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Sud syrien: les rebelles reprennent les négociations, la Russie intransigeante à l’ONU

Les rebelles du sud syrien, qui ont subi jeudi un déluge de feu du régime sans précédent dans cette région,…

Les rebelles du sud syrien, qui ont subi jeudi un déluge de feu du régime sans précédent dans cette région, ont annoncé leur retour à des négociations avec la Russie, qui s’est opposée à l’adoption par le Conseil de sécurité d’une déclaration sur la situation humanitaire locale.

Toute la nuit et pendant la journée de jeudi, des « centaines » de missiles et de barils d’explosifs ont été lancés par l’aviation syrienne et celle de son allié russe sur les zones rebelles du sud, notamment près de la ville de Deraa, chef-lieu de la province du même nom, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

« Il s’agit de la nuit (…) la plus violente depuis le début de l’offensive barbare du régime syrien et des forces d’occupation russes », a écrit sur Twitter le militant Omar al-Hariri, dans la ville de Deraa.

Bahaa Mahameed, un médecin travaillant dans l’ouest de la province, a déclaré que de nombreux civils blessés avaient été transportés dans sa clinique: « Nous ne pouvons même pas trouvé d’endroit sûr pour eux ».

« Les bombardements n’ont pas cessé un seul instant », a déclaré à l’AFP Samer Homsi, 47 ans, qui a fui la ville de Deraa avec sa femme et ses quatre enfants.

Acculés, les rebelles n’ont ainsi eu d’autre choix que de reprendre des négociations entamées la semaine dernière et dont ils avaient annoncé l’échec mercredi.

– « Enfer » –

« Les pourparlers vont reprendre », a déclaré à l’AFP un porte-parole des rebelles, Hussein Abazeed, qui a expliqué qu’aucune date n’avait été fixée mais qu’une réunion aurait probablement lieu vendredi.

« Nous nous sommes mis d’accord sur une cessation des hostilités immédiate pour avoir un nouveau round de négociations. Nous demandons de réelles garanties et le parrainage de l’ONU », a indiqué de son côté le commandement rebelle, dans un communiqué.

Dans le même temps, l’OSDH a affirmé que les raids aériens s’étaient arrêtés.

Selon un correspondant de l’AFP qui se trouvait à l’entrée de la ville de Deraa, le pilonnage de jeudi a été le plus violent depuis le début le 19 juin de l’assaut lancé par le régime pour reprendre la totalité de la province, qui borde la Jordanie et le plateau du Golan en majeure partie occupé par Israël.

Six civils ont péri à Saida, dans l’ouest de la province, selon l’ONG, portant à 149, dont 30 enfants, le nombre de civils tués depuis le 19 juin. Saida été ensuite reprise par le régime selon les médias officiels et l’OSDH.

Par ailleurs, les forces du régime ont réussi jeudi à atteindre la frontière jordanienne dans la province de Deraa, pour la première fois depuis plus de trois ans, selon l’OSDH.

Les rebelles ont laissé aux forces du régime une large bande frontalière d’environ 275 km2, a précisé son directeur Rami Abdel Rahmane.

Mais le principal poste-frontière de Nassib est toujours entre leurs mains, a-t-il dit.

Les bombardements dans le sud syrien avaient repris mercredi après l’échec des négociations avec des représentants russes qui cherchent, au nom du régime, à convaincre les insurgés de désarmer.

Ces dernières années, le régime a repris de larges pans du territoire grâce au soutien militaire russe. Dans ses reconquêtes, le pouvoir a adopté une stratégie alliant bombardements meurtriers et négociations pour des accords dits de « réconciliation » qui s’apparentent à une capitulation.

Plus de 30 localités de la province de Deraa sont passées sous contrôle du régime en vertu de ces accords, outre celles reprises par la force, permettant à ce dernier d’avoir la main sur plus de 60% de la province.

– « 750.000 vies en danger » –

Depuis 2011, toutes les initiatives internationales visant à trouver une solution au conflit en Syrie qui a fait plus de 350.000 morts ont échoué.

A l’ONU, la Russie s’est opposée jeudi à l’adoption par le Conseil de sécurité d’une déclaration sur la situation dans le sud de la Syrie, après une réunion d’urgence.

Un diplomate, sous couvert d’anonymat, a indiqué que tout avait été essayé pour que Moscou accepte une déclaration centrée sur l’aide humanitaire, mais en vain. Les Russes « sont sur leur offensive », a-t-il dit.

Dans un communiqué, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a affirmé que « 750.000 vies étaient en danger » dans le sud-ouest syrien où le nombre de personnes déplacées atteint « 325.000 ».

D’après le Comité international de secours, les familles déplacées doivent lutter contre des températures très élevées, jusqu’à 45°, des vents du désert, des scorpions et serpents.

Des déplacés ont trouvé refuge près de la frontière jordanienne et de la ligne de cessez-le-feu avec Israël sur le Golan, où ils vivent dans un dénuement total. Mais ni la Jordanie ni Israël ne veut les accueillir.

Le Conseil norvégien pour les réfugies (NRC) a pressé jeudi la Jordanie d' »ouvrir ses frontières » aux déplacés et réclamé que la communauté internationale apporte son aide à ce pays pour qu’il puisse faire face à cette « crise humanitaire ».

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