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Soumaïla Cissé: redonner la « fierté » aux Maliens

Les Maliens avaient "la fierté à fleur de peau. Ils se sentent maintenant tout petits": le chef de file de…

Les Maliens avaient « la fierté à fleur de peau. Ils se sentent maintenant tout petits »: le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, l’un des favoris à la présidentielle de dimanche, veut redonner espoir à un pays qui « se meurt ».

« Pour ma campagne, j’ai fait une dizaine de pays. Et je vois quelle est la perception du Mali aujourd’hui », a déclaré à l’AFP M. Cissé Cissé, qui a présidé de 2004 à 2011 la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa, 8 Etats membres).

« Le Mali était connu comme un pays de gens qui ont une fierté à fleur de peau, mais qui se sentent tout petits, se sentent humiliés, et je crois que ça donne de l’apathie », ajoute d’une voix posée le candidat de 68 ans, lors d’un déplacement de campagne à Mopti.

Sans jamais citer le nom du président Ibrahim Boubacar Keïta, qui l’avait largement battu au second tour en 2013 et brigue un second mandat, il en prend le contrepied à chacun des sujets évoqués.

Pour l’ancien ministre, qui a notamment détenu le portefeuille des Finances, le Mali « se meurt ». Dans le centre, « il n’y a pas d’administration, il y a plus de 500 écoles fermées, plus de centres de santé, plus d’investissements d’eau », énumère-t-il.

Quant aux violences intercommunautaires, qui ont fait plus de 300 morts depuis le début de l’année, essentiellement dans le centre du pays, selon l’ONU, elles sont « d’abord dues à la pauvreté, qui s’est accrue ces dernières années ». « Cela crée des tensions, des difficultés, des compétitions sur les ressources », dit-il.

Mais Soumaïla Cissé dénonce également un « manque réel d’autorité de l’Etat ». « Certains citoyens finissent par se faire justice eux-mêmes et ça c’est très dangereux ».

Pour enrayer le cycle d’atrocités et de représailles il plaide pour « un vrai dialogue », à la fois au sein des communautés et entre elles. « Surtout, n’en faisons pas une affaire administrative, où on a le préfet, le gouverneur, le maire… Il faut que les gens se parlent au quotidien » pour parvenir à une paix véritable, dit-il.

– Corruption en cascade –

Quant à la persistance de groupes jihadistes, malgré la présence de forces internationales, il considère qu’il s’agit d’un « problème africain, européen, mondial ».

Sur l’accord de paix signé en 2015, dont l’application accumule les retards, le chef de l’opposition reproche au chef de l’Etat d’avoir longtemps dédaigné le dialogue avec des responsables de groupes armés qu’il ne jugeait « pas à sa hauteur ».

Il estime qu’il « faut repartir avec un nouveau gouvernement qui a la volonté sincère d’appliquer le document ». Selon lui, « l’accord ne va pas s’appliquer tout seul, il faut des hommes et des femmes derrière ».

Citant l’éducation et la santé comme moteur de la lutte contre la pauvreté, Soumaïla Cissé propose de réduire le « train de vie de l’Etat ».

Entre « le nombre de véhicules, le gaspillage lié au carburant, aux voyages », les gisements d’économies sont nombreux, affirme-t-il.

« Surtout, on peut lutter efficacement contre la corruption », insiste-t-il. « Il y a une corruption à haut niveau, mais il y a une corruption jusqu’au niveau des détails, même pour voir un médecin, un infirmier, un enseignant ».

D’où l’importance de donner l’exemple au sommet de l’Etat, souligne le candidat: « Si celui qui est devant est vertueux, ceux qui sont derrière deviennent vertueux. Mais s’il est vicieux, ils deviennent plus vicieux que lui ».

Expliquant avoir découvert une « large fraude sur le fichier électoral », ce que les autorités démentent, Soumaïla Cissé se dit « inquiet pour une démocratie déjà balbutiante ».

« Ce qu’on peut dire, c’est qu’on a un gouvernement qui triche, un président qui triche. Il ne mérite pas d’être réélu », accuse-t-il.

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