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Suisse: requête pour placer Bouteflika sous curatelle

Une requête a été déposée vendredi devant un tribunal suisse pour demander le placement sous curatelle du président algérien Abdelaziz…

Une requête a été déposée vendredi devant un tribunal suisse pour demander le placement sous curatelle du président algérien Abdelaziz Bouteflika, actuellement soigné en Suisse et candidat à un cinquième mandat.

Dans cette requête déposée devant le Tribunal de Protection de l’adulte et de l’enfant de Genève, l’avocate Saskia Ditisheim, présidente de la branche suisse de l’ONG Avocats sans frontières, demande la nomination d’un ou plusieurs curateurs en invoquant l’état de santé de M. Bouteflika.

La requête n’a pas été déposée au nom d’Avocats sans frontières.

Il n’est pas clair si le tribunal suisse admettra d’examiner cette requête et si elle a une chance d’être acceptée.

Agissant pour le compte d’une citoyenne algérienne non identifiée, l’avocate affirme que la « santé fragile » de Bouteflika l’expose à être « manipulé » par son entourage.

Elle estime « évident que le président algérien est à ce jour incapable de discernement, dans un état de santé très précaire, et que tous ses actes, aussi bien le dépôt de sa candidature que les communiqués, ne sont pas effectués par lui-même mais par son entourage politique et familial qui le manipule ».

Des manifestations se succèdent depuis le 22 février en Algérie pour demander au président Bouteflika, 82 ans, de renoncer à briguer un cinquième mandat à l’élection du 18 avril.

M. Bouteflika est hospitalisé en Suisse depuis le 24 février, pour des « examens médicaux » selon la présidence algérienne.

Abdelaziz Bouteflika, président depuis 1999, a été rarement vu en public depuis un AVC dont il a été victime en 2013.

La requête de curatelle demande aussi d' »autoriser les curateurs à délier les médecins des Hôpitaux universitaires de Genève » du « secret médical » à l’égard du président algérien. Et à les « autoriser à obtenir une « attestation médicale se prononçant sur ses aptitudes à gouverner un pays ».

Elle demande que « toute communication officielle au nom » de M. Bouteflika fasse l’objet d’un « accord préalable » des curateurs « afin de s’assurer que les propos tenus émanent réellement du pupille ».

« Ce curateur devra être nommé en dehors du cercle entourant le président et devra nécessairement faire preuve de neutralité et dénué de tout conflit d’intérêt éventuel », demande-t-elle.

Le directeur de campagne de M. Bouteflika, Abdelghani Zaalane, a assuré jeudi que son état de santé ne suscitait « aucune inquiétude ».

Selon le juriste suisse Nicolas Jeandin, professeur de droit à l’Université de Genève, il revient aux autorités judiciaires algériennes de déterminer si un citoyen doit être placé sous mesure de curatelle. Mais si un tribunal suisse estime qu’il existe un besoin urgent de protéger un individu vulnérable, il pourrait intervenir, déclare ce juriste à l’AFP, soulignant que « la question est de savoir s’il y a urgence ».

« En théorie, le juge suisse doit faire abstraction du plan politique (…). Le juge doit déterminer si la personne a besoin d’aide », ajoute-t-il.

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