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Soudan: l’état d’urgence ne vise pas les manifestants (vice-président)

Le vice-président soudanais a assuré mercredi que l'état d'urgence décrété récemment dans tout le pays n'était pas destiné à juguler…

Le vice-président soudanais a assuré mercredi que l’état d’urgence décrété récemment dans tout le pays n’était pas destiné à juguler les manifestations contre le président Omar el-Béchir mais à lutter contre la contrebande.

Les propos de Awad Ibnouf, récemment nommé premier vice-président, interviennent au lendemain de critiques de quatre pays occidentaux qui ont dénoncé un « retour à un régime militaire » au Soudan.

Ce pays est secoué depuis le 19 décembre par des manifestations quasi quotidiennes déclenchées par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, dans un pays en plein marasme économique.

La contestation s’est vite transformée en un mouvement réclamant le départ de M. Béchir, 75 ans et au pouvoir depuis 1989.

Après avoir instauré vendredi l’état d’urgence, le président Béchir a décrété que seules les manifestations autorisées seraient tolérées.

« L’état d’urgence n’a rien à voir avec les manifestations, dans la mesure où ceux qui protestent sont des citoyens soudanais », a déclaré M. Ibnouf à la presse après une réunion avec le président.

L’état d’urgence vise à juguler la contrebande qui détruit le pays », a-t-il dit sans plus de détails.

Des responsables soudanais ont régulièrement affirmé que la contrebande d’or et d’autres matières fragilisait une économie déjà très en difficulté.

Mardi, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada et la Norvège ont déploré le « retour à un régime militaire » au Soudan.

« Autoriser les forces de sécurité à agir dans l’impunité est de nature à davantage porter atteinte aux droits humains, à la bonne gouvernance et à la gestion économique », ont-ils indiqué dans un communiqué commun.

Les quatre pays ont appelé à la libération de toutes les personnes arrêtées lors des dernières manifestations, jugeant « inacceptable l’utilisation de balles réelles contre les manifestations ou les mauvais traitements contre les détenus ».

Le puissant Service national du renseignement et de la sécurité (NISS) mène la répression et a arrêté depuis décembre des centaines de manifestants, leaders de l’opposition, militants et journalistes, d’après des ONG.

Selon un bilan officiel, 31 personnes sont mortes depuis le 19 décembre. L’ONG Human Rights Watch (HRW) évoque le chiffre de 51 morts.

M. Béchir, qui fait face au plus sérieux défi depuis son arrivée au pouvoir il y a 30 ans, a par ailleurs annoncé la dissolution du gouvernement aux niveaux fédéral et provincial et la nomination à la tête des 18 régions du pays de 16 officiers de l’armée et deux responsables de la sécurité.

Et mercredi, le pouvoir judiciaire a déclaré avoir établi des « tribunaux d’exception » dans toutes provinces du pays.

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