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Syrie: plus de 220 morts dans des attaques de l’EI dans le sud

Plus de 220 personnes ont péri mercredi dans une série d'attaques revendiquées par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) dans…

Plus de 220 personnes ont péri mercredi dans une série d’attaques revendiquées par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) dans le sud de la Syrie, l’un des bilans les plus lourds depuis le début de la guerre en 2011.

Il s’agit en outre des premières attaques de cette ampleur menées par l’EI depuis des mois dans le pays, où l’organisation jihadiste a essuyé de nombreux revers ces derniers mois.

Le président Bachar al-Assad a dénoncé un « crime », et pointé du doigt des pays étrangers qu’il n’a pas nommés, les accusant d’appuyer l’EI.

« Le crime d’aujourd’hui montre que les Etats qui soutiennent le terrorisme essaient de ranimer les organisations terroristes pour pouvoir s’en servir comme monnaie d’échange à des fins politiques, mais ces tentatives sont vouées à l’échec », a dit M. Assad en recevant l’émissaire du président russe Alexander Lavrentiev, selon les comptes de la présidence syrienne sur les réseaux sociaux.

L’assaut contre plusieurs villages couplés à des attentats ont eu lieu dans la province de Soueida, contrôlée totalement par le régime. Les jihadistes de l’EI sont présents dans une zone désertique au nord-est de cette région.

Selon les médias officiels syriens, les forces du régime ont lancé une contre-attaque pour repousser les jihadistes. Des raids aériens ont dans le même temps ciblé le groupe extrémiste qui s’est emparé dans la matinée de trois villages avant d’être repris par les forces du régime, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

« Les jihadistes ont été forcés de reculer vers le désert », a indiqué à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.

Aux premières heures de la journée, « quatre kamikazes ont fait détoner leurs ceintures explosives dans la ville de Soueida », chef-lieu de la province du même nom, selon M. Abdel Rahmane.

D’autres kamikazes ont mené des attaques dans des villages du nord de la province avant que les jihadistes ne les prennent d’assaut, a-t-il ajouté.

– « Couloirs pleins de blessés » –

« Le bilan des attaques est monté à au moins 221 morts, dont 127 civils tués pour la plupart dans le nord (de la province de Soueida) où on a retrouvé des corps de civils qui avaient été exécutés chez eux », a dit M. Abdel Rahmane.

« Certaines personnes ayant fui l’assaut (de l’EI) sont revenues dans les villages repris (par le régime) et ont trouvé des habitants tués chez eux », a-t-il précisé.

« Je me trouvais à l’hôpital peu après 10H00. Il était plein de monde (…) Les gens se poussaient pour y entrer. Les couloirs et les lits étaient pleins de blessés », a raconté à l’AFP un témoin à l’hôpital de Soueida.

« Des gens amenaient de nombreux blessés (…) D’autres venaient en quête de proches qu’ils n’arrivaient pas à localiser », a-t-il ajouté.

Dans le village de Matouna, au nord de Soueida, Zeina a raconté à l’AFP l’attaque.

« Nous avons été réveillés à 05H30 par le bruit de coups de feu (…) Les bombes tombaient près de chez nous et les combats se sont poursuivis pendant près d’une demi-heure ». « Ils ont tué mon cousin et son épouse ».

C’est le bilan le plus lourd dans la province de Soueida depuis le début du conflit et l’un des plus lourds sur l’ensemble du pays, selon l’OSDH.

Dans un communiqué publié sur Telegram, l’EI a affirmé que ses combattants avaient lancé des attaques principalement contre des positions du régime dans la province.

De leur côté, l’agence officielle Sana et la télévision d’Etat ont confirmé des victimes dans des attaques à Soueida, sans donner un bilan précis.

« Des unités de l’armée ont lancé une contre-attaque (pour repousser) les terroristes de Daech », a indiqué la télévision d’Etat en utilisant un acronyme en arabe de l’EI.

– « Alléger la pression militaire » –

Des frappes ont dans le même temps visé les jihadistes, a précisé M. Abdel Rahmane, faisant état de 38 morts parmi les combattants de l’EI, dont sept kamikazes.

« Les Nations unies condamnent les attaques contre les civils » à Soueida, a affirmé dans un communiqué le coordinateur humanitaire de l’ONU en Syrie, Ali Zaatari.

« Ce nouvel acte criminel de l’EI confirme la nécessité d’une coordination des efforts de la communauté internationale pour éradiquer ce mal universel sur le sol syrien », a réagi, de son côté, le ministère russe des Affaires étrangères.

Ces attaques surviennent alors que le régime cherche à reprendre entièrement les provinces proches de Deraa et Qouneitra, contrôlées à plus de 90% par le pouvoir.

Dans le sud-ouest de la province de Deraa, un groupe extrémiste lié à l’EI contrôle un réduit, cible depuis plusieurs jours de raids aériens intenses du régime et de l’allié russe.

Selon Sana, les attaques à Soueida « visent à alléger la pression militaire » du régime contre les derniers jihadistes « qui seront anéantis à Deraa ».

Après avoir occupé en 2014 de vastes pans de la Syrie, l’EI contrôle désormais moins de 3% du territoire après de multiples revers.

Grâce à l’intervention militaire russe dans la guerre depuis 2015, le régime syrien a réussi à engranger des victoires et a repris plus de 60% du territoire.

Plus de 350.000 personnes ont été tuées depuis 2011 dans ce conflit qui s’est complexifié au fil des ans avec l’implication de pays étrangers et de groupes jihadistes, sur un territoire morcelé.

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