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Sergueï Sobianine, le loyal maire modernisateur de Moscou

Apparatchik propulsé maire de Moscou en 2010 par le Kremlin, Sergueï Sobianine n'a pas lésiné sur les moyens pour moderniser…

Apparatchik propulsé maire de Moscou en 2010 par le Kremlin, Sergueï Sobianine n’a pas lésiné sur les moyens pour moderniser la capitale par de titanesques projets d’urbanisme. En réprimant au passage, selon ses pourfendeurs, toute opposition.

Âgé de 60 ans, cet ancien fonctionnaire soviétique à la chevelure argentée avait été nommé maire en octobre 2010 après le limogeage de son prédécesseur haut en couleurs Iouri Loujkov, entré en conflit avec le Kremlin. Loyal lieutenant de Vladimir Poutine ayant fait une partie de sa carrière dans l’ombre du président russe, il peine à se défaire de son image d’austère homme d’appareil.

Grand favori pour être réélu dimanche faute de réelle opposition et fort du soutien du Kremlin et du parti au pouvoir Russie Unie, M. Sobianine met en avant les grands travaux entrepris depuis son arrivée à la mairie pour donner à Moscou une image de ville moderne et plus agréable à vivre.

Sous la direction de ce Sibérien d’origine, la plus grande ville d’Europe s’est embellie de nouvelles zones piétonnes, de vastes parcs et de boulevards flambant neufs. L’opposition dénonce pour sa part des infractions flagrantes au droit à la propriété et un appauvrissement de la vie culturelle au profit d’événements fades sponsorisés par les autorités.

Même plus juste que prévu, sa victoire aux élections municipales en 2013 dès le premier tour avec 51,3% des voix contre 30% pour son adversaire, l’opposant Alexeï Navalny en fait l’un des rares responsables russes à avoir fait face à une compétition réelle dans les urnes.

« Il s’agit de la seule personne qui a affronté Alexeï Navalny et qui l’a remporté. Je pense que c’est digne d’être noté », souligne auprès de l’AFP le politologue Andreï Kolesnikov.

Dans la droite ligne de la stratégie électorale de Vladimir Poutine, Sergueï Sobianine n’a pris part à aucun débat lors de la campagne.

– Coûteux projets –

Les impressionnants plans de M. Sobianine pour changer la mégalopole de plus de 12 millions d’habitants connue pour ses immenses avenues grises et ses bouchons interminables en capitale plus humaine ont souvent transformé Moscou en chantier géant.

« Il a un souhait personnel de transformer Moscou comme les autres capitales européennes modernes », explique l’expert Alexeï Makarkine à l’AFP.

Outre la rénovation de nombreux bâtiments et lieux publics et le lancement d’une nouvelle ligne de trains de banlieue circulaire entre les quartiers de la périphérie, le projet le plus emblématique du maire a été l’aménagement du parc Gorki, vestige de l’époque soviétique longtemps laissé à l’abandon et devenu un lieu branché avec cinéma en plein air, art contemporain et patinoire géante l’hiver.

L’année dernière, il a inauguré un nouveau parc à deux pas du Kremlin avec grotte de glace, toundra miniature et micro-climat sous une coupole en verre. Le projet, qui a coûté 200 millions d’euros, est devenu pour certains le signe de la politique dispendieuse de la capitale au moment où le pays sort à peine d’une récession marquée par de dures mesures de rigueur budgétaire.

Plus récemment, il a lancé un plan controversé de plus de 50 milliards d’euros visant à démolir des milliers d’immeubles datant des années 1950 et 1960 et à reloger leurs habitants, provoquant de multiples protestations.

– Marchés et bulldozers –

Pour les experts, ces coûteux projets ont avant tout un but politique: apaiser la classe moyenne urbaine, qui a mené les manifestations anti-Kremlin à l’hiver 2012.

En 2016, les autorités moscovites ont démoli en une nuit aux bulldozers près d’une centaine de petits kiosques construits illégalement, laissant des milliers de travailleurs sur le carreau. Depuis, ils ont été remplacés par des marchés flambants neufs et des cafés onéreux.

Né dans la région de Tioumen, en Sibérie occidentale, M. Sobianine a d’abord été ouvrier qualifié dans une usine de tuyauterie avant d’occuper des fonctions au sein des jeunesses communistes et d’être promu en 2000 adjoint au représentant du Kremlin dans l’Oural par le président Poutine.

L’année suivante, il est devenu gouverneur de Tioumen, région riche en hydrocarbures, avant d’être appelé à Moscou en 2005 pour prendre le poste stratégique de chef de l’administration du Kremlin.

Très discret sur sa vie privée, M. Sobianine, marié et père de deux enfants, a révélé dans un de ses rares entretiens avec la presse qu’il était un grand amateur de chasse et de ski.

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