Très à la mode, l' »agilité » aujourd’hui prônée par de nombreuses entreprises – devenue synonyme de réactivité et d’adaptabilité – tire en réalité son origine de méthodes bien précises inventées pour le secteur du développement informatique.
Les méthodes « agiles » sont apparues « au milieu des années 1990, dans le monde du développement logiciel aux États-Unis », explique à l’AFP Véronique Messager, « coach agile » et auteure de plusieurs ouvrages sur le sujet.
Elles ont été inventées pour remédier au « décalage observé entre les attentes des utilisateurs et les applications livrées », explique cette spécialiste. Un décalage notamment dû à un « effet tunnel » dans le développement, pratiqué auparavant « en silos et de façon séquentielle », avec des phases d’analyse, de conception, de développement, puis de tests qui se succédaient indépendamment.
Initialement, « une douzaine de méthodes agiles » (Scrum, la plus connue, XP-eXtreme Programming…) existaient. Leur point commun: « le découpage du projet en petites étapes ou itérations de quelques semaines », détaille Véronique Messager.
Le contenu de ces « sprint » est défini par l’équipe elle-même, après estimation de la complexité de chaque tâche.
Dans la pratique, cela se traduit par divers « cérémoniaux », raconte Laurent, développeur depuis seize ans. Lors de « daily meeting » (points quotidiens) chacun expose pendant « 5-10 minutes » le travail fait la veille et « les points de blocage ». Des « démonstrations » du logiciel sont organisées chaque semaine pour tous les acteurs du projet. Des ateliers « ludiques » réguliers, souvent à base de post-it multicolores, permettent enfin de faire le point sur l’avancement.
Le « manifeste pour le développement agile de logiciels », signé en 2001 par dix-sept experts de l’informatique, érige la satisfaction du client en priorité, recommande de livrer « fréquemment un logiciel opérationnel », et prône « l’adaptation au changement plus que le suivi d’un plan ».
Pour y arriver, le manifeste prêche pour la « confiance » envers des « équipes auto-organisées », en privilégiant « le dialogue en face à face ». « Les utilisateurs (…) et les développeurs doivent travailler ensemble quotidiennement », ajoute-t-il.
Arrivées en France « au début des années 2000 », les méthodes agiles ont connu un essor « au début des années 2010 », selon Véronique Messager. Elles se sont alors répandues au-delà de la sphère du développement, pour toucher « le marketing, les ressources humaines »…
De ce fait, « aujourd’hui, on parle davantage d’approche agile ou de pratiques agiles ».
Le terme est fréquemment employé par le président Emmanuel Macron ou ses ministres. En 2016, le Medef avait réclamé un « contrat de travail agile », plus facile à rompre par l’employeur.