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Procès Nemmouche: la communauté juive craint une dérive « complotiste » de la défense

Le représentant de la communauté juive de Belgique, Yohan Benizri, craint que la défense au procès de Mehdi Nemmouche ne…

Le représentant de la communauté juive de Belgique, Yohan Benizri, craint que la défense au procès de Mehdi Nemmouche ne cherche « à minimiser le caractère antisémite » de la tuerie au musée juif de Bruxelles ou ne dérive vers un « discours complotiste ».

Le président du Comité de coordination des organisations juives de Belgique (CCOJB), partie civile au procès qui s’ouvre jeudi à Bruxelles, juge « accablantes » les preuves contre l’accusé, qui ne reconnaît pas les faits dont il est suspecté.

Q: Le procès de Mehdi Nemmouche, accusé de quatre assassinats au musée juif en 2014, s’ouvre jeudi. Qu’en attendez-vous ?

R: « Le dossier d’instruction est effroyable. Le faisceau de preuves contre Mehdi Nemmouche est accablant. Nous ne comprendrions pas que ce monsieur ne soit pas condamné. Les faits vont être exposés aux yeux de tous. Ce sera très, très difficile, sinon impossible, de ne pas voir toutes ces preuves accumulées. Je suis persuadé que les jurés en prendront toute la mesure. »

Q: Avez-vous des craintes ?

R: « La défense de Nemmouche, lui peut-être, vont tenter soit de minimiser le caractère antisémite de cet attentat terroriste, soit de tenir un discours de type complotiste. Je ne veux pas me faire l’écho de ces bêtises, mais il y a eu des allégations tout à fait farfelues sur le Mossad qui serait derrière cette affaire (hypothèse évoquée notamment par la défense de Nemmouche, ndlr). Il y avait le même type de discours dans les cercles complotistes et antisémites après les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis. Ces théories complotistes visent à dénaturer le débat, à le déplacer ailleurs. Nous ne voulons pas que Mehdi Nemmouche devienne une star. C’est un terroriste, quelqu’un dont on n’attend pas la parole. »

Q: Depuis la fin des années 90, la communauté juive de Belgique avait été épargnée par les attentats meurtriers. Avez-vous été surpris qu’un tel acte ait été perpétré à Bruxelles ?

R: « Il y avait un antisémitisme latent et un certain nombre d’incidents antisémites inquiétants, mais le traumatisme d’un attentat contre une cible juive remontait à des dizaines d’années. Dans le même temps, nous n’étions pas naïfs quand on a vu que dans les pays voisins, il y a eu des attentats antisémites graves, notamment à Toulouse (le 19 mars 2012, Mohammed Merah tue trois enfants et un professeur juifs, ndlr). Face à la menace à laquelle nous faisions face, nous savions que les frontières ne compteraient pas (…) Nemmouche voulait répéter ce qu’a fait Merah. »

(Propos recueillis par Françoise Michel)

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