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Reprise du dialogue au Nicaragua, après de nouvelles violences

Le gouvernement et l'opposition au Nicaragua, qui exige le départ du président Daniel Ortega, reprennent lundi leur dialogue après un…

Le gouvernement et l’opposition au Nicaragua, qui exige le départ du président Daniel Ortega, reprennent lundi leur dialogue après un regain de violence et plus de 200 morts en deux mois.

L’Eglise catholique, médiatrice, a convoqué les délégués du gouvernement et de l’Alliance civique pour la Justice et la Démocratie – une coalition de groupes d’opposition de la société civile – à 10H00 (16H00 GMT).

Au menu des discussions: la proposition d’organiser des élections générales anticipées en mars 2019, au lieu de fin 2021.

« Nous devons avoir une feuille de route, un point de référence. Sur la question de la démocratisation, si on pense à des élections (…), que monsieur le président nous dise s’il est d’accord », a déclaré le cardinal Leopoldo Brenes, archevêque de Managua et président de la Conférence épiscopale du Nicaragua (CEN), directement impliqué dans ces pourparlers.

La proposition a été transmise par l’Eglise le 7 juin mais Daniel Ortega, un ex-guérillero de 72 ans qui en est à son troisième mandat consécutif depuis 2007, après avoir déjà gouverné de 1979 à 1990, a demandé un temps de réflexion. Depuis il reste muet sur le sujet.

Désormais la CEN juge « indispensable » que le gouvernement « communique de manière officielle et formelle son acceptation » de la demande qui, assure-t-elle, reflète le « sentiment populaire ».

La réunion de dialogue survient après un week-end marqué par un regain de violences.

– Colère populaire –

Samedi, au moins huit personnes ont été tuées dans des opérations des forces de l’ordre et des groupes paramilitaires, dont un enfant de 15 mois et des étudiants retranchés à l’Université nationale autonome du Nicaragua (UNAN), au sud-ouest de Managua.

La vague de contestation, la plus violente dans le pays depuis des décennies, a été déclenchée le 18 avril par une réforme de la sécurité sociale.

Malgré l’abandon rapide de cette réforme, la colère populaire, accentuée par la répression policière, n’est pas retombée et cible Daniel Ortega et son épouse Rosario Murillo, vice-présidente, accusés de confisquer le pouvoir et de brider les libertés.

« Maintenant notre lutte est pour tout. Nous voulons le changement de gouvernement. (Le couple Ortega-Murillo) doit partir car le peuple ne veut plus d’eux », a déclaré à l’AFP un étudiant de 25 ans, le visage camouflé par un foulard, sur une barricade montée devant l’UNAN.

Jusqu’à présent, le président Ortega s’est dit prêt à travailler à la démocratisation du pays, via la séparation des pouvoirs, actuellement tous contrôlés par son gouvernement, dont le Conseil national électoral.

Il a discuté de ces réformes avec le secrétaire général de l’Organisation des Etats américains (OEA), Luis Almagro, mais l’opposition veut aller plus loin.

« Pour l’Alliance civique nationale, les accords électoraux noués entre le gouvernement et l’OEA ne sont plus valables. Ortega doit dire s’il accepte que les élections soient anticipées », a lancé l’ancien ambassadeur aux Etats-Unis Carlos Tünnerman, représentant de la société civile.

– Experts de la CIDH –

La pression internationale n’a cessé de croître contre le chef de l’Etat et mardi, une mission du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme se rendra dans le pays.

Vendredi, son gouvernement avait été pointé du doigt par la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH), qui a présenté un rapport sévère lors d’une session extraordinaire du Conseil permanent de l’OEA à Washington.

Elle y a dénoncé « l’action répressive de l’Etat », responsable selon elle de 212 morts, plus de 1.300 blessés et plus de 500 arrestations.

Lors de cette session, une dizaine de gouvernements, dont ceux des Etats-Unis, du Canada et du Mexique, ont exigé que « cesse la répression » et Luis Almagro a recommandé que les élections soient avancées, au plus tôt à mars, au plus tard d’ici 14 mois.

Mais le dialogue au Nicaragua reste compliqué: il a déjà été suspendu trois fois, la dernière il y a une semaine car l’exécutif n’avait pas invité, comme il s’y était engagé, des organismes internationaux à venir vérifier la situation des droits de l’homme. Il a depuis obtempéré.

Dimanche, des experts de la CIDH sont ainsi arrivés à Managua, mais le gouvernement rejette toujours les accusations de recours excessif à la force et de violation des droits de l’homme.

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