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Quatre ans avant Benalla, un conseiller présidentiel contraint à la démission

L'Elysée a affirmé jeudi que la mise à pied de 15 jours d'Alexandre Benalla était d'une sévérité sans précédent, mais…

L’Elysée a affirmé jeudi que la mise à pied de 15 jours d’Alexandre Benalla était d’une sévérité sans précédent, mais en 2014, dans une affaire de nature différente, un conseiller de François Hollande, Aquilino Morelle, avait lui été contraint à la démission.

Selon Bruno Roger-Petit, le porte-parole de l’Elysée, la mise à pied de 15 jours prononcée contre Alexandre Benalla, filmé en train de frapper un manifestant le 1er mai, constitue « la sanction la plus grave jamais prononcée contre un chargé de mission travaillant à l’Elysée ».

Mais le 18 avril 2014, Aquilino Morelle avait dû quitter son poste dès le lendemain de la publication d’un article de Mediapart l’accusant de conflits d’intérêts, même si juridiquement il s’agissait d’une démission et non d’un licenciement.

Selon le site en ligne, il avait touché 12.500 euros du laboratoire danois Lundbeck, en 2007, alors qu’il était en poste à l’Igas (Inspection générale des affaires sociales).

Mediapart révèle aussi que M. Morelle fait venir un cireur pour lustrer ses luxueuses chaussures dans un salon de l’hôtel Marigny, tout proche de l’Élysée. L’anecdote, symbolique, fait des ravages dans l’opinion.

Aquilino Morelle dit d’abord démissionner pour « être entièrement libre de répondre (aux) attaques » le visant et « ne pas gêner l’action du président de la République ». Et François Hollande déclare depuis Clermont-Ferrand, où il est en visite, que son collaborateur a pris « la seule décision qui convenait ».

Mais quelques mois plus tard, Aquilino Morelle estime dans un entretien au Monde en septembre 2014, avoir été victime d’une « élimination politique ». Et en mars 2015, alors que l’enquête préliminaire sur l’éventuel conflit d’intérêts vient d’être classée sans suite, il juge dans un entretien au Parisien avoir « été débarqué pour des raisons politiques ».

« La sanction qui m’a été infligée est totalement disproportionnée par rapport à cet évènement, tout à fait regrettable et que je regrette, mais qui a été instrumentalisé par ceux qui voulaient me contraindre à la démission », dit-il en outre à propos du cireur de chaussures venu selon lui une seule fois à Marigny.

Aquilino Morelle avait été l’inspirateur du discours du Bourget de janvier 2012 dans lequel François Hollande, alors candidat PS à la présidentielle, désignait la « finance » comme son « principal adversaire ».

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