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Sahara occidental: la mission de l’ONU renouvelée, Pretoria critique Washington

L'ONU a renouvelé mardi pour six mois sa mission de paix au Sahara occidental, les Etats-Unis, rédacteurs de la résolution,…

L’ONU a renouvelé mardi pour six mois sa mission de paix au Sahara occidental, les Etats-Unis, rédacteurs de la résolution, s’attirant cependant de vives critiques de l’Afrique du Sud qui dénonce une approche favorisant le Maroc aux dépens du Front Polisario.

La résolution a été approuvée par 13 voix sur les 15 du Conseil de sécurité. Deux pays se sont abstenus, la Russie et l’Afrique du Sud.

La force de paix Minurso « a été créée pour faciliter la tenue d’un référendum au Sahara occidental pour que son peuple puisse utiliser son droit à l’autodétermination », a rappelé l’ambassadeur sud-africain, Jerry Matthews Matjila.

Mais le texte adopté « n’est pas équilibré » et « ne reflète pas les efforts entrepris par les deux parties », a-t-il ajouté, jugeant, en allusion au Maroc, qu’il favorise ce dernier pays.

Le Polisario réclame un référendum d’autodétermination pour le Sahara occidental, une étendue désertique de 266.000 km2 dans une région riche en phosphates et bordée d’eaux poissonneuses. Le Maroc, qui a annexé en 1975 cette ancienne colonie espagnole, refuse toute solution autre qu’une autonomie sous sa souveraineté.

Critiquant « des libellés ambigus et peu clairs », l’Afrique du Sud, qui soutient le Front Polisario, a aussi reproché aux Etats-Unis d’avoir produit un texte qui cherche « à influencer » une solution politique finale pour le territoire, « dernière colonie du territoire africain » dont le sort n’est toujours pas réglé. La Russie a aussi déploré « une dilution de paramètres déjà convenus » visant à « orienter » une solution finale.

Jerry Matthews Matjila s’en est également pris à la méthode utilisée par les Etats-Unis pour les négociations, avec un texte transmis toujours trop tardivement au Conseil, empêchant une réflexion de fond. Elle est « opaque et non inclusive » et ne tient pas compte de l’Afrique, a-t-il dit. La Chine a aussi regretté des discussions pas assez « approfondies ».

– Positions « fondamentalement divergentes » –

La France, soutenue par notamment la Côte d’Ivoire, a réaffirmé son opposition à un renouvellement de six mois en six mois, imposé depuis un an par Washington. La durée d’un an « doit rester la norme » pour les missions de paix de l’ONU, et « six mois doit être l’exception », a souligné l’ambassadrice française adjointe, Anne Gueguen, réclamant le retour à un an de mandat lors du prochain examen en octobre.

Washington estime qu’une durée courte accentue la pression sur les quatre parties – Maroc, Front Polisario, Algérie, Mauritanie – pour parvenir à une solution à ce conflit ancien.

La proposition marocaine d’une autonomie pour le Sahara occidental est « une base sérieuse et crédible pour des discussions », a aussi estimé Anne Gueguen alors que Paris est perçu à l’ONU comme le meilleur soutien du Maroc pour favoriser son approche.

Dans son dernier rapport, le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres avait réclamé aux parties « des gestes » pour progresser vers une solution. Cette mention ne figure pas dans la résolution. Pretoria a tenté lors de la négociation d’avoir un langage plus explicite pour pousser à une solution mais les Etats-Unis n’y ont pas fait droit, selon des diplomates.

Le Front Polisario a déploré une occasion manquée. « Nous regrettons que le Conseil de sécurité ait manqué une opportunité importante (…) pour renforcer un processus de paix plutôt fragile », a indiqué à des médias le représentant du Front à l’ONU, Sidi Omar. Selon lui, « le Maroc n’a montré aucune appétence pour s’engager dans un processus sérieux de négociations ».

En balayant ces critiques, le Maroc s’est au contraire félicité d’un texte qui « répond aux attentes » de Rabat. Parlant de « Sahara marocain », l’ambassadeur Omar Hilale a souligné que la résolution évoquait la recherche d’une solution « réaliste, pragmatique ». Le texte établit aussi un lien clair entre « compromis et audétermination », a-t-il estimé, en réaffirmant que l' »autonomie » était la meilleure solution pour le territoire.

La Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental, au coût annuel d’environ 50 millions de dollars, compte quelque 300 membres. Depuis 1991, elle garantit un cessez-le-feu dans la région.

Après six ans d’interruption, la reprise de discussions multilatérales en décembre en Suisse entre les quatre parties sous l’égide de l’ONU s’était déroulée dans un esprit cordial salué par tous. Fin mars, la deuxième table ronde s’était achevée par le constat de l’émissaire onusien Horst Kohler que les positions restaient « fondamentalement divergentes ».

Aucune date n’a encore été avancée pour la tenue d’un troisième round de discussions.

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