InternationalAFP




Roumanie: le pro-européen Iohannis en route vers un second mandat

Le président libéral roumain Klaus Iohannis est favori pour remporter dimanche un second mandat face à l'ex-Première ministre de gauche…

Le président libéral roumain Klaus Iohannis est favori pour remporter dimanche un second mandat face à l’ex-Première ministre de gauche Viorica Dancila, dernier acte du duel que se livrent depuis des mois les deux adversaires au prix de crises politiques à répétition.

Alors que sa victoire avait créé la surprise à l’élection présidentielle de 2014, le sortant Klaus Iohannis, 60 ans, est donné cette fois largement gagnant au second tour de scrutin, après avoir fait la course en tête au premier tour du 10 novembre. Il avait recueilli 38% des suffrages.

Cette élection, qui intervient trente ans après la chute du Rideau de fer, devrait confirmer l’ancrage européen de la Roumanie, à contre-courant d’autres pays de l’ancien bloc communiste, comme la Hongrie et la Pologne, où les discours souverainistes et nationalistes trouvent un large écho.

Le chef d’Etat sortant affronte Viorica Dancila, 55 ans, propulsée sur le devant de la scène en janvier 2018 lorsqu’elle a pris les rênes du gouvernement à la demande de l’ancien chef du parti social-démocrate (PSD), aujourd’hui incarcéré pour corruption.

Après 21 mois chaotiques, le gouvernement Dancila a été renversé en octobre par le parlement et remplacé par un cabinet de centre droit sous la houlette du Parti national libéral (PNL), dont est issu M. Iohannis.

Cette brutale sortie de scène a affaibli la candidature de Mme Dancila dans un contexte où le PSD, qui a dominé la vie politique roumaine depuis 1990, a multiplié les revers après sa victoire aux législatives de 2016.

– « Toxique » vs « Dictateur » –

« M. Iohannis représente l’unique option européenne et euro-atlantique » et garantit la « prédictibilité » de la diplomatie roumaine, mise à mal par des décisions controversées des sociaux-démocrates, a déclaré à l’AFP l’ex-ministre des Affaires étrangères Cristian Diaconescu.

Les prérogatives du président de la République lui permettent de jouer un rôle déterminant en matière de politique étrangère et d’émettre un avis sur la nomination des hauts magistrats du parquet et des ministres.

Durant ses presque trois années de cohabitation houleuse avec la gauche, Klaus Iohannis s’est livré à une guerre d’usure pour entraver la réforme du système judiciaire menée au pas de charge par le PSD.

Décriée par Bruxelles comme portant atteinte à l’Etat de droit et contestée des mois durant par des dizaines de milliers de manifestants, cette réforme a coûté au PSD plus d’un million de voix, estime le sociologue Alin Teodorescu.

Les sociaux-démocrates, héritiers de l’ancien parti communiste, ont même perdu en popularité dans leurs bastions de la campagne roumaine. Septième pays le plus peuplé de l’UE avec 19,4 millions d’habitants, la Roumanie affiche de profondes disparités entre centres urbains dont le niveau de vie se rapproche des standards européens et zones rurales parmi les plus pauvres du continent. Près d’un Roumain sur deux vit à la campagne.

Alors que Klaus Iohannis se décrit en « rempart de la démocratie » face un « régime toxique », Viorica Dancila le qualifie « d’homme lâche et arrogant, un dictateur ».

Son refus du débat direct avec sa rivale a valu à M. Iohannis de nombreuses critiques, y compris parmi ses sympathisants.

Selon les analystes, l’ex-Première ministre joue avec ce scrutin sa survie à la tête du PSD. Au premier tour elle avait recueilli 22% des voix, soit la moitié du score enregistré par sa formation aux législatives de 2016.

Parmi les quelque quatre millions de Roumains vivant à l’étranger, Mme Dancila a recueilli moins de 3% des voix. L’émigration de la population en quête de meilleures conditions de vie est l’un des principaux défis de la Roumanie.

La candidate de gauche a mis en avant la forte croissance économique enregistrée durant son mandat (4,1% en 2018), dopée par des hausses des retraites et des salaires dans le secteur public. Mais ces largesses ont suscité l’inquiétude de l’Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI) qui ont mis en garde contre une explosion du déficit.

Les bureaux de vote ouvrent à 07H00 locales (05H00 GMT) et ferment à 19H00 GMT. Des estimations seront diffusées aussitôt après et les résultats partiels seront publiés dans la soirée.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne