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Sénégal: l’opposant et ex-maire de Dakar Khalifa Sall gracié et libéré

L'ex-maire de Dakar Khalifa Sall, qui purgeait une peine de cinq ans pour escroquerie sur les deniers publics, a retrouvé…

L’ex-maire de Dakar Khalifa Sall, qui purgeait une peine de cinq ans pour escroquerie sur les deniers publics, a retrouvé la liberté dimanche soir à la faveur d’une grâce présidentielle, et a été accueilli par de nombreux partisans à sa sortie de prison.

Annoncée en fin de weekend, la remise en liberté de Khalifa Sall était réclamée depuis des mois par les soutiens de cet adversaire du chef de l’Etat sénégalais Macky Sall, mais elle tardait à se concrétiser. Elle a surpris les Sénégalais, bien qu’elle intervienne dans contexte de décrispation politique orchestrée par des chefs religieux musulmans.

Khalifa Sall, sans lien de parenté avec le président Macky Sall, a bénéficié d’une « remise totale de peine » de la part du chef de l’Etat, selon un décret publié dimanche.

Dans la soirée, il a quitté en voiture le centre de détention de Rebeuss à Dakar, où une foule de plusieurs centaines de sympathisants l’attendaient, selon un correspondant de l’AFP.

La police a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser la foule qui suivait son convoi, selon la même source.

Deux de ses anciens collaborateurs, condamnées en même temps que lui, ont également été graciés dimanche.

En détention depuis mars 2017, Khalifa Sall, 63 ans, avait été condamné en août 2018 par la cour d’appel de Dakar à cinq ans d’emprisonnement pour « faux en écriture et escroquerie portant sur les deniers publics » dans l’affaire très médiatisée dite de la « caisse d’avance », portant sur la gestion de la mairie de Dakar, qu’il avait remportée en 2009 et 2014.

Khalifa Sall a été reconnu coupable du détournement d’environ 2,5 millions d’euros, prélevés entre 2011 et 2015 sur les caisses de la ville. Il nie ces accusations, arguant que les maires de Dakar ont toujours eu à leur disposition une somme destinée à leur action politique.

– « Dignité » –

Les ennuis de Khalifa Sall avaient débuté lorsque cette figure du Parti socialiste sénégalais s’est désolidarisé de la coalition bâtie autour du président Macky Sall.

Il a toujours considéré que les poursuites contre lui visaient à l’empêcher de se présenter à la présidentielle de février 2019, ce qu’avaient démenti les responsables de la majorité.

Interpellé en mars 2017, il avait fait campagne depuis sa cellule pour les législatives de juillet de la même année. Elu, il n’a pas pu siéger. Il a aussi été révoqué de ses fonctions de maire par Macky Sall en août 2018, et n’a pu se présenter à la présidentielle de 2019, remportée dès le premier tour par Macky Sall, au pouvoir depuis 2012.

« Je remercie le chef de l’Etat, qui m’avait promis cette libération. Il l’a fait », a réagi à la télévision une de ses proches, Sowam Wardini, qui lui a succédé à la mairie de Dakar.

L’opposant Ousmane Sonko, arrivé troisième lors de la présidentielle et virulent critique de Macky Sall, a fait part sur Twitter de sa « joie immense ».

« Je me réjouis de savoir qu’il retrouvera incessamment l’affection des siens, dont il n’aurait jamais dû être éloigné. Je salue sa dignité et souhaite son rétablissement plein dans ses droits civiques », a ajouté le député.

– Décrispation –

« La libération de Khalifa Sall est le résultat d’un processus initié au moins depuis le mois d’août pour une décrispation de la vie politique », a déclaré à l’AFP une source proche du dossier.

Le processus s’est accéléré ces derniers jours sous l’égide du chef spirituel de la puissante confrérie des mourides, qui a présidé à la spectaculaire réconciliation, vendredi, entre Macky Sall et son prédécesseur, Abdoulaye Wade, à l’occasion de l’inauguration d’une nouvelle grande mosquée à Dakar.

Selon une source proche du dossier, le processus de décrispation passe aussi par le déblocage du dossier du fils et ex-ministre d’Abdoulaye Wade, Karim. Ce dernier, qui s’oppose également à Macky Sall, avait été condamné en 2015 à six ans de prison ferme et à plus de 210 millions d’euros d’amende pour « enrichissement illicite » du temps où son père était président, ce qu’il a toujours nié.

Après trois ans de prison, il a bénéficié d’une grâce présidentielle et a été libéré le 24 juin 2016.

Il vit depuis lors à l’étranger et est sous la menace d’une nouvelle arrestation s’il rentre au Sénégal sans payer son amende.

Désigné candidat du Parti démocratique sénégalais (PDS, ex-pouvoir) à la présidentielle de 2019, sa candidature avait été rejetée en raison de sa condamnation.

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