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RDC: A Beni, Antonio Guterres sur le front d’Ebola et des groupes armés

Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a fait une incursion dimanche en zone rouge dans l'est de la…

Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a fait une incursion dimanche en zone rouge dans l’est de la République démocratique du Congo à Beni où les populations subissent la double pression des groupes armés et de l’épidémie d’Ebola.

Dans cette zone sensible, il a promis la poursuite du soutien des Casques bleus contre la redoutable milice ADF d’origine ougandaise et multiplié les messages de prévention face à l’épidémie de fièvre hémorragique.

« La Mission des Nations unies au Congo (Monusco) et ses partenaires, les forces armées congolaises et la police nationale, continueront à travailler ensemble pour ramener la paix et la sécurité dans la région », a déclaré le patron de l’ONU à son arrivée à Beni.

Il faut « contenir » les attaques des ADF mais aussi « les attaquer », a-t-il détaillé par la suite, en rappelant que 27 Casques bleus sont morts dans la région ces dernières années.

« Après il y a les groupes armés locaux », a-t-il poursuivi en répétant son message pour réintégrer les miliciens congolais dans leur communauté.

« La meilleure réponse au terrorisme et à la violence, c’est le développement », a-t-il déclaré en évoquant le « cercle vicieux » dans lequel se trouve la RDC, où les jeunes sont tentés par les groupes armés faute d’emplois.

Dans la région de Beni, une force d’intervention rapide de la Monusco est supposée soutenir l’armée congolaise dans sa lutte contre les ADF, accusés du massacre de centaine de civils.

« Nous aimerions que la Monusco joue pleinement son rôle », avait lancé samedi un porte-parole de l’armée, en annonçant une prochaine offensive contre les ADF.

Les habitants de Beni accusent parfois la force onusienne, l’une des plus importantes au monde avec 16.000 hommes, d’inaction face aux rebelles.

« Il est important que la population de Beni sache que nous avons entendu ses cris de détresse », a assuré le patron des Nations unies.

L’actuel mandat de la Monusco est valable jusqu’au 31 décembre. L’ONU a déjà fermé des bases et réduit ses effectifs civils en RDC.

– « Ceux qui viennent peuvent guérir » –

La lutte contre l’insécurité et l’avenir des Nations unies en RDC seront au menu de sa rencontre lundi à Kinshasa avec le président congolais Félix Tshisekedi.

M. Guterres s’est ensuite envolé pour Mangina, premier foyer de l’épidémie d’Ebola en août 2018. Depuis, la maladie a tué plus de 2.000 personnes à Beni, Butembo, Katwa, avec des cas jusqu’à Goma et en Ouganda.

A Mangina, bourgade sous les palmiers et les eucalyptus à 30 km de Beni, l’épidémie a fait 285 morts pour 606 cas confirmés, dont une majorité de femmes, ainsi que des enfants de moins de cinq ans.

Le numéro un de l’ONU a lancé un message en direction des habitants qui résistent au message de prévention (déni de la maladie, refus des soins, violences envers les équipes de la riposte), l’un des principaux défis lancés aux équipes sanitaires.

« Il faut dire à tout le monde qu’à la moindre suspicion, il faut venir pour vérifier s’il n’y a pas de problème », a-t-il déclaré après la visite du Centre de traitement d’Ebola (CTE).

« Ca vaut la peine de venir. Il y a des gens qui pourraient penser: bon, je vais mourir, pourquoi est-ce que j’y vais? Non ce n’est pas vrai. Ceux qui viennent ici peuvent guérir. Il faut transmettre ce message à tout le monde. Ne cachez pas les symptômes. Venez », a-t-il insisté après avoir salué des « vainqueurs » d’Ebola (des personnes guéries).

En ce dimanche après la messe, des centaines d’habitants, dont de nombreux enfants, ont entouré l’imposant cortège des Nations unies dans cette bourgade agricole de Mangina.

Parmi eux, soeur Darlen, infirmière assomptionniste à l’hôpital de la ville, voudrait dire « merci » à Antonio Guterres d’avoir eu le « courage de venir chez nous, là où il y a l’épidémie et l’insécurité ».

« Nous sommes contents de sa présence. C’est une visite réconfortante qui nous donne encore plus de courage et d’espérance, qui nous motive davantage. Cela fait une année que nous sommes dans cette épidémie », a-t-elle ajouté.

« Il est venu nous réconforter par rapport aux affres que nous avons connues dans nos communautés », a déclaré le représentant des chefs coutumiers, le Mwami Kapupa.

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