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Soudan: dispersion d’une nouvelle manifestation antigouvernementale

La police soudanaise a dispersé mercredi par des tirs de gaz lacrymogènes une manifestation antigouvernementale à Kassala, la première à…

La police soudanaise a dispersé mercredi par des tirs de gaz lacrymogènes une manifestation antigouvernementale à Kassala, la première à se tenir dans cette ville de l’est du Soudan depuis le début de la contestation il y a quatre semaines, selon des témoins.

La manifestation à Kassala est survenue quelques jours après un rassemblement de soutien au président Omar el-Béchir dans cette même ville.

Aux cris de « Liberté, justice et paix », les manifestants ont défilé dans la rue avant l’intervention de la police qui a tiré des gaz lacrymogènes pour les disperser, ont précisé les témoins par téléphone à l’AFP.

Les magasins ont baissé leurs rideaux dans le principal marché de la ville pendant la manifestation.

En plein marasme économique, le Soudan est en proie depuis le 19 décembre à un mouvement de contestation provoqué par la hausse du prix du pain et les pénuries de pain et de carburant. Les manifestations se sont vite transformées en un mouvement contre le régime de M. Béchir, arrivé au pouvoir en 1989 à la faveur d’un coup d’Etat soutenu par les islamistes.

Vingt-quatre personnes sont mortes depuis le 19 décembre, selon un bilan officiel. Les ONG Human Rights Watch et Amnesty International parlent elles d’au moins 40 morts.

Les manifestations ont commencé dans plusieurs villes avant de gagner la capitale Khartoum, et plusieurs bâtiments et bureaux du parti du Congrès national (NCP) de M. Béchir ont été incendiés par les protestataires.

Le 7 janvier, un premier rassemblement progouvernemental a eu lieu à Kassala où des manifestants ont brandi des banderoles avec la mention « Béchir, nous voulons que vous restiez ». Le 9 janvier, un autre premier rassemblement pro-Béchir a eu lieu à Khartoum.

L’état d’urgence est en vigueur depuis l’année dernière à Kassala, où les autorités cherchent à confisquer les armes et à combattre le trafic de drogue et d’être humains.

L’un des organisateurs des manifestations, l’Association des professionnels, qui regroupe notamment médecins, professeurs et ingénieurs, a appelé à une nouvelle marche jeudi en direction du palais présidentiel à Khartoum, ainsi qu’à des rassemblements dans d’autres villes dont Port Soudan et al-Gadaref (est).

La semaine dernière, la Commission nationale des Droits de l’Homme a condamné « l’usage de balles réelles contre les citoyens ». C’était la première fois qu’un organisme gouvernemental reconnaissait l’usage de balles réelles contre les manifestants.

Environ 1.000 personnes dont des militants, des leaders de l’opposition et des journalistes, ont été arrêtées dans différentes villes du Soudan depuis le 19 décembre, selon des groupes de défense des droits de l’Homme.

Ces derniers jours, M. Béchir a imputé la violence à des « voyous » et des « conspirateurs » et affirmé que la contestation ne parviendrait pas à « un changement de pouvoir ».

La prochaine présidentielle est prévue en 2020. Une troisième candidature de M. Béchir, 75 ans, est pressentie.

Amputé des trois quarts de ses réserves de pétrole depuis l’indépendance du Soudan du Sud en 2011, le pays est confronté à une inflation de près de 70% par an.

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