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Redoine Faïd, le « braqueur écrivain » fan de cinéma et terreur des cités

Idole pour des apprentis délinquants des cités HLM, fan de "Heat" et pro du braquage de fourgons, Redoine Faïd est…

Idole pour des apprentis délinquants des cités HLM, fan de « Heat » et pro du braquage de fourgons, Redoine Faïd est surnommé « l’Ecrivain » par les policiers qui l’ont arrêté dans la nuit de mardi à mercredi à Creil (Oise), après plus de trois mois de cavale.

C’était en avril 2009, à la Cinémathèque de Paris. Ce soir-là, il y avait Michael Mann, le réalisateur du film « Heat » dans lequel un policier incarné par Al Pacino pourchasse un braqueur à l’explosif que joue Robert De Niro.

Dans la salle, avec l’air malicieux que lui connaissent ceux qui l’ont approché, il y avait l’ex-braqueur Redoine Faïd, qui venait de sortir de prison pour des attaques de fourgons et se disait « rangé ». « Vous avez été mon conseiller technique », avait-il dit au cinéaste, interloqué.

Tout Faïd, 46 ans aujourd’hui, était là: culot, malice, yeux rieurs, intelligence, peur de rien ni de personne.

Par la suite, dans son autobiographie (« Braqueur, des cités au grand banditisme », publiée en 2010 par La Manufacture de livres) comme aux journalistes, il a raconté que le film, qu’il a vu des dizaines de fois, l’avait inspiré pour sa série de braquages de fourgons blindés qui lui ont valu quelques années de prison et une première cavale.

Il avait étudié le fonctionnement des héros du film, appris qu’il faut aller au braquage avec minutie, « pas trop nombreux ». Et grimé comme De Niro.

Avant il y a eu une enfance dans une famille nombreuse de Creil (Oise), dans une cité HLM, où il est né le 10 mai 1972. Et un premier vol à 6 ans, en sortant un caddie de supermarché rempli de confiseries. La vocation, disait-il, est venue à 12 ans. Il sera voleur. De la petite délinquance, il franchit rapidement les étapes en gagnant le surnom, par la police, de « terreur de Creil ».

« C’est un gamin des cités », raconte un policier qui l’a bien connu. « Il a côtoyé et fait partie de ce caïdat de cités HLM, cette nouvelle génération de voyous qui ont inventé les go fast, vécu sur l’argent et le trafic de drogue. Lui s’est spécialisé dans les fourgons car il aimait l’adrénaline et voulait ressembler aux plus grands qui ont snobé ou ont été dépassés par ces types dangereux et fêlés ».

– « Pas si malin que ça » –

Il aimait raconter le trac avant le braquage « comme les acteurs » et certaines sources policières affirment qu’il a appris au contact d’anciens militaires en Israël, un pays où il était réfugié durant une première cavale et où il rêvait de s’installer un jour. Il y avait appris l’hébreu.

« Il avait réussi l’exploit de se fondre dans la masse avec une kippa », a récemment confié à l’AFP le journaliste Frédéric Ploquin, auteur de plusieurs ouvrages sur le banditisme et qui a vu celui qui se disait ex-braqueur des dizaines de fois. « Un malin, d’une intelligence au-dessus de la moyenne, capable de se transformer en mendiant ou en livreur de fruits ».

Condamné notamment pour l’attaque en juillet 1997 d’un fourgon blindé, Redoine Faïd a purgé plus de 10 ans de prison.

A sa sortie de prison au printemps 2009, il a travaillé comme cadre commercial à Paris.

Il avait été interpellé le 28 juin 2011 près de Lille et incarcéré pour violation des conditions de sa liberté conditionnelle liée à sa condamnation à 18 ans de réclusion pour un braquage.

Quelques mois plus tôt, il avait échappé de peu à une série d’interpellations dans le cadre de l’enquête sur la fusillade qui avait coûté la vie à une policière municipale, Aurélie Fouquet, 26 ans, en mai 2010 à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne).

Dans cette affaire, il a été mis en examen en juillet 2011 puis écroué avant de s’évader en avril 2013 de la prison de Lille-Sequedin et d’être repris après une cavale d’un mois et demi.

Surnommé « l’Ecrivain » par des policiers, depuis son livre, Redoine Faïd a été condamné en avril dernier à 25 ans de prison pour son rôle d' »organisateur » dans le braquage raté de 2010 qui avait coûté la vie à Aurélie Fouquet.

Sa spectaculaire évasion le 1er juillet, avec hélicoptère, armes, disqueuse pour scier des portes, fumigènes, de la prison de Réau, près de Melun (Seine-et-Marne), a pris fin tôt mercredi matin à Creil, là où Redoine Faïd a grandi.

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