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Syrie: le régime en passe de conquérir une ville stratégique du nord-ouest

Les forces du régime syrien ont conquis mardi de vastes pans de la ville stratégique de Maaret al-Noomane, presque vidée…

Les forces du régime syrien ont conquis mardi de vastes pans de la ville stratégique de Maaret al-Noomane, presque vidée de ses habitants, après des semaines de bombardements sur une région du nord-ouest de la Syrie dominée par des groupes jihadistes et rebelles.

Deuxième ville de la province d’Idleb, Maaret al-Noomane se trouve sur l’autoroute M5 que le régime de Bachar al-Assad cherche à sécuriser, car cette voie relie Alep, grande ville du nord de la Syrie, à la capitale Damas.

« Des unités de l’armée ont libéré la plupart des quartiers » de Maaret al-Noomane et des opérations de ratissage y sont en cours, a indiqué l’agence de presse officielle Sana.

De son côté, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a annoncé que « les forces du régime ont conquis plus de la moitié de la ville », située dans la dernière région échappant au contrôle de Damas.

Dans un premier temps, le directeur de l’OSDH Rami Abdel Rahmane avait rapporté l’entrée des forces gouvernementales à Maaret al-Noomane et des combats dans les quartiers ouest.

Appuyé par l’aviation de son allié russe, le régime n’a de cesse de marteler sa détermination à reconquérir Idleb, une province dominée par des jihadistes et aussi occupée par des rebelles affaiblis.

Les combats en cours depuis plusieurs semaines ont provoqué un vaste exode et mardi encore, un correspondant de l’AFP dans le nord de la province a vu des déplacés en provenance de zones situées près de Maaret al-Noomane.

Dans une scène devenue quotidienne, camions et minibus chargés d’affaires se suivaient pare-choc contre pare-choc.

Ces civils qui viennent grossir les rangs des déplacés emportent avec eux des tapis de jute, des matelas en mousse, mais aussi des frigidaires ou des chaises en plastique.

Sur ces montagnes d’affaires sommairement empilées sur les plateformes des camions, des hommes, des femmes et des enfants étaient juchés en équilibre faute de place.

– « Pas de routes sûres » –

Echappant au pouvoir central depuis 2012, Maaret al-Noomane comptait il y a encore quelques mois environ 150.000 habitants mais après des semaines de bombardements meurtriers, elle est aujourd’hui quasi-déserte, selon l’ONG.

Les forces gouvernementales avaient conquis depuis vendredi une vingtaine de villages et localités aux abords de Maaret al-Noomane, resserrant progressivement l’étau.

La région d’Idleb et des territoires adjacents dans les provinces d’Alep, Hama et Lattaquié sont dominés par les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham, l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda.

Ces zones sont aussi occupées par d’autres groupuscules jihadistes et des rebelles affaiblis.

La situation dans le nord-ouest a été au coeur d’une réunion lundi à Damas entre le président Assad et l’envoyé spécial russe pour la Syrie, Alexandre Lavrentiev.

Tous deux ont souligné « l’importance des opérations » menées « avec le soutien russe », face aux « agressions terroristes » des jihadistes et des rebelles contre les zones gouvernementales, selon la présidence syrienne.

Les combats de ces derniers jours ont visé également Saraqeb, située directement sur l’autoroute M5, à une trentaine de kilomètres au nord de Maaret al-Noomane, mais aussi un secteur de l’ouest de la province d’Alep traversé par cette route, selon l’OSDH.

Depuis début décembre, 358.000 personnes ont été déplacées par les violences, en grande majorité des femmes et des enfants, dans le nord-ouest de la Syrie, selon l’ONU.

« Il n’y a pas de routes sûres et les gens sont obligés d’entreprendre des périples dangereux dans des conditions hivernales cruelles à travers des montagnes pour trouver la sécurité », a mis en garde lundi une responsable du Comité international de secours (IRC), Misty Buswell.

Ces derniers mois, le régime a mené plusieurs opérations militaires qui lui ont permis de grignoter des pans de territoires à Idleb et ses environs, malgré des trêves restées au final lettre morte.

La province a déjà été le théâtre d’une offensive d’envergure entre avril et août 2019 ayant tué près d’un millier de civils, selon l’OSDH.

Le conflit en Syrie, déclenché en mars 2011 avec la répression de manifestations prodémocratie par Damas, a fait plus de 380.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.

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