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Royaume-Uni: au congrès des Tories, le temps presse et les divisions demeurent

Le Parti conservateur britannique se réunit en congrès à partir de dimanche à Birmingham, en pleine impasse des négociations du…

Le Parti conservateur britannique se réunit en congrès à partir de dimanche à Birmingham, en pleine impasse des négociations du Brexit, et toujours profondément divisé sur la stratégie à adopter à six mois de l’échéance.

La Première ministre Theresa May, affaiblie par le récent rejet de son « plan de Chequers » par les dirigeants européens, va tenter de rassembler son parti derrière elle, au moment où les partisans d’une rupture nette avec Bruxelles cherchent à imposer leurs vues.

« Nous respecterons la décision que [les Britanniques] ont prise: quitter l’UE et reprendre le contrôle de notre argent, de nos lois et de nos frontières », a écrit la dirigeante britannique dans un message d’accueil adressé aux participants.

Mais Mme May, qui clora le congrès mercredi, ne devrait pas dire comment elle compte revoir sa copie comme demandé par Bruxelles, à l’approche du sommet européen des 18 et 19 octobre.

Elle « devrait amender sa position après le congrès, plutôt que pendant », estime Simon Husherwood, professeur de sciences politiques à l’université de Surrey. « Si elle faisait des concessions maintenant, elle apparaîtrait faible, contrainte par l’UE ».

La Première ministre a jusqu’ici soutenu que son plan de Chequers, qui promeut la mise en place d’une relation commerciale étroite avec l’UE par le maintien de règles communes, constitue « la seule proposition sérieuse et crédible ».

– ‘Humiliation’ –

Ses rivaux ont cependant bien l’intention de saisir toutes les occasions lors du congrès pour multiplier les prises de parole et défendre un divorce « dur » avec l’UE.

« La proposition de Chequers est une humiliation morale et intellectuelle pour le pays », a taclé vendredi l’ex-ministre des Affaires étrangères Boris Johnson dans un article au vitriol publié dans The Telegraph. Il y expose tout le mal qu’il pense de la proposition de Theresa May et appelle à « changer le cours des négociations » avec Bruxelles.

Comme lui, le député Jacob Rees-Mogg ou l’ancien ministre du Brexit David Davis défendent un accord de libre-échange similaire à celui signé entre l’UE et le Canada (CETA).

« Il vaudrait mieux qu’elle se tourne vers un accord de libre-échange plutôt que de porter sa proposition devant la Chambre des communes et essuyer une défaite », a averti le député Mark Francois, membre du European Research Group (ERG, pro-Brexit). Il rappelle que Mme May, ne disposant que d’une courte majorité au Parlement, se trouve à la merci d’une rébellion de ses députés.

– « Beaucoup de manoeuvres » –

L’éventualité d’un accord de libre-échange est jusqu’ici exclue par la cheffe du gouvernement. Selon elle il ne permettrait pas de maintenir une frontière ouverte entre la République d’Irlande et la province britannique d’Irlande du Nord après le Brexit, ce qui est une des principales pierres d’achoppement des négociations entre Londres et Bruxelles.

Étant donné ces dissensions, le congrès devrait donner lieu à un subtile lutte d’influence entre les grandes figures du parti, estime Robin Pettitt, professeur à l’université Kingston de Londres.

« Pour l’heure, personne ne veut remplacer Theresa May, pour ne pas devoir gérer le Brexit », souligne-t-il. « Mais il y aura beaucoup de manœuvres. Chacun va essayer de se positionner en tant que futur leader ».

Devant l’ampleur des divisions et la menace posée par un Parti travailliste qui fustige les « huit années d’austérité destructrices » des Tories, des élus appellent à un sursaut. Ils exhortent le parti à se mobiliser sur les enjeux de santé ou d’éducation, alors que quelque 200 personnes ont manifesté samedi à Birmingham contre l’austérité.

« J’ai hâte que le Brexit soit terminé », a ainsi écrit le député Robert Halfon sur le blog ConservativeHome. « J’espère que le congrès permettra d’élaborer une vision contre les brûlantes injustices sociales auxquelles la Première ministre avait promis de s’attaquer en arrivant à Downing Street », en juillet 2016.

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