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Soulèvements et contestations dans le monde arabe depuis 2011

De l'Algérie, secouée par une contestation inédite, à la Syrie, dévastée par un conflit meurtrier, plusieurs pays du monde arabe…

De l’Algérie, secouée par une contestation inédite, à la Syrie, dévastée par un conflit meurtrier, plusieurs pays du monde arabe ont connu des mouvements populaires réclamant des réformes démocratiques.

Si seule la Tunisie est parvenue à consolider sa démocratisation huit ans après le déclenchement des « Printemps arabes », d’autres ont basculé dans la guerre, la répression ou le chaos.

– L’étincelle tunisienne –

Le 17 décembre 2010, l’immolation d’un marchand ambulant, excédé par la misère et les brimades policières, déclenche un soulèvement populaire. Le 14 janvier 2011 le régime de Zine El Abidine Ben Ali tombe après 23 ans de règne.

En 2014, la Tunisie adopte une nouvelle Constitution, puis organise des législatives, remportées par le parti anti-islamiste Nidaa Tounès devant les islamistes d’Ennahda, majoritaires jusqu’alors. En décembre, Béji Caïd Essebsi est élu président au suffrage universel.

Après trois attentats majeurs revendiqués par le groupe extrémiste Etat islamique (EI) en 2015, la situation sécuritaire s’est améliorée. Des élections législatives et présidentielle sont prévues à l’automne.

– Répression en Egypte –

Le 25 janvier 2011, débutent de manifestations massives contre Hosni Moubarak, à la tête du pays depuis près de 30 ans. Après 18 jours de révolte populaire (près de 850 morts), le président Moubarak remet ses pouvoirs à l’armée.

En juin 2012, Mohamed Morsi, candidat des Frères musulmans, est élu président, devenant le premier islamiste chef de l’Etat. Mais après une année marquée par des crises et une contestation politique, il est renversé par l’armée dirigée par Abdel Fattah al-Sissi.

Les Frères musulmans font l’objet d’une implacable répression. Selon Amnesty International, en sept mois, 1.400 personnes sont tuées, des manifestants islamistes pour l’immense majorité.

Elu président en 2014, puis réélu en 2018, M. Sissi est régulièrement accusé par les organisations de défense des droits humains d’avoir instauré un régime ultra-répressif, y compris contre l’opposition laïque.

– Le Yémen au bord de la famine –

Le 27 janvier 2011, commence une contestation mobilsant des dizaines de milliers de manifestants réclamant le départ d’Ali Abdallah Saleh. Celui-ci cède le pouvoir en février 2012 à son vice-président Abd Rabbo Mansour Hadi, après 33 ans à la tête du pays.

En 2014, des rebelles chiites Houthis s’emparent de vastes régions dont la capitale Sanaa. En mars 2015, l’Arabie saoudite prend la tête d’une coalition arabe pour stopper l’avancée des Houthis.

Le conflit a fait quelque 10.000 morts, selon l’Organisation mondiale de la santé. 10 millions de personnes sont au bord de la famine.

– Contestation à Bahreïn –

Le 14 février 2011, des manifestants se rassemblent place de la Perle au centre de Manama pour demander des réformes et une meilleure représentation politique de la majorité chiite dans ce pays gouvernée par une monarchie sunnite. Ils y resteront près d’un mois avant d’en être chassés par la force. Le petit royaume est en proie à des troubles sporadiques depuis.

Les procès d’opposants se sont multipliés, les ONG de défense des droits humains dénonçant des procédures inéquitables. Des centaines de dissidents sont actuellement emprisonnés, jugés ou déchus de leur nationalité.

– Le chaos en Libye –

Du 15 au 17 février 2011, début de protestations sans précédent contre le régime de Mouammar Kadhafi, violemment réprimées, notamment à Benghazi, dans l’Est. Le soulèvement devenu conflit armé aboutit à la chute de Tripoli en août, grâce à l’appui de l’Otan. Le 20 octobre, Kadhafi, en fuite, est tué à Syrte, sa ville natale.

Le pays est désormais dirigé par deux entités rivales: le Gouvernement d’union nationale, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, et un cabinet parallèle installé dans l’Est. Il est aussi déchiré par des luttes d’influence entre de nombreuses milices.

L’EI a occupé durant des mois la ville de Syrte, avant d’en être chassé fin 2016.

– Guerre en Syrie –

La Syrie est dévastée par 8 ans d’une guerre qui a fait plus de 370.000 morts et poussé à l’exode plus de 13 millions de personnes.

Le 15 mars 2011, des dizaines de personnes défilent aux cris de « liberté » à Damas. Les manifestations réclamant des changements démocratiques s’étendent dans le pays gouverné d’une main de fer depuis 1971 par la famille Assad, Bachar al-Assad ayant succédé en 2000 à son père Hafez. Mais réprimé dans le sang, la contestation se transforme en une insurrection armée avant de dégénérer en une guerre totale en 2012.

En 2013-2014, des organisations jihadistes comme le Front al-Nosra, branche d’Al-Qaïda, puis l’EI montent en puissance.

Grâce au soutien militaire de ses alliés –la Russie, l’Iran et le Hezbollah libanais–, le régime syrien reprend des territoires aux rebelles et aux jihadistes. Il contrôle aujourd’hui près des deux tiers du pays.

Le 23 mars 2019, les Forces démocratiques syriennes, soutenues par une coalition menée par Washington, annoncent au terme d’une longue offensive la fin du « califat » proclamé par l’EI sur les territoires alors conquis en Irak et en Syrie.

– Manifestations massives en Algérie –

Le 22 février 2019, des milliers de personnes manifestent contre la candidature à un 5e mandat d’Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999 et à la santé défaillante.

M. Bouteflika renonce le 11 mars et reporte la présidentielle prévue le 18 avril, prolongeant de fait sine die son mandat actuel.

Mais les appels à manifester se poursuivent et le chef de l’Etat est lâché le 26 mars par son fidèle allié, le général Ahmed Gaïd Salah qui propose que M. Bouteflika soit déclaré inapte à exercer le pouvoir en vertu de la Constitution, ou qu’il démissionne.

Le 1er avril, la présidence de la République annonce que M. Bouteflika démissionnera avant l’expiration de son mandat le 28 avril.

Dès le lendemain, le général Gaïd Salah, demande que soit « appliquée immédiatement » la procédure constitutionnelle permettant d’écarter le président du pouvoir.

Peu après, M. Bouteflika informe le Conseil constitutionnel de sa démission à compter du jour-même, selon la télévision d’Etat.

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