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Sur la mer d’Azov, le port ukrainien de Marioupol craint une guerre avec la Russie

Les yeux rivés sur la mer d'Azov, un jeune soldat ukrainien s'inquiète du brouillard qui compliquerait "l'observation des mouvements de…

Les yeux rivés sur la mer d’Azov, un jeune soldat ukrainien s’inquiète du brouillard qui compliquerait « l’observation des mouvements de l’ennemi ». Comme beaucoup à Marioupol, il se prépare à une éventuelle guerre après la capture de navires de son pays par la Russie.

« Au premier ordre, on est prêt à repousser une offensive ou à défendre nos positions. Les premiers seront les gardes-frontières qui tiennent la mer et si leurs positions sont détruites, ce sera à nous », explique le jeune homme répondant au nom de guerre Kit (« baleine »), qui juge possible une attaque russe par la mer.

Dimanche, des affrontements inédits entre des gardes-côtes russes et trois petits navires de la marine ukrainienne -deux vedettes et un remorqueur- se sont achevés dans le sang.

Les gardes-côtes ont fait usage de la force pour stopper les bateaux. Bilan : les trois navires capturés, une vingtaine de marins ukrainiens prisonniers et au moins trois blessés.

Depuis, « on nous a tous mis en alerte de combat et on attend de nouveaux ordres », poursuit « Kit », le visage recouvert par une cagoule kaki.

Le Berdiansk, le Nikopol et le remorqueur Iani Kapou se rendaient à Marioupol, le plus important des ports ukrainiens de la mer d’Azov. Si le conflit avec la Russie monte encore en intensité, cette ville sera en première ligne.

Marioupol a déjà connu la guerre. Dernière grande cité du sud-est de l’Ukraine à être restée sous le contrôle de Kiev, elle a été brièvement occupée par les séparatistes prorusses au début du conflit en 2014, avant d’être reprise par les troupes régulières ukrainiennes.

Début 2015, un bombardement y a fait 31 morts et plus de 100 blessés. Aujourd’hui encore, la ligne de front n’est qu’à une dizaine de kilomètres à l’est.

– Des enfants creusent des tranchées –

A Tchervoné, à quelques kilomètres au sud-ouest de Marioupol, une soixantaine de personnes renforcent les lignes de défense le long de la mer. Elles sont membres du centre Piligrim, qui aide les enfants en difficulté.

Des enfants aussi ont d’ailleurs été mobilisés : ils nettoient les tranchées, en creusent de nouvelles et renforcent les protections.

« A quelques centaines de mètres, il y a nos enfants, nos familles, le centre d’accueil des réfugiés », explique Guennadi Mokhnenko, un pasteur pentecôtiste connu dans la région qui a fondé ce centre.

« En cas d’attaque des Russes venant de la mer, ces tranchées se transformeront en ligne de front en quelques minutes. Littéralement 10 à 15 minutes et il sera possible de se battre », ajoute cet homme de 50 ans, qui se dit prêt à combattre en cas de guerre frontale avec la Russie.

« J’espère que ça n’arrivera pas mais je me réserve ce droit », ajoute Guennadi Mokhnenko, un crucifix en métal sur la poitrine et un patch d’aumônier militaire sur sa tenue camouflage.

Ancien pupille de son centre, Bogdan Petlitski, 22 ans, se dit prêt lui aussi à abandonner sa profession de pompier pour rejoindre l’armée. « S’il y a une attaque, je serai prêt à prendre les armes pour défendre l’Ukraine et Marioupol », assure-t-il.

Mais dans cette ville extrêmement divisée, tous ne partagent pas leur inquiétude. C’est le cas de Mykola, 52 ans, qui s’entraîne comme à son habitude sur un des terrains de sport parsemant la berge longeant la mer d’Azov.

« Et puis, même si les parachutistes russes arrivent ici, ça ne veut pas dire que ça sera mal. Nous sommes tous frères (…), je ne pense pas qu’il y aura quelque chose de sérieux », dit cet ouvrier.

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