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Syrie: une force irakienne accuse Washington d’avoir tué 22 de ses membres

Une force paramilitaire irakienne engagée dans la bataille contre le groupe État islamique (EI) a accusé lundi Washington d'avoir tué…

Une force paramilitaire irakienne engagée dans la bataille contre le groupe État islamique (EI) a accusé lundi Washington d’avoir tué plusieurs de ses membres lors de frappes nocturnes dans l’est de la Syrie.

La coalition internationale dirigée par les Etats-Unis a démenti être l’auteur de ces frappes qui ont visé dans la nuit de dimanche à lundi la ville d’al-Hari, située près de la frontière irakienne.

« Cinquante-deux combattants, dont 30 Irakiens et 16 Syriens, y compris des soldats et des membres de milices loyalistes ont été tués », a indiqué à l’AFP le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.

De leur côté, les unités du Hachd al-Chaabi, supplétif crucial de l’armée irakienne dans la lutte contre l’EI, ont accusé les forces américaines d’avoir tué 22 de leurs combattants et blessé 12 autres dans ces raids frontaliers.

Le groupe a rappelé avoir été déployé par les autorités irakiennes le long de la frontière poreuse avec la Syrie depuis l’annonce de la victoire sur l’EI proclamée en décembre par Bagdad.

Des combattants irakiens, dont certains sont membres de Hachd al-Chaabi, luttent depuis des années au côté du régime syrien et ont joué un rôle primordial dans la lutte anti-EI dans la province de Deir Ezzor (est de la Syrie).

Au lendemain de ces frappes, un correspondant de l’AFP à Nassiriya, dans le sud de l’Irak, a rapporté que les corps de trois combattants irakiens tués dans l’est syrien avaient été rapatriés pour être inhumés. Ils combattaient au sein de la milice « Kataëb Hezbollah », une force irakienne faisant partie du Hachd al-Chaabi et liée au puissant mouvement du Hezbollah libanais.

Une source militaire à Deir Ezzor a pour sa part indiqué à l’AFP que des avions de combat avaient « mené des frappes aériennes sur des positions conjointes irako-syriennes à al-Hari ».

– Démentis –

Les médias d’Etat syriens ont eux aussi attribué ces frappes à la coalition anti-EI. Citant une source militaire, l’agence officielle Sana a affirmé que plusieurs personnes avaient été tuées et blessées par des appareils de la coalition, sans fournir de bilan précis.

La coalition a toutefois catégoriquement démenti.

« Il n’y a pas eu de frappes de la part des forces américaines ou de la coalition dans cette zone », a réagi auprès de l’AFP son bureau de presse, en précisant en revanche « être au courant de frappes (…) ayant tué et blessé des combattants de Kataëb Hezbollah ».

« Cette frappe n’a pas été menée par les Etats-Unis ou la coalition », a renchéri à Washington un porte-parole du Pentagone, Eric Pahon.

Al-Hari est située dans la province de Deir Ezzor, riche en pétrole, où les forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par les Etats-Unis, et les forces gouvernementales syriennes, appuyées par la Russie, mènent des offensives distinctes contre l’EI.

Le groupe ultra-radical a perdu l’essentiel du territoire qu’il contrôlait en Syrie et en Irak. Mais il reste présent dans des zones désertiques transfrontalières, notamment Deir Ezzor.

Les forces gouvernementales contrôlent les terres à l’ouest du fleuve Euphrate, qui traverse la province, tandis que les FDS se battent pour expulser l’EI d’une série de villages situés sur la rive est, près de la frontière irakienne.

Une ligne de « déconfliction » longeant le fleuve est en place depuis 2017 afin d’empêcher tout affrontement entre pro-régime et FDS.

– « Couloir vital » –

La coalition, qui intervient en Syrie depuis 2014 pour combattre l’EI, a néanmoins frappé des forces du régime ces dernières années.

Le 24 mai, 12 combattants pro-régime ont péri dans un raid aérien contre des positions de l’armée syrienne au sud de Boukamal, ville reprise à l’EI par le régime en novembre dernier et située à quelques kilomètres de la frontière.

L’OSDH et des médias d’Etat syriens avait attribué cette frappe à la coalition, mais le Pentagone avait nié.

Le 7 février, la coalition a reconnu avoir tué au moins 100 combattants pro-régime –dont cinq Russes selon Moscou– dans la province de Deir Ezzor, en représailles à une attaque contre des positions des FDS.

Les frappes contre al-Hari interviennent au lendemain de la reprise par les FDS de Dachicha, un village situé dans le nord de la province de Hassaké.

Dachicha représentait un « fief important » de l’EI dans cette province et se trouvait sur un « couloir vital » reliant autrefois les territoires des jihadistes en Syrie et en Irak, selon le directeur de l’OSDH.

Déclenché en 2011 par la répression de manifestations pacifiques pro-démocratie, le conflit en Syrie s’est complexifié au fil des ans avec l’implication de pays étrangers et de groupes jihadistes, sur un territoire morcelé.

Il a fait plus de 350.000 morts et jeté à la rue des millions de personnes.

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