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Syrie: situation « choquante » à Raqa, un an après la défaite de l’EI

Le niveau de destruction à Raqa (nord-est) est "choquant" et des milliers de corps doivent toujours être exhumés dans l'ancien…

Le niveau de destruction à Raqa (nord-est) est « choquant » et des milliers de corps doivent toujours être exhumés dans l’ancien bastion syrien du groupe Etat islamique (EI), près d’un an après la défaite des jihadistes, a indiqué vendredi l’ONG Amnesty International.

« J’ai trouvé la situation à Raqa choquante, a affirmé à l’AFP la directrice pour la recherche internationale d’Amnesty, Anya Neistat, en marge d’une conférence de presse à Beyrouth.

« Quatre-vingt pour cent de la ville est pratiquement en ruine, et cela s’applique aussi bien aux écoles, qu’aux hôpitaux et aux maisons privées », a ajouté Mme Neistat qui s’est rendue à Raqa quelques jours plus tôt avec une délégation de son ONG.

Le 17 octobre 2017, les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance kurdo-arabe, ont chassé les jihadistes de l’EI de Raqa, avec le soutien aérien d’une coalition internationale dirigée par les Etats-Unis.

Les autorités locales estiment que des milliers de civils ont également été tués dans l’offensive, et leurs corps ont été jetés dans des fosses communes ou laissés sous les décombres.

« Nous parlons toujours de milliers de corps qui n’ont pas été récupérés », a indiqué Mme Neistat.

Une petite équipe locale a déjà retrouvé plus de 2.500 corps, « la plupart appartenant à des civils tués dans des raids de la coalition », a-t-elle indiqué, précisant qu’il resterait encore « environ 3.000 corps » à récupérer, selon les estimations de l’équipe.

En avril, un correspondant de l’AFP avait vu les membres d’une équipe de recherche des corps creuser à mains nues ou à l’aide d’outils rudimentaires. Il était tombé sur un jeune homme qui, à la recherche de son frère, enjambait des sacs bleus où étaient entreposés des corps.

Mme Neistat a appelé la coalition antijihadistes à participer aux recherches des corps, estimant que « la majorité des corps sont ceux de civils tués dans les raids de la coalition ».

Si la coalition « avait l’argent pour détruire la ville, si (elle) avait l’argent pour mener une offensive militaire si coûteuse, il est absolument incroyable qu'(elle) ne puisse pas fournir les ressources suffisantes pour assumer la responsabilité » de ses actions, a-t-elle ajouté.

En 2014, à l’issue d’une percée fulgurante, les jihadistes s’étaient emparés de près d’un tiers du territoire irakien et de près de la moitié de la Syrie voisine, proclamant un « califat » à cheval entre ces deux pays.

La coalition antijihadistes a reconnu avoir tué plus de 1.100 civils en Syrie et en Irak mais les organisations de défense des droits de l’Homme affirment que le chiffre est plus important.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, les frappes de la coalition ont coûté la vie à plus de 3.300 civils en Syrie.

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