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Soudan: un rassemblement en hommage aux manifestants tués

Des centaines de manifestants ont tenu mardi un "rassemblement pour les martyrs" dans une ville de l'est du Soudan où…

Des centaines de manifestants ont tenu mardi un « rassemblement pour les martyrs » dans une ville de l’est du Soudan où plusieurs personnes ont été tuées lors des protestations antigouvernementales le mois dernier, ont indiqué des témoins.

En plein marasme économique, le Soudan est en proie depuis le 19 décembre à un mouvement de contestation provoqué par la hausse du prix du pain et les pénuries.

Au moins 19 personnes, dont deux membres des forces de sécurité, ont été tuées durant les manifestations, selon les autorités. Amnesty International a fait état de la mort de 37 manifestants et l’ONU a appelé à une enquête indépendante.

Six personnes ont été tuées à Al-Gadaref, une ville pauvre et agricole de l’est du pays, durant ces manifestations qui se sont rapidement transformées en un mouvement contre le régime d’Omar el-Béchir, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 1989.

Mardi, des manifestants ont organisé un « rassemblement pour les martyrs », selon les termes des organisateurs, en hommage aux personnes tuées à Al-Gadaref.

Le marché principal a fermé et les manifestants, rassemblés dans le centre-ville, ont scandé: « paix, justice, liberté » et « la révolution est le choix du peuple ».

La police a tiré des lacrymogènes sur des manifestants qui se préparaient à marcher en direction du siège du conseil local, ont rapporté des témoins.

– Appel au départ de Béchir –

Certains protestataires ont toutefois réussi à pénétrer dans l’enceinte du bâtiment et l’un d’eux a lu le texte d’une pétition réclamant le départ du président Béchir, a indiqué par téléphone à l’AFP un témoin.

Le rassemblement a été organisé par l’Association professionnelle soudanaise, constituée d’enseignants, médecins et ingénieurs, et qui est à l’origine de plusieurs manifestations. Les autorités n’étaient pas joignables pour commenter.

Plus de 800 manifestants ont été arrêtés depuis le début du mouvement de contestation, a dit lundi le ministre de l’Intérieur Ahmed Bilal Osmane.

Il n’a pas fait allusion aux leaders de l’opposition, militants et journalistes interpellés par le puissant Service national du renseignement et de la sécurité, selon des militants et opposants.

La Grande-Bretagne, la Norvège, les Etats-Unis et le Canada se sont dits, mardi, « consternés par les informations faisant état de morts et de blessés graves » et par « l’usage de balles réelles contre les manifestants ».

Ils ont appelé dans un communiqué commun Khartoum à mener « le plus tôt possible une enquête indépendante et transparente » et à libérer les personnes détenues sans accusations, prévenant que les actions du gouvernement « auraient un impact » sur leurs relations.

Amputé des trois quarts de ses réserves de pétrole depuis l’indépendance du Soudan du Sud en 2011, le pays est confronté à une inflation de près de 70% par an et à une grave crise monétaire.

Plusieurs villes souffrent de pénuries de pain et de carburant.

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