévisions. La crise relative au sein du PT peut profiter à Ciro Gomes », explique Ricardo Sennes, directeur du cabinet de consultants Prospectiva.

– Alliances à tout va –

Le rejet qu’inspire l’icône de la gauche chez une partie de l’électorat donne une autre résonance « au discours d’extrême droite de Jair Bolsonaro », ajoute le politologue.

Député célèbre pour ses déclarations misogynes, homophobes et sa nostalgie affichée de la dictature militaire (1964-1985), Jair Bolsonaro est en tête des intentions de vote au premier tour dans un scénario sans Lula.

Il est crédité de 17% par un sondage Ibope de fin juin, suivi de l’écologiste noire Marina Silva (13%), Ciro Gomes arrivant en troisième position, avec 8%, devant Geraldo Alckmin (6%).

Les conventions des partis brésiliens, qui débutent vendredi, vont se succéder jusqu’au 5 août. Le partis auront ensuite jusqu’au 15 août pour déposer officiellement les candidatures.

Le Brésil comptant un grand nombre de formations politiques (35), de nombreuses alliances sont nouées, parfois contre-nature, pour augmenter la force de frappe lors de la campagne.

Les fonds publics attribués pour la campagne et le temps d’antenne pour les spots officiels sur les principales chaînes de télévision dépendent en effet du poids de la coalition au Parlement.

Les négociations sont d’autant plus cruciales que le financement des campagnes par des entreprises est interdit lors de ce scrutin.

– S’allier au plus offrant –

La plupart des scandales de corruption révélés ces dernières années par l’enquête tentaculaire « Lavage-Express » concernent d’ailleurs des financements illégaux de campagnes à travers des versements de grandes entreprises aux caisses noires des partis.

Après la convention du PDT de Ciro Gomes, tous les projecteurs seront braqués dimanche sur Jair Bolsonaro, qui a rejoint récemment Parti Social Libéral (PSL)

Le député d’extrême droite peine à définir l’autre nom à inscrire sur son ticket, après avoir essuyé plusieurs refus de personnalités qu’il a invitées à être candidats à ses côtés à la vice-présidence.

Dernier en date: le général Augusto Heleno Ribeiro Pereira, ex-commandant en chef des forces de la mission de l’ONU en Haïti en 2004 et 2005, dont le parti a refusé de s’allier au PSL.

« Tout le monde va devoir faire de concessions et certains vont attendre jusqu’au dernier moment pour s’allier au plus offrant », assure Ricardo Sennes.

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