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RDCongo: face à l’insécurité, la riposte à Ebola paralysée à Beni

Faire profil bas: face à l'insécurité, tel est le mot d'ordre des équipes de la lutte anti-Ebola à Beni dans…

Faire profil bas: face à l’insécurité, tel est le mot d’ordre des équipes de la lutte anti-Ebola à Beni dans l’est de la République démocratique du Congo, au risque de retarder la fin de l’épidémie.

La prudence est plus que jamais de mise après la mort de quatre agents anti-Ebola tués dans deux attaques jeudi à Biakato (à 60 km de Beni) et à Mangina (30km).

« Un cas suspect d’Ebola est signalé dans un centre de santé. L’investigateur s’y rend discrètement à pieds pour ne pas attirer l’attention sur lui », regrette le Dr Michel Kalongo, l’un des responsables de la surveillance de l’épidémie à Beni.

En temps normal, les équipes se seraient déplacées rapidement en ambulance pour effectuer les prélèvements pour le test de détection du virus de la fièvre hémorragique.

Se déplaçant à pieds ou à moto, les agents chargés de la phase de surveillance ne s’affichent plus avec leurs uniformes et leur matériel de travail, de peur d’être la cible des attaques.

« Désormais, on se confond à des motards ordinaires pour échapper à la colère populaire », déclare à l’AFP Timothée Pothsola, chauffeur de moto de la riposte contre Ebola à Beni.

« On travaille au téléphone avec les rares agents sur le terrain », regrette le Dr Kalongo.

A Beni, toutes les activités de prévention (suivi des cas suspects, vaccinations) tournent au ralenti, par prudence.

Beni et sa région sont agitées par des massacres de civils à grande échelle attribués au groupe armé des ADF, et des manifestations de colère contre l’ONU, accusés d’impuissance.

« A cause de l’insécurité, le laboratoire ne fonctionne pas bien, les prélèvements ne se font pas bien », témoigne un responsable de MSF, Pierre Vernier.

« La vraie difficulté est que les équipes de surveillance ne peuvent plus faire le travail de détection », explique-t-il. « Une partie du personnel est évacuée vers Goma. Ne sont restés ici que les personnes aguerries face à ces situations de tension ».

– Cas confirmé –

Aucune équipe de vaccination n’était à l’oeuvre jeudi à Beni, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Mais « malgré la situation tendue », un espace a été ouvert pour vacciner les proches « du cas confirmé », a cependant assuré jeudi le ministère congolais de la Santé dans son bulletin quotidien.

Un cas confirmé a été enregistré dimanche dans la ville, qui a été un des épicentres au plus fort de l’épidémie, selon le ministère.

Alors qu’il ne restait plus que « deux à trois foyers d’Ebola dans la région de Beni », l’espoir d’en finir avec cette dixième épidémie en 2019 s’est éloigné, regrette Pierre Vernier de MSF parce qu' »une semaine entière sans activités de riposte signifie qu’il y aura de nouvelles chaines de contaminations ».

Il « redoute que l’attention soit plus concentrée sur la situation sécuritaire et que les efforts de la lutte contre Ebola ne soient négligés ».

Une base de la mission de l’ONU au Congo (Monusco) a été saccagée mardi à Beni par la population en colère.

« Nous n’allons pas arrêter notre mouvement. Nous sommes déterminés à arriver jusqu’à Mavivi », la plus importante base de l’ONU vers l’aéroport, affirme Étienne Wasukundi, un jeune qui affirme être l’un des leaders des manifestations contre les Nations unies à Beni.

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