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Présidentielle en RDC: liesse et violences à l’annonce des résultats

Pleurs de joie et gaz lacrymogènes: des scènes de liesse ont accueilli jeudi la proclamation de la victoire de Félix…

Pleurs de joie et gaz lacrymogènes: des scènes de liesse ont accueilli jeudi la proclamation de la victoire de Félix Tshisekedi à la présidentielle en République démocratique du Congo mais aussi des violences qui ont éclaté dans le camp de l’autre candidat d’opposition donné battu Martin Fayulu.

Après plusieurs jours de retard et au terme d’une interminable attente dans la nuit, le président de la Commission nationale indépendante (Ceni), Corneille Nangaa, égraine lentement les chiffres. Et finit par proclamer la victoire du fils de l’opposant de toujours Etienne Tschisekedi au scrutin du 30 décembre, selon des résultats provisoires.

C’est encore l’aube mais dans la rue les partisans de « Fatshi », comme il est surnommé, laissent éclater leur bonheur. Heure après heure, par milliers, des jeunes, certains portant des t-shirts à l’effigie de leur champion, agitent des branches d’arbre en courant dans les rues de Kinshasa. Un homme verse des larmes de joie devant le portrait de Tshisekedi père.

La proclamation du vainqueur a eu lieu dans une ambiance tendue par l’enjeu: la première alternance démocratique à la tête de la RDC après 18 ans de règne du président Joseph Kabila et dans l’histoire du Congo moderne, indépendant depuis 1960.

« On remercie le bon Dieu et on remercie le président Kabila pour sa bonne foi. Quand même! Il a libéré le Congo, voilà aujourd’hui nous sommes libres », clame un jeune homme au milieu d’une foule défilant boulevard Lumumba, dans le centre de la capitale animé par des colonnes de taxi-motos qui avancent phares allumés dans un concert de klaxons.

Chants et danses encore au siège de l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social), le parti historique d’opposition et arme de guerre du candidat, envahi par des milliers de militants – « On n’avait plus envie de Kabila au Congo ».

Le chef de l’Etat sortant avait repoussé de plus de deux ans la présidentielle, semblant vouloir s’accrocher au pouvoir quand la Constitution lui interdisait un troisième mandat d’affilée.

Ambiance de rues en liesse également à Lubumbashi, deuxième ville de la RDC (sud-est) ou à Goma (est) à l’annonce de la victoire de M. Tshisekedi devant Martin Fayulu et le candidat du pouvoir, l’ex-ministre de l’Intérieur Emmanuel Ramazani Shadary.

« Je serai le président des Congolais qui m’ont élu et de ceux qui ne m’ont pas élu », a déjà déclaré M. Tshisekedi. Mais son rival Fayulu, lui, a déjà dénoncé un « putsch électoral ».

– « Victoire volée » –

Et c’est la peine et la colère qui dominent dans ses fiefs.

A Kisangani, ville du nord-est du pays où il a drainé le plus de monde pendant sa campagne électorale, pneus et étals brûlent dans les rues. Des pierres ont été amassées pour servir de munitions contre la police et former des barricades, selon un correspondant de l’AFP. « On nous a volé la victoire », crie un homme d’une vingtaine d’années en montrant une effigie de M. Fayulu.

La police lance des gaz lacrymogènes et procède à des tirs de sommation pour disperser des attroupements dans trois des cinq communes de la ville, selon des témoins.

A Kikwit, ville de l’ouest de la RDC et autre place forte de M. Fayulu, les activités sont paralysées ce jeudi: boutiques, marchés et écoles sont restés fermés par crainte de possibles manifestations, selon un correspondant de l’AFP.

Le monument d’Antoine Gizenga, un compagnon de l’ex Premier ministre Patrice Lumumba assassiné en 1961 a été brûlé par des manifestants dispersés à coups de tirs de sommation par des policiers et des militaires.

Des incidents violents ont lieu dans tous les camps.

A Kananga, fief du président proclamé dans le centre du pays, la police a ouvert le feu, blessant trois manifestants alors que plusieurs milliers de personnes ont envahi les rues de la ville scandant : « Tshisekedi président, on a gagné! ».

Et la Radio « Full contact » SSS qui a servi à la campagne du candidat du pouvoir, Ramazani Shadary, a été vandalisée par inconnus selon ce média.

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