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Sous le coup d’un mandat d’arrêt, l’ex-président sud-africain Zuma contre-attaque

L'ancien président sud-africain Jacob Zuma, poursuivi pour corruption, a contre-attaqué au mandat d'arrêt qui le vise en postant mercredi soir…

L’ancien président sud-africain Jacob Zuma, poursuivi pour corruption, a contre-attaqué au mandat d’arrêt qui le vise en postant mercredi soir une photo de lui avec une carabine, une réaction saluée par ses nombreux partisans qui crient à la « vendetta » contre leur protégé.

M. Zuma, au pouvoir de 2009 à 2018, était convoqué mardi devant la Haute Cour de Pietermaritzburg (est) pour une audience préliminaire à son procès dans une affaire de contrat d’armement. Il ne s’est pas présenté, se faisant porter pâle.

Son avocat a présenté au tribunal un certificat médical pour justifier l’absence de son client âgé de 77 ans, mais le tribunal l’a jugé insuffisant.

« La cour accepte que M. Zuma puisse ne pas être en bonne santé », mais elle a besoin de « preuves fiables », a déclaré la juge Dhaya Pillay, énumérant des points, selon elle, suspicieux.

Le certificat médical émis par un hôpital militaire ne précise pas les maux dont souffre l’ancien président. Dans la case « diagnostic », il est simplement écrit « condition générale ».

La date du certificat semble avoir été modifiée, mais ce changement n’a pas été paraphé, a souligné la magistrate émettant aussi des doutes sur le fait que l’auteur du certificat soit un docteur enregistré auprès de l’ordre des médecins.

C’est au vu de ces éléments que la justice a émis un mandat d’arrêt contre l’ex-président, qui sera effectif le 6 mai, date de la prochaine audience.

Mercredi soir, Jacob Zuma a réagi en postant un tweet, le premier depuis fin décembre, où on le voit en train de tirer à la carabine. Le cliché n’est accompagné d’aucun commentaire.

Le secrétaire général de son parti, le Congrès national africain (ANC, au pouvoir), Ace Magashule, a reposté le tweet accompagné du commentaire « La bataille des soldats, la bataille des guérillas », en référence à une chanson de la lutte contre l’apartheid.

– ‘Pas touche’ –

« Pas touche à l’ancien président », a prévenu l’un des fils de M. Zuma, Edward.

« Ils essaient de le coincer mais ils ne peuvent rien trouver contre lui. Ils ne peuvent pas le laisser tranquille profiter de sa retraite ? », a-t-il lancé dans un communiqué.

Interrogé sur la chaîne eNCA sur le cliché posté par son père, Edward Zuma a exclu que l’ancien président l’ait publié pour répondre au mandat d’arrêt.

Ce sont des personnes mal intentionnées qui « l’interprètent » ainsi, a-t-il affirmé. La carabine « est purement pour tuer des oiseaux », a-t-il relevé.

Mais le moment choisi pour poster cette photo, prise il y a deux ans selon son fils, laisse peu de place au doute sur les véritables intentions de M. Zuma, observent les experts.

« Ce cliché le dépeint comme un guerrier » au moment où il est sous le coup d’un mandat d’arrêt, a estimé à l’AFP l’analyste politique Daniel Silke. C’est une « bravade », destinée autant aux détracteurs qu’aux partisans de M. Zuma.

Plus de 20.000 personnes avaient « liké » le tweet jeudi en début d’après-midi.

Deux ans après sa démission forcée de la présidence sud-africaine, à cause de nombreux scandales, il bénéficie de nombreux soutiens au sein de son parti, qui reste divisé entre pro et anti-Zuma.

– ‘Parodie de justice’ –

Ce mandat d’arrêt « est une parodie de justice », a dénoncé l’une de ses plus fidèles supportrices, Bathabile Dlamini, à la tête de la ligue des femmes de l’ANC.

Il s’apparente à « une vendetta personnel » contre M. Zuma, a-t-elle affirmé, soulignant que l’authenticité du certificat médical était « facilement vérifiable ».

Le médecin qui a signé le document, ZK Motene, est de fait inscrit à l’ordre des médecins en Afrique du Sud, selon le site internet de l’organisation. « Il est depuis longtemps le docteur de M. Zuma », a précisé à l’AFP une source à la présidence.

Ce mandat d’arrêt est « une indication claire que M. Zuma n’aura « pas de procès juste », a conclu la ligue des jeunes de l’ANC dans la province du KwaZulu-Natal (est), la province dont est originaire l’ancien président.

M. Zuma, longtemps réputé inatteignable, est accusé d’avoir touché 4 millions de rands – environ 245.000 euros au cours actuel – de pots-de-vin de la part de l’entreprise française de Thales, dans le cadre d’un énorme contrat d’armement attribué en 1999. Il a toujours nié les allégations.

Le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA) , espère elle que le mandat d’arrêt envoie « un message fort à M. Zuma que ses combines pour échapper à la justice ne seront pas tolérées ».

Dans son avant-dernier tweet, posté le 29 décembre, l’ancien président apparaissait bien portant, souriant, chantant et dansant.

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