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Syrie: des Kurdes manifestent contre leur « exclusion » du Comité constitutionnel

Des centaines de personnes se sont rassemblées mercredi à Qamichli, ville dominée par les Kurdes dans le nord-est de la…

Des centaines de personnes se sont rassemblées mercredi à Qamichli, ville dominée par les Kurdes dans le nord-est de la Syrie en guerre, pour dénoncer une « exclusion » de cette minorité du Comité constitutionnel récemment créé par les Nations unies.

Le comité, dont la création a été annoncée le 23 septembre par l’ONU, doit amender la Constitution syrienne approuvée en 2012, ou en rédiger une nouvelle. Il comprend 150 membres: 50 nommés par le gouvernement de Damas, 50 par l’opposition et 50 membres issus de la société civile et choisis par les Nations unies.

Des personnalités kurdes sont présentes sur les listes de l’opposition et de la société civile. Mais l’administration semi-autonome kurde, qui contrôle près de 30% du pays, avec des territoires dans le nord et le nord-est, a qualifié « d’injuste » son « exclusion » en tant qu’entité politique.

A Qamichli, les manifestants se sont rassemblés devant des bureaux de l’ONU, selon un correspondant de l’AFP.

« C’est notre droit de participer à l’élaboration de la Constitution », pouvait-on lire sur une pancarte. « L’administration autonome est indissociable du peuple syrien », était-il écrit sur une autre.

Présent parmi les manifestants, Talaat Younes, un haut responsable au sein des autorités kurdes, a dénoncé auprès de l’AFP une « exclusion des représentants de l’administration autonome du Comité constitutionnel », et souligné la nécessité « d’une participation de toutes les composantes de la société syrienne ».

Autour de lui, hommes et femmes brandissaient des portraits des « martyrs » des Forces démocratiques syriennes (FDS), l’alliance de combattants kurdes et arabes qui a joué un rôle majeur dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

« Nous avons une force militaire qui a remporté des succès importants, nous devons avoir des représentants au sein du comité », a dit un des manifestants, Hachem Chawich.

Après avoir souffert de discriminations des décennies durant, les Kurdes de Syrie ont créé une zone semi-autonome à la suite du conflit déclenché en 2011.

La minorité ethnique tient à tout prix à préserver cette semi-autonomie, dénoncée par le pouvoir central du président Bachar al-Assad.

Les Kurdes n’ont participé ni aux négociations pour la paix sous l’égide de l’ONU, ni aux pourparlers d’Astana lancés en janvier 2017 par Moscou, Téhéran et Ankara, notamment en raison du refus de la Turquie, qui entretient de profondes rivalités avec la minorité.

Spécialiste de la question kurde, l’analyste Mutlu Civiroglu a estimé que les Kurdes ont « travaillé très dur » pour intégrer le comité, mais que la Turquie voisine, le gouvernement syrien et son allié russe ont entravé leurs efforts.

« Le gouvernement syrien voit toujours les Kurdes comme un problème à résoudre tôt ou tard. Il est dans son intérêt que les Kurdes soient mis de côté », a-t-il affirmé.

Déclenchée avec la répression de manifestations prodémocratie, la guerre en Syrie a fait plus de 370.000 morts. Le régime de M. Assad a reconquis environ 60% du territoire avec l’appui militaire de Moscou, de l’Iran et du Hezbollah libanais.

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