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Procès Fillon: ce que la justice reproche aux protagonistes de l’affaire

Le procès de l'ex-Premier ministre François Fillon, son épouse Penelope et son ancien suppléant à l'Assemblée a été fixé jeudi…

Le procès de l’ex-Premier ministre François Fillon, son épouse Penelope et son ancien suppléant à l’Assemblée a été fixé jeudi par le tribunal correctionnel de Paris du 24 février au 11 mars 2020. Voici ce que leur reproche la justice:

– Les soupçons d’emplois fictifs de Penelope Fillon –

Penelope Fillon a été employée comme collaboratrice permanente de François Fillon entre 1998 et 2013, quand il était député, ainsi que du suppléant de ce dernier, Marc Joulaud entre 2002 et 2007. Selon les calculs des enquêteurs, elle aurait ainsi perçu plus d’un million d’euros au total sur cette période.

Toutefois, au cours des investigations, les deux hommes « n’ont pu que reconnaître que Penelope Fillon ne s’était jamais rendue à l’Assemblée nationale et ne les avait jamais assistés dans leur travail parlementaire proprement dit », écrivent les juges dans leur ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel dont a eu connaissance l’AFP.

Selon les juges, François Fillon a fait valoir que son épouse « l’aidait au quotidien dans l’exercice de ses mandats locaux », « lui apportait conseils et soutien » et « lui faisait remonter des informations du terrain grâce à ses contacts avec la population ».

Avec Marc Joulaud, « sa mission était d’aider ce député novice à s’implanter localement ».

Mais selon les magistrats, le couple a « très largement amplifié la réalité, de manière à justifier les rémunérations versées, au point de présenter tous (les) faits et gestes, même les plus banals et relevant de l’activité quotidienne d’une famille, comme participant de son emploi de collaborateur parlementaire ».

Concernant Marc Joulaud, « il apparaît clairement que l’emploi de Penelope Fillon n’était rien d’autre que la contrepartie à la place de suppléant offerte par François Fillon à son ancien collaborateur et un biais pour François et Penelope Fillon d’augmenter leurs revenus par la perception d’un salaire sans prestation de travail correspondante », assènent les magistrats.

– La Revue des Deux Mondes –

Le couple devra aussi répondre devant le tribunal de complicité et recel d’abus de biens sociaux pour un emploi en partie fictif à la Revue des Deux Mondes.

Penelope Fillon a en effet été rémunérée à hauteur de 135.000 euros pour un contrat de conseiller littéraire dans cette revue, propriété du milliardaire Marc Ladreit de Lacharrière, proche de François Fillon. Mais elle n’aurait publié que deux notes de lecture au total.

Les juges en ont conclu que cet emploi était « de pure complaisance »: « il s’agissait manifestement pour Marc de Lacharrière de satisfaire une demande de François Fillon, son ami et surtout un homme politique influent », écrivent-ils.

L’homme d’affaires a été condamné en décembre 2018 à huit mois d’emprisonnement avec sursis et une amende de 375.000 euros au terme d’une procédure de « comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité » (CRPC), dite de « plaider-coupable ».

– Les soupçons d’emplois fictifs des enfants Fillon –

L’ex-Premier ministre est également renvoyé devant le tribunal correctionnel pour avoir rémunéré à hauteur de plus de 117.400 euros ses enfants Marie et Charles comme collaborateurs entre 2005 et 2007 lorsqu’il était sénateur, pour des emplois partiellement fictifs.

« On peut sérieusement douter que ces emplois aient réellement occupé les deux enfants de François Fillon 35 heures par semaine durant toutes ces périodes », s’interrogent les magistrats. Marie Fillon a en effet rapidement débuté en parallèle de son contrat un stage à temps plein dans un cabinet d’avocat tandis que son frère était lui « absorbé par la rédaction d’un mémoire de DEA ».

Surtout, « les salaires ne faisaient que transiter par leur compte bancaire pour retourner presque intégralement » sur celui de leur père, soulignent les juges.

Les deux enfants ne sont pour leur part pas poursuivis, les magistrats estimant qu’ils n’avaient « vraisemblablement pas eu pleinement conscience qu’ils bénéficiaient en réalité d’un emploi de complaisance ».

– Un prêt avantageux non déclaré –

Les magistrats reprochent enfin à François Fillon d’avoir manqué à ses obligations déclaratives à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, en ayant omis de déclarer un prêt de 50.000 euros que lui aurait accordé Marc Ladreit de Lacharrière en 2012. Ils le soupçonnent d’avoir voulu dissimuler « le bénéfice d’un prêt, dans des conditions très favorables, de la part d’un chef d’entreprise qu’il côtoyait régulièrement dans ses fonctions ».

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