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Syrie: sommet inédit à Istanbul avec Turquie, Russie, France et Allemagne

Les dirigeants de la Turquie, la Russie, la France et l'Allemagne se réunissent samedi à Istanbul pour un sommet inédit…

Les dirigeants de la Turquie, la Russie, la France et l’Allemagne se réunissent samedi à Istanbul pour un sommet inédit sur la Syrie visant à consolider la trêve fragile à Idleb et avancer vers une transition politique.

Ce sommet entre les présidents turc Recep Tayyip Erdogan, russe Vladimir Poutine, français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel réunira pour la première fois à partir de 13H00 GMT des acteurs aux initiatives concurrentes.

La Turquie et la Russie forment avec l’Iran un trio incontournable sur le terrain où ils ont permis un relatif silence des armes à la faveur du processus dit d’Astana. La France et l’Allemagne font elles partie du « small group » sur la Syrie qui compte cinq autres pays, dont les Etats-Unis.

« Le but principal de ce sommet est d’étudier quelles formules nouvelles peuvent être trouvées afin d’apporter une solution politique » à ce conflit complexe qui a fait plus de 360.000 morts depuis 2011, a déclaré vendredi le porte-parole de M. Erdogan, Ibrahim Kalin.

Sur ce point, la formation sous les auspices de l’ONU d’un Comité constitutionnel censé élaborer une nouvelle loi fondamentale s’annonce comme l’un des principaux défis en raison du blocage du régime.

L’émissaire des Nations unies pour la Syrie Staffan de Mistura, qui a eu des discussions infructueuses à Damas cette semaine et déploré vendredi la paralysie du plan de l’ONU, sera lui aussi présent au sommet d’Istanbul.

L’autre question majeure sera le cessez-le-feu dans la province rebelle d’Idleb (nord-ouest) qui a été négocié in extremis le mois dernier par MM. Erdogan et Poutine alors qu’un assaut du régime, synonyme de catastrophe humanitaire, semblait imminent.

Cet accord entre Moscou, allié du régime, et Ankara, parrain des rebelles, prévoyait notamment la mise en place d’une « zone démilitarisée » de 15 à 20 kilomètres de large pour séparer les territoires insurgés d’Idleb des régions gouvernementales.

– Poudrière d’Idleb –

Mais à l’approche du sommet, la trêve a semblé de plus en plus fragile: plusieurs escarmouches ont eu lieu ces derniers jours et sept civils ont été tués vendredi par des bombardements du régime à Idleb, le bilan le plus élevé depuis l’entrée en vigueur de l’accord russo-turc.

La France « souhaite que soit acté le prolongement du cessez-le-feu à Idleb et que soit garanti l’accès des convois humanitaires », explique l’Elysée.

Si aucune annonce majeure ne devrait intervenir à l’issue du sommet –l’Elysée dit avoir des « attentes modestes » et le Kremlin appelle à être « réaliste »–, cette réunion au format inédit donnera l’occasion aux quatre dirigeants de chercher des terrains d’entente.

« Il y a des approches différentes. Mais, en gros, tout le monde souhaite naturellement aboutir à un réglement politique en Syrie », a souligné vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

« Des divergences concernant les moyens et la tactique peuvent exister. C’est justement pour évoquer ces questions et harmoniser les positions » que ce sommet est organisé, a-t-il ajouté.

Deux acteurs importants du conflit en Syrie, l’Iran et les Etats-Unis, qui sont à couteaux tirés, seront absents samedi. M. Macron s’est toutefois entretenu jeudi avec le président américain Donald Trump pour accorder leurs positions.

– « Rapport de force » –

Si les initiatives du groupe Russie-Turquie-Iran ont largement éclipsé les efforts des Occidentaux et des Nations unies sur la transition politique, Ankara pourrait tenter de profiter de la présence des deux poids lourds européens autour de la table.

En s’associant avec la France et l’Allemagne qui partagent ses positions vis-à-vis du régime syrien, « Erdogan renforce son +poids+ dans les négociations avec Poutine et modifie le rapport de force en sa faveur », souligne Jana Jabbour, spécialiste de la Turquie.

Ce format à quatre donne également au président turc l’occasion de « tenter de normaliser ses relations avec l’Europe », tendues depuis 2016, et montrer qu’il peut être « un bon partenaire des Occidentaux », explique Mme Jabbour à l’AFP.

Ce sommet intervient par ailleurs au moment où la région est secouée par le meurtre du journaliste critique saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat de son pays à Istanbul.

Selon la presse turque, M. Erdogan abordera cette affaire avec ses invités lors d’entretiens bilatéraux en marge du sommet.

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