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Simone Gbagbo, l’ex-« Dame de fer » ivoirienne, retrouve la liberté

L'ancienne "Dame de fer" de Côte d'Ivoire Simone Gbagbo, qui a connu les sommets du pouvoir puis la chute avec…

L’ancienne « Dame de fer » de Côte d’Ivoire Simone Gbagbo, qui a connu les sommets du pouvoir puis la chute avec son mari Laurent, a été libérée mercredi après sept ans de détention, bénéficiant d’une amnistie du président Alassane Ouattara.

Incarcérée après la sanglante crise post-électorale qui a fait 3.000 morts en 2010-2011 et la défaite militaire de son camp face à celui de l’actuel président Alassane Ouattara, Simone Gbagbo avait été condamnée en 2015 à 20 ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’Etat ».

A 69 ans, l’ex-Première dame est apparue souriante, quoique fatiguée, devant un millier de ses partisans en liesse qui l’ont accueillie à sa résidence de Cocody, un quartier huppé d’Abidjan. Chrétienne évangélique pratiquante, elle a longuement remercié Dieu, puis ses partisans du Front populaire ivoirien (FPI), auprès desquels elle est restée populaire.

En femme politique, elle n’a pu s’empêcher de lancer une courte harangue aux accents bibliques : « Militants, militantes, levez-vous pour une nouvelle page ! »

Simone Gbagbo s’est forgée une réputation de dureté, d’abord comme opposante dans la rue puis comme influente épouse de président, entre 2000 et 2010. Elle a été autant respectée pour son militantisme que crainte pour son rôle de « présidente » à poigne, accusée d’être liée aux « escadrons de la mort » contre les partisans de M. Ouattara, qu’elle a toujours honni.

Simone Ehivet est née en 1949 d’un père gendarme, dans une famille de dix-huit enfants. Elle a fait des études d’histoire et de linguistique.

– « alter ego » –

Mais ses passions sont le syndicalisme et l’engagement politique, passant du marxisme au christianisme évangélique après avoir échappé « miraculeusement » en 1998 à un accident de voiture.

Plusieurs fois emprisonnée dans les années 1970, puis 1990, pour avoir dénoncé publiquement le « Vieux », l’ancien président Félix Houphouët-Boigny, elle cofonde en 1982 ce qui deviendra le Front populaire ivoirien (FPI, gauche) dont elle sera députée en 1995.

Le 19 janvier 1989, elle épouse, en secondes noces, le « camarade » Laurent Gbagbo. Elle a cinq filles, dont deux de M. Gbagbo.

Lorsqu’éclate la rébellion du Nord de 2002, Simone Gbagbo défend son mari, dénonce la « sédition » et la partition du pays et sera – plus ou moins publiquement – hostile aux accords de paix successifs.

« Dieu a donné la victoire à Laurent », commente-t-elle huit ans plus tard au lendemain du second tour de la présidentielle contestée du 28 novembre 2010.

Quand le pays plonge dans la crise post-électorale, « Simone » ou « Maman », comme l’appellent ses admirateurs, fustige le « chef bandit » Alassane Ouattara et le « diable » Nicolas Sarkozy, le président français d’alors.

Lors de son arrestation mouvementée le 11 avril 2011 au côté de son mari, elle était apparue le regard apeuré, les traits tirés et les cheveux en bataille, une fin de règne piteuse après plus de dix ans comme Première Dame ivoirienne.

Si, selon la CPI, qui la réclame toujours pour la juger, elle s’est imposée en « alter ego » politique de son mari, leur union privée s’est étiolée. Il y a quelques années, M. Gbagbo s’est uni à Nady Bamba, une ex-journaliste, au cours d’un mariage coutumier.

Simone Gbagbo a par ailleurs été entendue par la justice française dans la disparition du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer en 2004 à Abidjan.

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