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Procès du Hirak: contestation et condamnations au Maroc

Voici un récit chronologique du mouvement de contestation du Hirak, né fin 2016 dans la région du Rif (nord du…

Voici un récit chronologique du mouvement de contestation du Hirak, né fin 2016 dans la région du Rif (nord du Maroc) qui a conduit à la condamnation en appel de 42 militants à des peines allant jusqu’à 20 ans de prison.

– 28 octobre 2016: Mouhcine Fikri, un vendeur de poisson de 31 ans, meurt écrasé dans une benne à ordures à Al-Hoceïma, dans la région du Rif en tentant de récupérer sa marchandise confisquée par la police.

Sa mort choque la population, le roi Mohammed VI ordonne une enquête « minutieuse », des manifestants demandent justice dans plusieurs villes en novembre et décembre.

– « Séisme social » et arrestations –

– Janvier 2017: les manifestations tournent au mouvement de protestation sociale à Al-Hoceïma, contre la « marginalisation » du Rif et l’incurie des services publics.

– 26 mars 2017: des manifestants attaquent à coups de pierres une résidence de la police à Imzouren, près d’Al-Hoceïma et déclenchent un incendie, alors qu’il y avait jusque là eu peu d’incidents.

Début mai, l’indignation populaire tourne au « séisme social », selon les termes de la presse locale, malgré la visite de plusieurs ministres venus lancer ou relancer les projets de développement.

– 26 mai: Nasser Zefzafi, qui s’est imposé comme le meneur du mouvement de contestation baptisé Hirak (la mouvance), interrompt le prêche d’un imam à Al-Hoceïma, puis échappe à la police.

– 29 mai: Zefzafi est interpellé dans le cadre d’une enquête pour « atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat ». Une cinquantaine de militants considérés comme le noyau dur du Hirak sont arrêtés, puis transférés à Casablanca. Des centaines d’autres sont arrêtés et jugés par différents tribunaux dans le nord.

– 20 juillet: un grand rassemblement interdit par les autorités se tient à Al-Hoceïma. Le journaliste Hamid el-Mahdaoui est interpellé.

– 29 juillet: Le roi gracie 40 militants du Hirak et pointe dans un discours les « dysfonctionnements » dans la gouvernance des projets.

– « Procès politique » et limogeages –

– 12 septembre: ouverture du procès en première instance devant la chambre d’accusation de la Cour d’appel de Casablanca: 53 militants et meneurs sont jugés, certains en grève de la faim contre leurs conditions de détention.

– 13 octobre: le roi appelle à « un nouveau mode de développement » et à la « reddition des comptes » dans ce que la presse locale baptise « le discours du séisme politique ».

– 24 octobre: Mohammed VI limoge des ministres et responsables en lien avec les « dysfonctionnements » et « retards » du programme de développement d’Al-Hoceïma, lancé en 2015.

– 30 novembre: El Mortada Iamrachen, un activiste salafiste repenti qui milite avec le Hirak, est condamné à cinq ans de prison ferme pour « apologie du terrorisme » pour des posts sur Facebook.

– janvier 2018: l’Etat présente un bilan de 902 blessés dans les forces de l’ordre et plus de deux millions d’euros de dégâts, les militants du Hirak rejettent toute intention séparatiste.

– Le 9 avril: Nasser Zefzafi fustige un « procès politique » lors de sa première audience publique.

– Début juin: la plupart des accusés de Casablanca boycottent les audiences, leurs avocats renoncent à plaider.

– Verdict et procès en appel –

– 26 juin: Les juges condamnent Zefzafi et trois de ses compagnons à 20 ans de prison pour « atteinte à la sécurité de l’Etat ». Leurs co-accusés prennent un à quinze ans de prison pour « tentatives de sabotage, de meurtre et de pillage », « réception de fonds destinés à une activité de propagande » ou « participation à l’organisation de manifestations interdites ». Le journaliste Hamid el-Mahdaoui écope de trois ans de prison.

– 8 juillet 2018: plusieurs milliers de personnes manifestent à Casablanca pour dénoncer la « sévérité » des peines, avec des vagues de réactions indignées dans le royaume. Les autorités marocaines assurent que la justice est indépendante.

– 21 août: le roi gracie 188 personnes liées au Hirak, dont 11 des accusés de Casablanca.

– 14 novembre 2018: ouverture du procès en appel.

– 18 janvier 2019: les accusés boycottent leur procès en appel.

– 5 avril: jugement de la cour d’appel.

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