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Syrie: 23 morts dans des raids russes sur un marché du nord-ouest

Au moins 23 personnes ont été tuées lundi dans des raids russes visant un marché dans la province syrienne d'Idleb,…

Au moins 23 personnes ont été tuées lundi dans des raids russes visant un marché dans la province syrienne d’Idleb, le régime de Damas pilonnant depuis près de trois mois avec son allié cette région qui échappe à son contrôle.

Dominée par des jihadistes et accueillant des groupes rebelles, la région d’Idleb et les territoires adjacents dans le nord-ouest de la Syrie en guerre sont depuis fin avril la cible de frappes aériennes et de tirs d’artillerie meurtriers menés par le pouvoir de Bachar al-Assad et l’aviation de Moscou.

En près de trois mois de bombardements, plus de 650 civils ont été tués, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) tandis que 330.000 personnes ont fui les violences, d’après l’ONU.

Lundi matin dans la ville de Maaret al-Noomane, plusieurs frappes aériennes russes ont visé un marché où étaient installés des grossistes de légumes, et où se situent aussi des immeubles d’habitation, selon l’OSDH.

Au moins « 23 personnes ont été tuées, dont 19 civils et quatre victimes qui n’ont pas encore été identifiées », selon un nouveau bilan fourni par le directeur de l’Observatoire, Rami Abdel Rahmane.

Des secouristes des Casques blancs, aidés par des habitants, transportent des blessés couverts de sang, évacués à bout de bras ou sur des matelas transformés en civières de fortune, a constaté un photographe collaborant avec l’AFP.

Un homme git sans vie sur la chaussée couverte de décombres. Le visage couvert de poussière grise, une autre victime, blessée, est guidé vers une ambulance, tandis que les habitants fuient la zone, portant dans leurs bras des enfants, souvent pieds nus, selon le photographe.

Les Casques blancs, des secouristes opérant en zones rebelles, ont rapporté sur les réseaux sociaux la mort d’un bénévole.

– « Conditions dramatiques » –

Les frappes ont aussi fait 45 blessés, selon l’OSDH, qui fait état de disparus et de personnes encore prises au piège des décombres.

Selon Bilal Zikra, président du conseil local de Maaret al-Noomane, les raids ont également causé des « destructions graves » matérielles, transformant en ruines des boutiques et des habitations.

Dimanche dans la région d’Idleb, 18 civils, dont sept enfants, ont été tués dans des raids imputés surtout au régime mais aussi à son allié russe par l’OSDH.

Parmi les victimes se trouvait un journaliste citoyen de 22 ans. Anas Dyab, photographe et vidéaste ayant collaboré avec l’AFP, était également un des bénévoles des Casques blancs.

La région d’Idleb accueille trois millions de personnes, dont de nombreux déplacés, contraints au fil des ans à abandonner d’autres provinces à cause des combats et des reconquêtes du régime syrien.

Idleb échappe toujours au contrôle de Damas. Le bastion est dominé par les jihadistes du groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda), tandis que d’autres factions rebelles et jihadistes y sont présentes.

Face à l’ampleur de l’offensive, deux cardinaux du Vatican se sont rendus lundi à Damas pour rencontrer le président Bachar al-Assad.

Ils lui ont remis une lettre du pape François, « qui exprime (sa) profonde préoccupation pour la situation humanitaire en Syrie, en particulier pour les conditions dramatiques de la population civile à Idleb », selon un communiqué du Vatican.

– « Faire pression » –

Cette recrudescence de violence intervient malgré un accord conclu en septembre 2018 entre la Russie et la Turquie, parrain de certains groupes rebelles, visant à éviter à Idleb une offensive d’envergure des forces loyales à Damas.

L’initiative prévoyait une « zone démilitarisée » pour séparer les territoires tenus par les jihadistes et les rebelles des zones gouvernementales attenantes.

Pour Sam Heller, analyste du centre de réflexion International Crisis Group (ICG), les violences devraient se poursuivre jusqu’à ce que « la Russie et la Turquie arrivent à un accord établissant le calme sur le front ».

En attendant, « chaque camp essaie de faire pression sur l’autre, à travers les partenaires syriens sur le terrain » ou bien « directement avec les bombardements russes sur des régions d’Idleb », ajoute-t-il.

Ces derniers mois, le pouvoir de Damas n’a eu de cesse de bombarder le bastion anti-Assad tandis que les jihadistes et les rebelles tirent sporadiquement des roquettes et des obus sur les régions gouvernementales, ce qui a causé la mort d’une cinquantaine de civils.

Déclenchée en 2011, la guerre en Syrie a fait plus de 370.000 morts et déplacé des millions de personnes.

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