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Sur les Champs-Elysées, des kiosquiers amers après les destructions

"C'était des années de travail." Des vendeurs de journaux des Champs-Elysées laissaient percer leur amertume lundi, après la destruction de…

« C’était des années de travail. » Des vendeurs de journaux des Champs-Elysées laissaient percer leur amertume lundi, après la destruction de leurs kiosques samedi lors de l’acte 18 des « gilets jaunes ».

Sur les neuf kiosques de la célèbre avenue parisienne, cinq ont été détruits et deux sont en cours d’évaluation. Au total, dix kiosques ont été détruits ou endommagés à Paris samedi.

Face à la boutique Louis Vuitton, devant son kiosque en cendres d’où pendent des câbles électriques, Michèle Petterlin-Brigaut est dépitée. « C’était pas du luxe, c’était juste du papier, intéressant », regrette la kiosquière, installée depuis 1986. « Je sais qu’il y a des revendications qui sont justes », mais « la bêtise humaine, je ne comprends pas ».

Venu à la rencontre de ces kiosquiers sinistrés lundi matin, le ministre de la Culture Franck Riester les a assurés de sa « solidarité » et salué la « mission de service public essentielle » qu’ils remplissent.

Les kiosquiers, qui se rémunèrent avec des commissions sur la presse et sur la vente d’autres produits comme des souvenirs, devraient être reçus au ministère mardi ou mercredi.

« Tous ceux qui ont été de près ou de loin complices de ce crime doivent être poursuivis », a ajouté le ministre.

« C’est plus qu’un outil de travail, c’est un symbole de la liberté de la presse », a souligné Olivia Polski, adjointe au commerce à la mairie de Paris. « La maire a souhaité qu’on puisse avoir des nouveaux kiosques dès la semaine prochaine ».

La mairie propose aussi une aide psychologique aux commerçants touchés, et prévoit de créer avec la région Ile-de-France un fonds d’indemnisation de 500.000 euros, a indiqué Olivia Polski.

Médiakiosk, la filiale de JCDecaux qui gère ces points de vente à Paris, a indiqué à l’AFP que ses équipes mettaient « tout en oeuvre pour que les kiosquiers retrouvent leurs kiosques au plus tôt », sans préciser de date. Un nouveau kiosque coûte entre 100.000 et 120.000 euros, a précisé Médiakiosk.

En début d’après-midi, des touristes enchaînaient les selfies devant les cendres, et des employés de Médiakiosk réparaient ce qui pouvait être réparé. Les kiosques étaient assurés, mais des cagnottes en ligne ont été lancées pour soutenir ceux qui y travaillent: les effets des destructions de samedi vont s’ajouter au manque à gagner des samedis précédents.

« On aurait dû faire quelque chose, filtrer l’arrivée des manifestants les Champs », a estimé José Russo, un autre kiosquier dont le lieu de travail est parti en flammes. « Il faut pouvoir manifester pacifiquement (…) Des petits merdeux profitent de cette situation pour déstabiliser le pays. Les gilets jaunes en paient le prix aussi ».

De l’autre côté de l’avenue, devant le Lido, le kiosque venait d’être remplacé il y a deux semaines par un nouveau modèle. Il n’en reste que sa structure noircie par le feu.

Près de 100 commerces ont été touchés samedi à Paris en marge de l’acte 18 des « gilets jaunes ».

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