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Rahul Gandhi, l’héritier face à son destin

Nouveau porte-flambeau de la célèbre dynastie politique des Nehru-Gandhi, dont le destin glorieux et tragique se mêle à celui de…

Nouveau porte-flambeau de la célèbre dynastie politique des Nehru-Gandhi, dont le destin glorieux et tragique se mêle à celui de l’Inde, Rahul Gandhi espère écrire une nouvelle page de l’Histoire en ramenant au pouvoir le vieux parti du Congrès.

Fils, petit-fils et arrière-petit-fils de Premiers ministres indiens, l’héritier de 48 ans a affronté la redoutable machine politique du Premier ministre sortant Narendra Modi lors d’une campagne à couteaux tirés pour les élections législatives. Après six semaines de vote, le comptage de voix se déroule jeudi.

Portant toujours une tunique blanche, souvent une barbe châtain de trois jours, celui qui était perçu comme un dilettante a mis longtemps à éclore. Après un patient apprentissage dans l’ombre de sa mère Sonia, ce célibataire a fini par prendre la direction du Congrès fin 2017 et s’est jeté corps et âme dans l’arène politique indienne.

Les temps où il comparait le pouvoir à un « poison » semblent loin désormais. Né et élevé en vue de gouverner, Rahul Gandhi a donné bien du fil à retordre ces derniers mois aux nationalistes hindous du Bharatiya Janata Party (BJP), qui avaient infligé au Congrès une série d’humiliantes défaites.

Il les a d’abord empêchés de prendre le contrôle du Karnataka, un grand Etat du sud où ils étaient pourtant arrivés en tête à une élection régionale. Il leur a également ravi les régions du Rajasthan, de Madhya Pradesh et de Chhattisgarh, trois Etats-clés du nord hindiphone où le BJP avait fait le plein de voix aux législatives de 2014.

– Embrassade –

Pendant plus d’un an, il a entretenu une virulente polémique sur l’achat de 36 avions Rafale à la France en septembre 2016. Sa formation accusait notamment le Premier ministre Modi d’avoir privilégié le conglomérat privé d’un magnat indien, dont il est considéré comme proche, au détriment d’une entreprise publique, en tant que partenaire du constructeur français Dassault.

Si cette controverse n’a pas eu de suites judiciaires, elle a toutefois contribué à brouiller l’image du chef du gouvernement, présenté comme l’allié des riches et des puissants. On ignore encore si cette stratégie s’avérera électoralement payante, dans un scrutin où les votes sont souvent déterminés par des enjeux locaux et communautaires.

En matière d’attaques frontales, le BJP n’est pas en reste. Le parti au pouvoir se plaît à pourfendre le « prince » Gandhi, issu d’une des plus grandes familles du pays et éduqué dans une bulle dorée, par opposition aux origines populaires de Narendra Modi.

Ses détracteurs lui ont même collé le surnom péjoratif de « pappu », un terme familier désignant un idiot. « Vous pouvez m’insulter, vous pouvez m’appeler +pappu+, je n’ai pas une once de haine contre vous », a rétorqué l’année dernière Rahul Gandhi dans un discours mémorable au Parlement… avant de franchir l’hémicycle pour aller serrer dans ses bras un Narendra Modi gêné.

– Assassinats –

Venu au monde le 19 juin 1970, Rahul Gandhi n’a aucun lien de parenté avec le Mahatma Gandhi. Le nom Gandhi provient du mariage d’Indira Nehru, fille du héros de l’indépendance et premier chef du gouvernement indien Jawaharlal Nehru, avec Feroze Gandhi en 1942.

Il a 14 ans lorsque sa grand-mère Indira est assassinée par ses gardes du corps sikhs en 1984 dans la résidence où la Première ministre vit avec toute sa famille, 20 ans lorsque son père Rajiv est tué dans un attentat suicide en 1991.

Traumatisée par ces morts violentes, sa mère d’origine italienne Sonia finit par se laisser convaincre de reprendre les rênes d’un Congrès moribond à la fin des années 1990. Elle le ramène aux responsabilités en 2004. Si elle refuse alors de devenir Première ministre, elle n’en gouvernera pas moins son pays dans l’ombre pendant une décennie.

Légataire d’une dynastie politique qui remonte à Motilal Nehru (1861-1931), le jeune Rahul a étudié dans les plus prestigieuses écoles d’Inde avant de fréquenter Harvard et Cambridge. Il a vécu un temps à Londres et travaillé en tant que consultant en management.

Il se jette dans la politique indienne en 2004 en se présentant dans le circonscription familiale d’Amethi, dans l’Uttar Pradesh (nord).

Le Congrès a fait de la lutte contre la pauvreté un des grands axes de sa campagne électorale. Il promet notamment un revenu minimum garanti pour 50 millions de foyers s’il remporte les législatives.

Rahul Gandhi « semble s’accrocher aux idées socialistes de sa grand-mère (Indira Gandhi) et ne réalise pas que les gens ont changé, même les pauvres ont changé », estime à cet égard le commentateur politique Parsa Venkateshwar Rao.

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