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Soudan: les militaires mettent en garde la contestation avant une manifestation

Le Conseil militaire de transition dirigeant le Soudan a averti samedi le principal mouvement de contestation qu'il le tiendrait responsable…

Le Conseil militaire de transition dirigeant le Soudan a averti samedi le principal mouvement de contestation qu’il le tiendrait responsable de « tout acte de vandalisme » ou « perte humaine » lors d’une manifestation prévue dimanche pour réclamer un pouvoir civil.

Les généraux, qui tiennent les rênes du pays depuis la destitution du président Omar el-Béchir le 11 avril, ont aussi assuré que l’armée souhaitait remettre le pouvoir aux civils.

Depuis l’éviction de M. Béchir après plusieurs mois de manifestations populaires, le Conseil militaire est engagé dans un bras de fer avec la contestation, qui a appelé à une nouvelle mobilisation massive dimanche pour réclamer un transfert du pouvoir aux civils.

C’est le premier appel de cette envergure lancée par l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation, depuis la dispersion dans le sang le 3 juin d’un sit-in de manifestants devant le QG de l’armée à Khartoum.

« Nous ferons porter l’entière responsabilité à l’ALC en cas de perte humaine durant la marche (de dimanche) ou pour tout acte de vandalisme contre les citoyens ou les institutions étatiques », a affirmé le Conseil militaire dans un communiqué relayé par l’agence de presse officielle Suna.

« Il y a des casseurs, des gens qui ont des motifs cachés, nous ne voulons pas de problèmes », a prévenu de son côté le numéro deux du Conseil militaire, le général Mohammed Hamdan Daglo dit « Hemeidti », s’adressant à « ceux qui appellent à des marches du million » de personnes.

« Nous ne sommes pas contre les gens, ni contre le pacifisme », a déclaré le général, qui dirige les Forces de soutien rapide (RSF), lors d’une allocution retransmise à la télévision publique.

– « Céder le pouvoir » –

Lourdement armées et déployées à travers la capitale, les RSF sont accusées par la contestation et des ONG d’avoir mené la dispersion meurtrière du sit-in le 3 juin.

Au moins 128 personnes ont été tuées lors de cette opération et durant la répression des jours suivants, selon des médecins proches de la contestation. Les autorités ont évoqué un bilan de 61 morts.

Le Conseil militaire a affirmé ne pas avoir ordonné la dispersion, assurant qu’il s’agissait à l’origine d’une opération antidrogue dans le secteur voisin de Columbia.

Les généraux semblaient particulièrement mobilisés à la veille de la manifestation. Le chef du Conseil militaire, Abdel Fattah al-Burhane, s’est offert un bain de foule dans la banlieue d’Omdurman, ville voisine de Khartoum.

« Nous vous promettons qu’avec les frères de l’ALC et les autres partis politiques, nous allons rapidement arriver à un accord », a-t-il lancé dans une brève allocution.

« Nous sommes prêts dès aujourd’hui à céder le pouvoir à un gouvernement élu, accepté par tout le peuple soudanais », a-t-il ajouté.

Rapidement toutefois, la foule venue l’écouter a commencé à scander « civil, civil », ou encore « le sang pour le sang », slogan utilisé durant les manifestations pour réclamer que justice soit faite pour la répression.

Réclamant d’abord le départ de M. Béchir qui tenait d’une main de fer le Soudan depuis 30 ans, les participants au sit-in étaient restés mobilisés après la chute de l’ex-chef d’Etat pour faire pression sur les militaires et obtenir le transfert du pouvoir aux civils.

Ces dernières semaines, les protestataires ont tenu de petits rassemblements à travers la capitale, parfois dispersés par les forces de sécurité qui ont fait usage de gaz lacrymogènes.

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