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Roumanie: le gouvernement obtient le limogeage de la cheffe du parquet anticorruption

Le gouvernement de gauche roumain a obtenu le départ de la cheffe du parquet anticorruption (DNA) Laura Codruta Kovesi, révoquée…

Le gouvernement de gauche roumain a obtenu le départ de la cheffe du parquet anticorruption (DNA) Laura Codruta Kovesi, révoquée lundi par le chef de l’Etat qui s’était longtemps opposé au limogeage de cette magistrate devenue le visage du pouvoir judiciaire dans le pays.

La coalition gouvernementale devait discuter lundi d’une éventuelle destitution du président de centre droit Klaus Iohannis auquel elle reprochait de surseoir à révoquer Mme Kovesi.

« Le président roumain a signé aujourd’hui le décret de révocation de Laura Codruta Kovesi », a finalement annoncé la porte-parole du président Iohannis Madalina Dobrovolschi.

Le chef de l’Etat se conforme ainsi à une décision de la Cour constitutionnelle roumaine qui lui avait ordonné, fin mai, de lever son véto à la révocation de la procureure exigée par le gouvernement, en dépit des protestations de l’opposition et de la communauté internationale.

Considérée par ses partisans comme un symbole de la lutte contre la corruption en Roumanie, Mme Kovesi, 44 ans, était en poste depuis 2013. Elle avait été confirmée dans ses fonctions en 2016 par M. Iohannis pour un ultime mandat de trois ans.

Cette magistrate est depuis plusieurs mois dans le collimateur du gouvernement social-démocrate, dont elle a critiqué les réformes controversées du système judiciaire.

Le ministre de la Justice Tudorel Toader avait ouvert en février la procédure visant à la révoquer, accusant la magistrate d’avoir « enfreint la Constitution » et « nui à l’image » de la Roumanie à l’étranger.

Se déclarant « peu convaincu » par ces arguments, M. Iohannis s’était opposé à cette procédure et était à son tour menacé d’être destitué par la majorité qui lui reprochait son obstruction.

La Commission européenne et le Conseil de l’Europe avaient également critiqué la procédure de révocation engagée contre Mme Kovesi.

Dans un pays considéré comme étant gangréné par la corruption, le DNA a multiplié ces dernières années les poursuites contre des élus locaux et nationaux, s’attirant en retour l’inimitié d’une partie de la classe politique et des accusations d’abus de pouvoir.

Fin février, Mme Kovesi avait indiqué que malgré « des attaques sans précédent » de la part du gouvernement, son parquet avait renvoyé devant les tribunaux en 2017 un millier de personnes, dont trois ministres, cinq députés et un sénateur.

Des milliers de manifestants avaient défilé cet hiver en Roumanie pour exprimer leur soutien à la procureure.

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