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RDC: 14 civils tués dans un nouveau massacre près de Beni

Au moins 14 civils ont été tués dans un nouveau massacre attribué au groupe armé des ADF près de Beni,…

Au moins 14 civils ont été tués dans un nouveau massacre attribué au groupe armé des ADF près de Beni, dans l’est de la République démocratique du Congo, où des manifestations violentes dénoncent depuis une semaine la « passivité » de l’ONU et des autorités face aux tueries.

L’ONU a par ailleurs annoncé l’ouverture d’une enquête sur la mort d’un manifestant congolais tué lors d’un face à-face avec des Casques bleus mardi.

Le dernier massacre a eu lieu à 30 km au nord de Beni, près d’une zone appelée « le triangle de la mort » en raison des tueries à répétition qui s’y déroulent.

« Il y a 14 corps à la morgue de l’hôpital d’Oicha. L’armée est déjà sur les lieux à la poursuite des ADF », a déclaré l’administrateur du territoire de Beni, Donat Kibwana, joint par un correspondant de l’AFP. Les victimes ont été tués à la machette, a-t-il ajouté.

Toutes les autres sources, dont la Mission des Nations unies au Congo (Monusco), donnent le même bilan de 14 morts.

« Cela porte à 94 le nombre de civils tués par des groupes armés dans le territoire de Beni depuis le 5 novembre », a indiqué le Groupe d’études du Congo (GEC) de l’université de New York.

Les auteurs de ces tueries sont dans « l’immense majorité des cas » des membres du groupe armé d’origine ougandaise des Forces démocratiques alliées (ADF), selon un membre du GEC.

La région de Beni, dans la province du Nord-Kivu, est agitée depuis une semaine par des manifestations anti-ONU, qui ont fait au moins sept morts depuis samedi.

Un manifestant a été blessé mercredi matin à Goma par la police congolaise, et une dizaine d’autres ont été interpellés, a constaté un journaliste de l’AFP.

« La Monusco assiste passivement aux massacres alors que sa mission principale est la protection des civils », a déclaré l’un des manifestants, Fiston Muhindo.

Mercredi, l’ONU a annoncé l’ouverture d’une « enquête » interne sur la mort d’un manifestant congolais tué lors d’un face à face avec des Casques bleu, mardi à Beni.

« Les éléments que nous avons nous font dire que ce sont les Casques bleus qui sont responsables de la mort de ce jeune homme », a déclaré à l’AFP le porte-parole intérimaire de la Monusco à Kinshasa, Mathias Gillmann.

– Appel à la « retenue »-

« Selon nos informations, un jeune homme s’apprêtait à lancer un cocktail molotov, et un des Casques bleus a apparemment tiré sur lui », a-t-il ajouté.

Le jeune homme a été touché à la tête lors d’un face à face entre une centaines de manifestants et des Casques bleus malawites devant une base civile de la Monusco, avait constaté un correspondant de l’AFP.

La base avait été saccagée la veille.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a indiqué avoir pris en charge 27 blessés « suite aux manifestations ayant éclaté ces derniers jours » dans les hôpitaux que le CICR soutient dans la région de Beni.

« Nous demandons à tous les acteurs de faire preuve de retenue », a déclaré le chef du bureau de la Croix Rouge à Beni, Nour Khadam.

« La population civile ne devrait pas être ciblée et les organisations humanitaires, les structures et le personnel médical doivent être respectés », a-t-il ajouté.

Un manifestant tué samedi, apparemment par la police, a été enterré mercredi dans le calme à Beni, a constaté un correspondant de l’AFP.

L’armée congolaise avait annoncé le 30 octobre des opérations militaires contre les bases des ADF dans la région de Beni.

La présidence de RDC a annoncé lundi des opérations militaires conjointes avec les Casques bleus de la Monusco dans la région.

A l’origine, les ADF sont des rebelles ougandais musulmans hostiles au président Yoweri Museveni, qui se sont repliés dans l’est de l’actuelle RDC en 1995.

Ils ne lancent plus depuis longtemps d’attaques contre la frontière ougandaise voisine. Ils vivent repliés en autarcie et en famille dans la forêt et la jungle autour de Beni, terrorisant les populations et pillant les magasins et le bétail. Leur nombre est estimé à quelques centaines de combattants.

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