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Révélations sur Lavage express: Sergio Moro dénonce « l’esprit de revanche »

L'ex-juge anticorruption Sergio Moro, actuel ministre brésilien de la Justice, a fustigé mercredi "l'esprit de revanche" après que son impartialité…

L’ex-juge anticorruption Sergio Moro, actuel ministre brésilien de la Justice, a fustigé mercredi « l’esprit de revanche » après que son impartialité a été remise en question par la publication de ses échanges avec les procureurs de l’enquête « Lavage Express ».

Sergio Moro, atout-maître du gouvernement de Jair Bolsonaro, a commencé mercredi matin à s’expliquer devant la Commission de la Constitution et de la Justice (CCJ) du Sénat, dix jours après la publication de quantité de ses messages par le site d’information The Intercept Brasil.

Il a qualifié de « sensationnalistes » et animés d »‘un esprit de revanche » les auteurs de ces révélations. De même, il a rejeté « toute espèce de dérapage éthique ».

« Je croyais qu’en quittant la magistrature et en devenant ministre, cet esprit de revanche, ces attaques contre mon travail de juge qui s’est confronté à la corruption en appliquant la loi, cesseraient », a déclaré le ministre devant la commission sénatoriale. « Mais je me suis trompé ».

Selon The Intercept, le juge Moro et les procureurs se sont rendus coupables de « tromperies systématiques » et de « manque d’éthique », en conspirant pour empêcher l’ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) de se représenter à la présidentielle de 2018, pour laquelle les sondages le donnaient largement vainqueur et finalement remportée par Jair Bolsonaro.

The Intercept, cofondé par le journaliste américain Glenn Greenwald, a lancé ces lourdes accusations après avoir eu accès à un grand volume de messages privés échangés notamment sur Telegram entre les procureurs et le juge Moro, chargés de Lavage express, grâce à une source anonyme.

« Il y a eu un piratage criminel (des portables) de la part d’un groupe organisé avec l’objectif d’invalider les condamnations pour corruption et blanchiment et de faire obstruction aux enquêtes en cours », a accusé mercredi Sergio Moro.

Il a nié avoir connu Jair Bolsonaro, alors député, lorsqu’il a condamné Lula en première instance, en juillet 2017, à une peine de neuf ans et demi de prison, par la suite légèrement réduite. Lula est incarcéré depuis avril 2018.

Dans le système judiciaire brésilien, « il n’est pas inhabituel qu’un juge ait des conversations avec un avocat, un procureur, ou la police », a-t-il poursuivi.

– prochaines salves –

M. Moro a également dit « ne pas reconnaître l’authenticité des messages » qui lui sont attribués et qui « ont pu avoir été partiellement ou totalement altérés ».

Mais Glenn Greenwald a rétorqué que « tous, et en particulier Moro et les membres de Lavage express, savent que (les messages) sont authentiques ».

Le ministre a assuré avoir cessé d’utiliser la messagerie Telegram en 2017 et ne plus détenir les messages incriminés.

Lancée en 2014, la tentaculaire enquête « Lava Jato » (Lavage express) a mis au jour un gigantesque réseau de pots-de-vin autour des marchés publics du groupe étatique Petrobras, impliquant des dizaines de hauts responsables politiques et économiques. Beaucoup sont aujourd’hui derrière les barreaux, y compris dans d’autres pays latino-américains.

Si Sergio Moro n’a pas l’intention de démissionner, The Intercept Brasil a fait savoir que le ministre aurait du mal à se maintenir à son poste avec ses prochaines salves de révélations.

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