Raids aériens au Yémen 48 heures après une attaque contre l’Arabie saoudite

La coalition menée par l’Arabie saoudite a mené jeudi des raids aériens au Yémen notamment sur la capitale Sanaa, 48 heures après une attaque de drones sur un oléoduc pétrolier saoudien, revendiquée par les rebelles Houthis.

La coalition avait promis mercredi soir de riposter « avec force » aux attaques des rebelles Houthis, soutenus par l’Iran.

« Nous avons commencé à lancer des frappes aériennes ciblées sur des sites de la milice des Houthis, y compris à Sanaa », a déclaré jeudi une source officielle de la coalition.

Un témoin a dit à l’AFP avoir entendu au moins une forte explosion dans le centre de la capitale, aux mains des Houthis depuis septembre 2014.

La chaîne de télévision Al-Massirah, contrôlée par les Houthis, a attribué les frappes aux « avions de l’agression » saoudienne. Elle a fait état de victimes dans une zone résidentielle, sans qu’il soit possible de vérifier ce bilan.

La chaîne de télévision a aussi diffusé un premier message sur Twitter faisant état de six raids dans le district d’Arhab de la province de Sanaa, avant de faire état d’autres frappes, y compris une dans la capitale même.

Sur place, une vidéaste de l’AFP a filmé des volutes de fumée s’élevant d’immeubles touchés par les raids.

Les raids ont commencé vers 08H00 locales (05H00 GMT) alors que de nombreux habitants dormaient encore, a affirmé un autre témoin à l’AFP.

« Il y a eu de nombreuses frappes », a-t-il dit en faisant état d’un nuage de fumée dans le quartier de Jebel Attan, au sud-ouest de Sanaa.

Les cibles visées n’ont pas été immédiatement précisées par la coalition.

Mardi, les Houthis ont revendiqué une attaque de drones sur un oléoduc pétrolier dans la région de Ryad. L’Arabie saoudite combat depuis 2015 les rebelles yéménites aux côtés notamment des Emirats arabes unis.

Mercredi soir, le ministre d’Etat émirati aux Affaires étrangères Anwar Gargash avait averti que la coalition anti-rebelles « riposterait avec force » à toute attaque des Houthis contre des cibles civiles comme celle ayant visé mardi des installations pétrolières.

Les frappes aériennes de jeudi sur Sanaa s’inscrivent dans un contexte de montée des tensions dans le Golfe où, en plus de l’oléoduc, quatre navires –deux saoudiens, un norvégien et un émirati– ont été la cible de mystérieux « actes de sabotage dimanche près des Emirats arabes unis.

M. Gargash a évité de désigner des responsables, prônant « la prudence » et la « désescalade » dans le Golfe.

Mais il a évoqué « une situation difficile en raison du comportement iranien », ajoutant que « l’Iran doit savoir que sa politique suscite de vives inquiétudes ».

– « Signes alarmants » –

La guerre au Yémen oppose depuis plus de quatre ans des forces progouvernementales, appuyées militairement par Ryad et Abou Dhabi, aux rebelles pro-iraniens Houthis, qui contrôlent de vastes zones de l’ouest et du nord du Yémen dont la capitale Sanaa.

Le conflit a tué des dizaines de milliers de personnes, dont de nombreux civils, selon diverses organisations humanitaires.

Environ 3,3 millions de personnes sont toujours déplacées et 24,1 millions, soit plus des deux tiers de la population, ont besoin d’assistance, selon l’ONU.

Mercredi, l’envoyé spécial de l’ONU au Yémen Martin Griffiths a averti qu’en dépit d’un désengagement rebelle ces derniers jours de trois ports, dont Hodeida (ouest), le Yémen risquait toujours de sombrer dans une guerre totale.

« Malgré l’importance de ces derniers jours, le Yémen reste à la croisée des chemins entre la guerre et la paix », a déclaré M. Griffiths au Conseil de sécurité de l’ONU.

Le gouvernement yéménite et les Houthis doivent poursuivre le redéploiement des forces dans l’ouest et retourner à la table des négociations pour un accord plus large, a-t-il dit.

« Il y a des signes d’espoir », a souligné le médiateur, mais il y a aussi « des signes alarmants » de guerre.

Selon des témoins, des escarmouches ont été signalées mercredi au sud de la ville de Hodeida, où une trêve relative est en vigueur depuis des pourparlers interyéménites en décembre organisés sous l’égide de l’ONU en Suède.

Le port de Hodeida est crucial pour les importations et l’aide internationale au Yémen où des millions de personnes restent menacées par la famine.

L’ancien leader de l’ETA Josu Ternera arrêté en France

Un des plus influents chefs de l’organisation séparatiste basque ETA, dissoute en 2018, Jose Antonio Urrutikoetxea Bengoetxea, a été arrêté jeudi en France après plus de 16 ans de cavale, ont annoncé les autorités espagnoles.

Plus connu sous le nom de Josu Ternera, cet ancien numéro un de l’organisation aujourd’hui dissoute après quatre décennies de violence avait été tour à tour l’inspirateur d’une stratégie d’attentats meurtriers puis promoteur de négociations de paix avec l’Etat espagnol avant d’être écarté de la direction du groupe.

Fondée en 1959 sous la dictature de Francisco Franco, l’ETA a tué au moins 829 personnes dans une campagne d’attentats pour l’indépendance du Pays Basque. Elle avait décrété un cessez-le-feu en 2011 et s’estt dissoute en mai 2018.

Ternera, 68 ans, a été arrêté « aux premières heures de la matinée aujourd’hui à Sallanches » en Haute Savoie dans une opération conjointe avec la Direction générale de la sécurité intérieure française, a annoncé le ministère espagnol de l’Intérieur dans un communiqué.

C’était, selon le ministère, le militant de l’ETA le plus recherché par les polices espagnole et française et il faisait l’objet d’un mandat d’arrêt international. Il avait échappé de justesse à plusieurs tentatives d’arrestation.

Ternera était recherché depuis 2002, quand, député d’Euskal Herritarrok, coalition nationaliste radicale, il était passé dans la clandestinité après avoir été cité à comparaître en justice pour son rôle présumé dans un attentat contre une caserne de la Garde civile à Saragosse, dans le nord de l’Espagne, qui avait fait 11 morts dont cinq enfants en 1987.

– Voitures piégées –

Il est considéré comme le commanditaire de cette attaque et l’instigateur de la stratégie d’attentats à la voiture piégée adoptée par l’ETA dans les années 80.

Selon les experts de la lutte anti-terroriste, il avait mis sur pied le commando « itinérant » formé de militants français qui a été le plus meurtrier de l’organisation.

Chef de l’ETA de 1977 à 1992, il avait établi des contacts avec le gouvernement espagnol en vue de négociation de paix avant d’être écarté de l’état-major de l’ETA en 2006.

Ternera, qui serait gravement malade, avait enregistré la « déclaration finale » par laquelle l’ETA a annoncé sa dissolution définitive en mai 2018.

Il avait rejoint l’ETA en 1970, cinq ans avant la mort de Franco et s’était réfugié en France un an plus tard.

En 1990, il a été condamné par la justice française à dix ans de prison et cinq ans d’interdiction de séjour pour « association de malfaiteurs ».

« J’ai été, je suis et je serai toujours membre de l’ETA, je suis fier de l’être », avait-il déclaré lors de son procès.

« Je milite dans les rangs de l’ETA depuis ma jeunesse, dès que j’ai pris conscience de la répression qui s’exerçait contre ma culture, mon pays et ma langue. J’ai alors voulu entrer dans une organisation qui luttait sur tous les fronts pour faire reconnaître le droit du Pays Basque à l’indépendance », avait-il ajouté.

Le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez a rendu hommage dans un tweet à la Guardia civil et à la DGSI. « La coopération franco-espagnole a de nouveau démontré son efficacité », a-t-il dit.

En France, on indiquait de source judiciaire que Ternera avait été arrêté en exécution d’un mandat d’arrêt suite à sa condamnation en 2017, en son absence, à 8 ans de prison.

La 5G, une technologie révolutionnaire sous haute surveillance

Si demain les voitures autonomes déferlent dans nos rues et les robots peuplent nos usines, nos maisons, nos hôpitaux, ce sera sur la base de la « 5G », une infastructure mobile au coeur de l’affrontement technologique entre Etats-Unis et Chine.

Petit rappel des promesses de la « cinquième génération de standards pour la téléphonie mobile », des acteurs en présence, et des inquiétudes que suscite ce virage technologique.

Que va changer la 5G?

La 5G promet de tout connecter, partout et tout le temps. Un potentiel énorme pour la numérisation de l’économie, en particulier de l’industrie, qui en attend beaucoup.

Le groupe français Orange estime par exemple que la 5G va offrir un débit jusqu’à 10 fois plus rapide que la 4G. Pour l’internaute, cela signifie un accès beaucoup plus rapide à des contenus audiovisuels en haute définition, ainsi qu’aux jeux en « streaming », un marché en pleine explosion.

Mais, plus que la vitesse, c’est la possibilité de faire circuler en masse des milliards de données, sans engorgement, qui fait la différence majeure avec les réseaux mobiles précédents. La 5G est fréquemment présentée comme la technologie de « l’internet des objets », un monde dans lequel des équipements connectés à internet pourront « dialoguer » entre eux, sans intervention humaine.

Cette perspective ne va pas sans un risque majeur: celui du piratage de ces milliards de données en circulation, parmi elles des secrets industriels et des informations médicales privées, qui circuleront sur des réseaux plus décentralisés.

Qui sont les principaux acteurs?

Si les opérateurs télécoms seront, dans la plupart des cas, la colonne vertébrale de la future 5G, ces derniers se fournissent auprès d’un nombre restreint d’équipementiers.

Dans les faits, la bataille se joue entre deux équipementiers européens, le Suédois Ericsson et le Finlandais Nokia, qui a racheté en 2016 le Franco-Américain Alcatel-Lucent, et un Chinois, le géant des télécoms Huawei.

D’autres fournisseurs d’équipements sont présents mais à moins grande échelle, en particulier le Sud-Coréen Samsung, ainsi qu’un autre Chinois, ZTE.

Où en sont les déploiements?

En Asie, la Corée du Sud a pris une longueur d’avance avec une couverture de l’ensemble de son territoire en un temps record, quand le Japon et la Chine visent 2020 pour entrer dans la danse.

Aux Etats-Unis, l’internet fixe a été la première application de la 5G, dès fin 2018, avec une vingtaine de villes couverte par AT&T. Verizon propose un service mobile 5G depuis début avril, à Minneapolis et Chicago. L’administration Trump prévoit par ailleurs 20 milliards de dollars pour déployer cette technologie dans les zones moins peuplées.

Côté européen, l’Italie ou la Pologne ont accordé les bandes de fréquence nécessaires, procédure en cours en Allemagne et qui sera réalisée en octobre en France. La Suisse dispose de la 5G dans ses principales villes, également déployée notamment en Finlande ou en Estonie.

Pourquoi Huawei suscite-t-il des craintes?

En moins d’une décennie, le géant chinois est devenu un acteur incontournable des réseaux mobiles. D’abord connu pour sa capacité à produire à bas coût, il est désormais devenu également un leader technologique sur la 5G, notamment en déposant une masse de brevets.

Dans la bataille diplomatique et économique qui oppose les Etats-Unis à la Chine, la provenance des équipements est un élément essentiel. Le président américain Donald Trump a interdit mercredi aux réseaux américains de télécoms de se fournir en équipements auprès de sociétés étrangères jugées à risque, une mesure qui cible clairement Huawei. Les Américains, qui redoutent notamment un espionnage massif, du fait d’une loi chinoise, adoptée en 2017, obligeant les entreprises à collaborer avec les services de renseignement, font également pression sur leurs alliés pour barrer la route au groupe chinois.

Les Européens avancent jusqu’ici en ordre dispersé sur la question. Des pays tels que l’Allemagne ont accepté au moins formellement la participation de Huawei à la construction de leurs réseaux, d’autres pays comme la République tchèque ont lancé des mises en garde.

Au Royaume-Uni, la question a même suscité une crise politique. La Première ministre Theresa May a limogé au début du mois son ministre de la Défense, accusé d’avoir fait fuiter dans la presse des informations sensibles sur une possible participation de Huawei aux infrastructures 5G.

Huawei assure de son côté que ses équipements sont fabriqués à partir de composants provenant du monde entier, qu’ils n’ont jamais été pris en défaut et que la sécurité est essentielle pour lui. Le groupe chinois, qui s’était dit mardi prêt à signer des accords de « non espionnage » avec les gouvernements, a dénoncé des « restrictions déraisonnables » en réponse à la décision américaine.

Elections en Australie: les travaillistes bien placés pour revenir au pouvoir

L’opposition travailliste est donnée favorite des élections organisées samedi en Australie au terme d’une campagne particulièrement dure qui a vu grossir le scepticisme à l’égard des grands partis traditionnels.

Après six ans de règne conservateur, l’alternance est probable même si l’avance du centre gauche, qui a longtemps fait cavalier seul en tête des sondages, s’est récemment réduite.

Et le dirigeant travailliste Bill Shorten est bien parti pour devenir le sixième Premier ministre qu’aura connu l’immense île-continent en une décennie.

La campagne aura été violente, avec des candidats agressés et d’autres qui ont jeté l’éponge après des envolées racistes ou sexistes sur les réseaux sociaux.

Le sortant Scott Morrison, qui avait pris le pouvoir en août après un « putsch » interne à son parti libéral, s’est retrouvé presque seul à défendre son bilan. Plusieurs de ses ministres ont refusé de s’impliquer quand d’autres ont été maintenus à distance pour ne pas desservir la cause.

Les ultimes sondages laissent entendre que l’avance de l’ex-syndicaliste Shorten s’est resserrée. Selon une étude Essential Research publiée dimanche, 51% des sondés opteraient pour le centre gauche, et 49% pour la coalition libéral-national.

Les projections faites en prenant en compte les petites formation donnent néanmoins les travaillistes en mesure de former une majorité.

– Vote obligatoire –

Une surprise est bien sûr toujours possible. Comme d’autres pays occidentaux, l’Australie voit monter le scepticisme à l’égard des élites traditionnelles en raison de la baisse du pouvoir d’achat et de l’aggravation des inégalités.

Alors que le clivage centre droit/centre gauche a toujours rythmé le jeu politique australien, cette campagne aura été marquée par l’émergence d’outsiders, dont des populistes et des candidats d’extrême droite.

Parmi eux, Clive Palmer, un millionnaire qui n’est pas sans rappeler Donald Trump avec son slogan « Make Australia Great » et qui pourrait bien entrer au Sénat après avoir dépensé sans compter et saturé l’espace médiatique.

Le vote étant obligatoire -sous peine d’une amende de 20 dollars australiens (12 euros)- la participation est toujours forte. Et ces candidats ont au final une influence puisqu’ils peuvent faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre.

M. Morrison, 51 ans, est parvenu à réduire son retard dans les sondages en attaquant sans relâche le programme économique travailliste qui se traduirait selon lui par une hausse des loyers et la disparition de milliers d’emplois.

« Cette élection est un choix de Premier ministre », a déclaré celui qui bénéficie du soutien des médias conservateurs du magnat Rupert Murdoch et qui pourrait devenir en cas de défaite l’un des Premiers ministres australiens demeuré le moins longtemps à son poste.

« Bill Shorten, le +Bill+ que vous ne pouvez pas vous permettre, ou le Premier ministre que je suis qui soutient ceux qui travaillent dur et les aspirations honnêtes des Australiens », a-t-il ajouté dans un jeu de mot sur le prénom « Bill » qui signifie aussi « facture » en anglais.

– « Manque de vision » sur le climat –

M. Shorten promet notamment une hausse des dépenses publiques dans un tas de domaines, notamment le traitement des cancers.

Son élection pourrait dépendre des résultats dans le Queensland (nord-est) ou le Victoria (sud), où le climat a été un des grands thèmes de campagne.

Car dans les banlieues aisées de Melbourne la cosmopolite ou les campagnes grillées par la sécheresse de l’Outback, le climatoscepticisme de la coalition au pouvoir a de plus en plus de mal à passer.

« Les réticences de la coalition sur le réchauffement climatique sont de plus en plus perçues par les jeunes comme le symbole de son manque de vision », explique à l’AFP Mark Kenny, professeur à l’Université nationale australienne.

Après un été austral marqué par des inondations historiques et des canicules record qui ont alimenté des feux de forêts dévastateurs, le refus du centre droit de sortir l’économie de sa sacro-sainte dépendance au charbon irrite de plus en plus. Notamment chez les agriculteurs pénalisés par les calamités météorologiques.

Quiconque emportera l’élection devra apporter des réponses au ralentissement économique ainsi qu’à la question de la place de l’Australie dans le monde.

Les deux principaux partis ont affirmé leur soutien à l’alliance avec Washington alors que la relation a pâti de l’unilatéralisme du président américain Donald Trump et des retombées de ses guerres commerciales.

Les deux ont également peiné à expliquer où devait se situer l’Australie vis-à-vis de la Chine qui est à la fois un partenaire économique vital et une puissance menaçant de plus en plus les positions géopolitiques australiennes.

L’ancien chef politique de l’ETA arrêté en France

Un ancien chef de l’organisation séparatiste basque ETA en cavale depuis 2002, Jose Antonio Urrutikoetxea Bengoetxea, a été arrêté jeudi matin en France, a annoncé le ministère espagnol de l’Intérieur.

Plus connu sous le nom de Josu Ternera, l’ancien chef politique de l’ETA, organisation aujourd’hui dissoute après quatre décennies de violence, a été arrêté « aux premières heures de la matinée aujourd’hui à Sallanches dans les Alpes françaises » dans une opération conjointe avec la Direction générale de la sécurité intérieure française, a précisé le ministère dans un communiqué.

L’ETA a tué plus de 800 personnes dans une campagne d’attentats pour l’indépendance du Pays Basque.

La police espagnole le recherchait depuis 2002, quand il était passé dans la clandestinité pour échapper aux poursuites pour son rôle dans un attentat contre une caserne de la Garde civile à Saragosse, dans le nord de l’Espagne, qui avait fait 11 morts dont cinq enfants en 1987.

Très influent dans l’organisation, Ternera, qui serait gravement malade, avait enregistré la « déclaration finale » par laquelle l’ETA annonçait sa dissolution définitive en mai 2018.

Panique dans un village du Pakistan après une flambée de VIH

Dans un village pauvre du Pakistan, des parents attendent anxieusement que leurs enfants passent un test de dépistage du VIH: des centaines de personnes de la région ont récemment été testées positives, semble-t-il suite à l’usage répété par un médecin d’une seringue contaminée.

La police a été dépêchée pour maintenir l’ordre parmi la foule tendue tandis que les familles se pressent dans le centre d’analyse mis en place à Wasayo, près de la ville de Larkana, dans la province du Sindh (sud).

La colère et la peur sont palpables dans ce village durement frappé par l’épidémie. Les autorités disent ignorer pour l’instant si elle est due à des négligences graves ou aux pratiques d’un pédiatre malintentionné.

Selon des responsables, plus de 400 personnes, dont de nombreux enfants, ont été testés séropositifs ces dernières semaines dans la région.

« Ils arrivent par dizaines », s’inquiète un médecin dans le centre de dépistage rudimentaire, où le personnel et l’équipement manquent cruellement.

Mukhtar Pervez attend avec angoisse que sa fille passe le test, se demandant si un récent accès de fièvre pourrait être une indication.

Pour d’autres, la terrible nouvelle est déjà tombée. Nisar Ahmed entre en trombe dans la clinique en quête de médicaments pour sa fille de 1 an, testée positive trois jours plus tôt.

« Je maudis (le médecin) responsable de l’infection de tous ces enfants », lâche-t-il, furieux.

Près de lui Imam Zadi est venue faire dépister cinq de ses enfants après avoir appris que son petit-fils était séropositif.

« Toute la famille est complètement bouleversée », dit-elle à l’AFP.

D’autres s’alarment à l’idée que l’avenir de leurs enfants soit irrémédiablement compromis dans un pays où la maladie reste mal connue et l’accès aux soins difficile, surtout pour les populations rurales pauvres.

« Qui va jouer avec elle? Et quand elle sera grande, qui voudra l’épouser? » pleure la mère d’une fillette de 4 ans testée positive dans un village voisin.

– « 600.000 charlatans » –

Le Pakistan a longtemps été considéré comme un pays où la prévalence du VIH était faible. Mais le virus se propage désormais à un rythme inquiétant, en particulier chez les toxicomanes et chez les travailleurs du sexe.

Avec quelque 20.000 nouveaux cas de séropositivité recensés pour la seule année 2017, le rythme de propagation de la maladie au Pakistan est le 2è plus rapide en Asie, selon des statistiques de l’Onu.

Le pays, dont la population est en croissance rapide, souffre déjà d’un manque d’infrastructures médicales, longtemps négligées par les autorités. Si bien que les communautés rurales pauvres sont particulièrement vulnérables face aux pratiques médicales douteuses.

« Selon certaines données gouvernementales, environ 600.000 charlatans sont actifs dans le pays et environ 270.000 pratiquent dans la province du Sindh », a indiqué l’agence UNAIDS dans un communiqué.

Des responsables provinciaux du secteur de la santé notent que les patients sont particulièrement exposés aux contaminations et aux virus par le biais d’injections.

« Pour économiser de l’argent, ces charlatans feront des piqûres à plusieurs patients avec une seule seringue. Cela pourrait être la cause principale de la multiplication des cas », estime Sikandar Memon, qui gère le programme anti-sida pour le compte de la province.

La présence de nombreux escrocs, combinée à « la réutilisation des seringues, à des transfusions sanguines à risque et d’autres pratiques médicales hasardeuses » ont conduit à l’envolée du nombre de contaminations au VIH ces dernières années, confirme Bushra Jamil, experte en maladies infectieuses à l’université Aga Khan à Karachi.

« La profusion de mauvaises pratiques médicales sans contrôles efficaces provoque des épidémies à répétition au Pakistan », souligne Mme Jamil.

Les enquêteurs affirment que le médecin mis en cause au Sindh est lui-même séropositif.

Emprisonné dans une cellule délabrée dans la ville de Ratodero, il nie avoir inoculé sciemment le virus aux patients et se plaint d’être détenu au côté de criminels de droit commun.

Mais pour les familles des personnes infectées, l’enjeu n’est pas tant les progrès de l’enquête que l’accès à une meilleure information et aux traitements nécessaires pour prévenir l’apparition du sida.

« Nous ne savons pas quoi faire. J’ai d’autres enfants et j’ai peur qu’ils attrapent la maladie », confie une autre mère dont la fille a également été récemment testée positive.

« Faites-nous parvenir des médicaments pour nos enfants, pour qu’ils puissent être soignés », supplie-t-elle. « Sinon tous nos enfants vont mourir, n’est-ce pas? »

Gilets jaunes, bonnets rouges, chemises vertes: les habits de la révolte

Six mois après le début du mouvement, le gilet jaune est entré dans le vestiaire de la contestation sociale. Bonnets, parapluies, rouge à lèvre : tour d’horizon des accessoires de protestation en France et dans le monde.

– Etoffes françaises –

Avec ou sans cocarde, le bonnet phrygien devient l’une des allégories de la République après la révolution de 1789. Attribuée à la région antique de Phrygie (actuelle Turquie occidentale), cette coiffe rouge aurait été portée par les esclaves affranchis en Grèce et à Rome.

Nombre de révolutionnaires qui la portent sont des « sans-culottes », ainsi nommés car ils portent des pantalons et non les hauts-de-chausses qui s’arrêtaient au genou et symbolisaient l’aristocratie sous l’Ancien régime.

Un autre bonnet, rouge lui aussi, traverse les siècles. Porté dès 1675 par les Bretons opposés à une réforme fiscale de Paris, le bonnet rouge réapparaît plus de 300 ans après, en 2013, toujours en Bretagne, contre un projet d’écotaxe.

Dans les années 1930, les « chemises vertes » prônent la grève de l’impôt dans les campagnes françaises, accusant l’État de harceler les paysans.

Obligatoire pour les automobilistes depuis 2008, le gilet jaune fluo devient dix ans plus tard l’étendard d’une fronde populaire inédite qui démarre en réaction à la hausse des prix des carburants avant d’agréger des revendications multiples.

– « Servantes écarlates » –

États-Unis, Argentine, Irlande, Pologne, les « servantes écarlates », tuniques rouges et bonnets blancs, inspirées du roman de la Canadienne Margaret Atwood, popularisé par la série éponyme, sont devenues en 2018 une puissante expression du mouvement #MeToo.

Le costume, qui rappelle les tenues de nonnes, s’est imposé pour les anti-Trump comme une parabole de la dérive conservatrice américaine et des violences subies par les femmes. Pour les mêmes droits, les « pussy hats », bonnets roses aux oreilles de chat, colorent les rues américaines au lendemain de l’investiture de Donald Trump début 2017.

– Chemises thaïlandaises –

En 2008 à Bangkok, les « chemises jaunes » tiennent le haut du pavé face aux « chemises rouges » des partisans de l’ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra, renversé par des généraux royalistes en 2006.

Le jaune, couleur du lundi, jour de naissance du défunt roi Bhumibol et de l’actuel monarque Rama X, est associé au royalistes et aux élites de Bangkok, tandis que les chemises rouges représentent les régions rurales du nord.

En 2009, c’est au tour des « chemises bleues » de manifester, inspirées par l’homme politique Newin Chidchob et opposées aux « chemises rouges ».

– Parapluies à Hong Kong –

Multicolores, plusieurs milliers de parapluies défilent à Hong Kong en 2014 pour protester contre la réforme électorale de l’ancienne colonie britannique.

Outil pacifique de protection contre la police, l’accessoire devient l’emblème de manifestations prodémocratie à Hong Kong, jusqu’à entrer dans le parlement régional et être exposé en croquis au British Museum de Londres fin 2018.

– Rouge à lèvres au Nicaragua –

Les opposants au président nicaraguayen Daniel Ortega choisissent le rouge à lèvres comme instrument de dénonciation en octobre 2018. Ils diffusent sur les réseaux sociaux le slogan #soypicorojo (j’ai le bec rouge) pour réclamer la libération d’opposants emprisonnés.

L’idée est lancée lorsque la militante féministe Marlen Chow est arrêtée : elle s’était maquillée soigneusement et avait ensuite passé son bâton de rouge à lèvres à ses codétenues en les encourageant à se faire belles pour l’interrogatoire.

Dans le nord de la Tunisie, des potières au savoir-faire millénaire

Derrière sa ferme, Sabiha bêche et tire du sol un seau d’argile grise. Comme du temps de la préhistoire, elle en façonnera des pots, plats et poupées grâce à des techniques transmises de mère en fille et des matériaux récoltés dans les vallons environnants.

Les potières de Sejnane en Tunisie, dont le savoir-faire a rejoint fin 2018 la liste Unesco du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, sont connues pour leurs œuvres de terre claire aux couleurs irrégulières parfois ornées de motifs rouges et noirs.

« Ce sont des motifs berbères, les mêmes que l’on trouve sur les vêtements ou les tatouages traditionnels », explique Sabiha Ayari, potière quinquagénaire reconnue, qui travaille dans des conditions ardues.

Assise dans un appentis sommaire avec vue sur les champs familiaux, elle passe le plus clair de son temps à modeler des ustensiles mais aussi des tortues et chevaux stylisés.

Elle travaille un mélange d’argile et de briques concassées foulé par sa belle-soeur: les briques – l’une des rares touches de modernité dans le procédé – remplacent les débris de pots cassés qu’on ajoutait autrefois pour solidifier l’argile cru.

Après quelques jours de séchage, les deux femmes enduisent les poteries d’une fine couche d’argile blanche, puis certaines sont ornées de motifs dessinés avec une terre rouge ocre.

La maman de Sabiha vient parfois s’accroupir près d’elles pour polir les plats, à l’aide d’un simple coquillage aussi usé que ses mains, lissant la terre plusieurs fois pour obtenir l’aspect vernissé.

– De l’utilitaire au décoratif –

Pas d’outil sophistiqué ni de four: une pièce de moteur sert de base de travail, une semelle de chaussure suffit à modeler les pièces, un bâton à dessiner les motifs. La cuisson se fait sur un foyer ouvert nourri de bouses séchées et d’écorces, donnant aux pièces leurs couleurs irrégulières.

Les argiles blanches ou rouges sont récoltées dans des collines de cette région agricole à 2h30 à l’ouest de Tunis.

Pour décorer les pots, les femmes cueillent et pilent des feuilles de lentisque, jusqu’à obtenir un liquide appliqué au bâton après une première cuisson. Les dessins verdâtres deviendront noirs au contact de la chaleur.

« C’est comme ça qu’on fabriquait tous les ustensiles de cuisine quand j’étais petite », explique Sabiha. « On ne se rendait pas compte de la valeur de ces objets ».

Elle montre fièrement une vaste jarre modelée par sa grand mère — les autres objets anciens ont été réduits en miettes pour en fabriquer de nouveaux.

Ce type de poterie, qui remonte à 3.500 ans av. J.-C., a perduré « sans grand changement technique ni esthétique », explique Naceur Baklouti, chercheur en patrimoine. Depuis un demi-siècle, « les artisanes ont su s’adapter au changement des modes de vie en faisant passer leur production de l’utilitaire au décoratif », ces objets possédant une beauté qui a assuré leur pérennité, dit-il.

Car lorsque les biens de grande consommation ont fait leur apparition dans les campagnes tunisiennes à la fin des années 1970, la fabrication de vaisselle maison a perdu sa raison d’être.

Des potières ont alors installé de petites échoppes le long de la route pour y faire commerce de leurs créations, souvent décoratives. Et certaines ont été invitées dans des ventes artisanales à Tunis, puis en Europe.

Sabiha ne sait pas lire ni écrire autre chose que le nom qu’elle bâtonne sous ses oeuvres, mais c’est son travail qui fait vivre la maisonnée: la finesse de ses poteries est appréciée et elle reçoit des commandes régulières.

– Transmission –

« Je suis une ambassadrice de la Tunisie », lance-t-elle fièrement, mettant un point d’honneur à arriver en habit traditionnel rouge et foulard fleuri lors des ventes.

Mais parmi les centaines de potières des vallons verdoyants entourant Sejnane, rares sont celles qui vivent de leur travail: c’est avant tout un revenu d’appoint.

Et les vocations manquent parmi la jeune génération. L’apprentissage et la fabrication prennent beaucoup de temps, or « les jeunes veulent aller vite », souligne Sabiha.

Elle regrette que certaines de ses voisines ne prennent pas le temps pour trouver de la terre noble, achètent de l’encre noire au lieu de piler des lentisques, ou du vernis chimique pour éviter l’étape de polissage. « Cela porte préjudice à l’ensemble des potières », avertit-elle.

Pour éviter que les poteries de Sejnane ne soient victimes de leur succès, le défi reste la transmission des techniques ancestrales. Un complexe de plusieurs hectares est en projet à Sejnane, rassemblant un musée et un centre de formation pour protéger le savoir-faire local.

Sabiha, célibataire, n’a ni enfant ni nièce. Elle a formé sa belle-soeur Khadija et plusieurs potières de la région et compte transmettre son art à la future épouse de son neveu – qui doit quitter l’usine pour s’installer à la ferme après son mariage – afin que toutes ses techniques restent dans la famille.

« Ici, elle sera plus libre, elle aura plus de dignité », estime Sabiha.

Mais Khadija s’inquiète: « C’est un travail de passionnée, on ne peut pas te forcer, il faut de la volonté ».

Niger: 28 soldats tués dans une nouvelle attaque à la frontière malienne

Vingt-huit soldats nigériens ont été tués mardi près de la frontière malienne dans la région de Tillabéri (ouest du Niger), près du village de Tongo Tongo où quatre soldats américains et cinq militaires nigériens étaient tombés dans une embuscade en 2017.

« Le 14 mai vers 08H00 locales (07H00 GMT) dans la zone nord de Mangaïzé (région de Tillabéri), une colonne militaire de Forces armées nigériennes (FAN) en mouvement a été prise à partie par des terroristes lourdement armés dans une attaque complexe à base d’engin explosifs improvisés. Le bilan s’établit comme suit, côté ami: dix-sept tués, six blessés, onze portés disparus, deux véhicules calcinés », selon un communiqué du ministère nigérien de la Défense lu à la radio mercredi soir.

Dans la soirée, une source sécuritaire a affirmé à l’AFP: « Nous avons la confirmation que les corps sans vie des onze soldats portés disparus ont été retrouvés, ce qui porte le bilan à 28 morts ».

« Des renforts ont été déployées dans le secteur pour poursuivre et neutraliser les assaillants qui se sont exfiltrés vers le Nord (frontière malienne, ndlr). Des opérations de ratissage se poursuivent dans la zone avec l’appui des partenaires », conclut le texte du comuniqué de la Défense.

La France, très active dans la région dans le cadre de l’opération anti-jihadiste Barkhane, a indiqué ne pas « avoir été associée » aux opérations. Les Etats-Unis disposent également d’une base au Niger.

Auparavant, une source sécuritaire avait indiqué que « l’embuscade » était l’oeuvre d’un « groupe terroriste composé de centaines d’hommes lourdement armés venus du Nord », situant l’attaque en soirée et non dans la matinée.

« Un véhicule (des militaires nigériens) a d’abord sauté sur un engin explosif, et puis une fusillade s’est déclenchée », selon une autre source sécuritaire.

« La patrouille traquait les terroristes qui ont attaqué lundi la prison de haute sécurité de Koutoukalé », à 50 km au nord de Niamey, et ont tué un soldat nigérien, selon cette même source.

Selon le site nigérien Actuniger, qui fait état d’un bilan de 29 tués, une patrouille constituée de 52 soldats nigériens « est tombée dans une embuscade d’individus lourdement armés mardi à Baley Beri, près de Tongo Tongo » et « les combats d’une rare violence » ont « duré plus de deux heures ».

– L’attaque de 2017 revendiquée par l’Etat islamique –

« Vingt-deux soldats ont pu rejoindre la base de Ouallam à bord de trois véhicules », indique le site sur la base de « sources locales et sécuritaires ».

Le gouvernement a décrété un deuil national de trois jours à compter de jeudi, selon un communiqué lu à la télévision.

Le 4 octobre 2017, quatre soldats américains et cinq militaires nigériens avaient été tués par des jihadistes venus à bord d’une dizaine de véhicules et d’une vingtaine de motos à hauteur de Tongo Tongo, situé à environ 80 km au nord-ouest de Ouallam (une centaine de km de Niamey) et à une vingtaine de km de la frontière avec le Mali.

Le Pentagone avait expliqué que le but de l’opération américano-nigérienne était de capturer un chef jihadiste, Doundoun Cheffou, soupçonné d’être impliqué dans l’enlèvement de l’humanitaire américain Jeffery Woodke.

L’attaque contre les soldats américains et nigériens avait été revendiquée par l' »Etat islamique dans le Grand Sahara » (EIGS).

Depuis 2018, l’ONU s’inquiète de la persistance de l’insécurité dans la région de Tillabéri, théâtre de nombreuses incursions de groupes jihadistes et de violences intercommunautaires.

L’armée nigérienne s’est déployée massivement fin 2018 dans la région pour chasser les combattants islamistes venus du Mali et du Burkina Faso.

Lundi, les forces de sécurité avaient perdu un homme en repoussant une « attaque terroriste contre la prison de haute sécurité de Koutoukalé », l’établissement pénitentiaire le mieux gardé du Niger, où sont détenus de nombreux jihadistes.

Les assaillants, qui avaient notamment utilisé une voiture de Médecins sans frontières (MSF) volée dans un camp de réfugiés à la frontière malienne, avaient fui vers cette même frontière du Nord.

Pays pauvre du Sahel, le Niger vit en permanence sous la menace d’attaques des groupes jihadistes sahéliens dans l’Ouest et le Nord ainsi que de celles de Boko Haram dans le Sud-Est. Les forces de sécurité sont perpétuellement sur le qui-vive.

Deux Canadiens détenus en Chine formellement placés en état d’arrestation

La Chine a placé formellement en état d’arrestation deux Canadiens déjà détenus depuis décembre au nom de la sécurité nationale, affirme jeudi un journal canadien, dans une affaire qui empoisonne les relations diplomatiques entre Pékin et Ottawa.

Le quotidien The Globe and Mail cite un communiqué transmis par le ministère canadien des Affaires étrangères selon lequel « le Canada condamne fermement leur arrestation arbitraire, comme nous avions condamné leur détention arbitraire le 10 décembre ».

L’ancien diplomate Michael Kovrig, ainsi que le consultant et homme d’affaires Michael Spavor, avaient été interpellés peu après que le Canada eut arrêté à la demande des Etats-Unis la directrice financière du géant chinois des télécommunications Huawei, Meng Wanzhou.

Washington exige l’extradition de Mme Meng vers les Etats-Unis, où elle est accusée de complicité de fraude pour contourner les sanctions contre l’Iran, ce qu’elle dément. Son arrestation a ouvert une crise diplomatique sans précédent entre Ottawa et Pékin.

L’interpellation des deux Canadiens est largement perçue en Occident comme une mesure de représailles, ce que la Chine dément.

Les autorités chinoises ont fait savoir début mars qu’elles soupçonnaient Michael Kovrig d’espionnage et de vol de secrets d’Etat, des accusations qui peuvent lui valoir de très lourdes peines.

Grogne dans l’éducation au Brésil: paroles de profs et de chercheurs

Ils ont perdu leur bourse, ne savent pas si leur université pourra poursuivre la recherche contre le cancer ou aura même encore de l’électricité après les coupes budgétaires au Brésil: un enseignant, un boursier, un étudiant ont expliqué à l’AFP pourquoi ils manifestaient ce mercredi.

Arthur Caser, professeur dans un collège touché –

Ce professeur d’histoire de Pedro II explique que cette institution réputée de Rio de Janeiro aux 13.000 élèves et étudiants va subir une baisse de 36% de son budget.

« Le fonctionnement même de l’institution est menacé », dit-il. Ce sont des fonds en moins pour « l’éclairage, l’eau, les sous-traitants chargés de l’entretien, de la sécurité, de la conciergerie, ceux qui prennent soin des élèves ».

« On ne sait même pas s’il va y avoir des cours jusqu’à la fin de l’année », ajoute l’enseignant de 33 ans.

« Ce gouvernement est dans une logique d’asphyxie et de bâillonnement » de la population, accuse-t-il. Le ministère « promeut la ‘dés-éducation’ — comme la dictature autrefois. Il promeut une éducation pour que les citoyens obéissent, ne soient pas critiques et soient passifs ».

« Aujourd’hui l’enseignant est vu comme l’ennemi numéro un », dit-il en référence à diverses initiatives du gouvernement Bolsonaro visant à éliminer tout supposé endoctrinement « gauchiste » des salles de classe.

Mais, pour Arthur Caser, « il faut se souvenir que l’éducation n’a jamais été une priorité au Brésil. L’Education a toujours été l’un des premiers budgets touchés quand il s’est agi de faire des coupes ».

« Ce mercredi, on espère que les gens vont descendre dans les rues pour défendre un projet plus populaire qui valorise la liberté et l’égalité », conclut l’enseignant.

Adison Filho, boursier sans bourse –

A 25 ans, Adison Filho avait obtenu une bourse de doctorant en géologie à l’Université Fédérale de Rio de Janeiro (UFRJ) pour poursuivre ses recherches sur la « protection du patrimoine géologique » au deuxième semestre, à partir d’août.

Il pensait travailler sur des plages du nord de Rio menacées par un projet de port, où des rochers particulièrement rares sont utilisés pour calculer le niveau de la mer et mesurer l’impact du réchauffement climatique.

Mais il vient d’apprendre la suspension des bourses par le gouvernement.

« La valeur de la bourse est plutôt faible (1.500 reais par mois, soit 330 euros), mais cela m’aurait permis de voyager, d’habiter plus près de l’université (…) ou d’assister à des congrès », déplore-t-il.

« Je suis pénalisé par le gouvernement », dit-il, « je ne vais plus pouvoir rien faire sans bourse ».

« Je vais manifester, c’est sûr », dit-il à propos des appels pour ce mercredi. « Nous sommes les guerriers de la recherche » et « nous ne pouvons abandonner notre rêve: pouvoir faire de la recherche au Brésil », même si « beaucoup (de chercheurs) pensent maintenant s’exiler », dit Adison Filho.

Le jeune homme avoue qu’il n’a pas de plan B. Il pourrait devenir guide, pour expliquer aux touristes l’importance de la géologie en les amenant sur le Pain de sucre.

Leandro Téodoro, un chercheur menacé –

Leandro Téodoro Junior, chercheur en biologie de 23 ans à l’Université fédérale ABC de Sao Paulo (sud-est), qui a deux diplômes de Master, a une bourse de moins de 800 réais par mois et voit l’avenir de sa recherche très compromis.

« Parfois les gens voient l’université comme quelque chose qui est en dehors de la société. Mais ce n’est pas du tout le cas », dit le jeune homme qui habite dans une favela.

Il cite en exemple sa recherche sur un traitement contre le cancer du rein basé sur l’immunothérapie.

Avec les coupes claires dans les budgets des universités publiques, « nous allons perdre notre capacité à faire des recherches dans tous les domaines, pas seulement en sciences, mais en santé, en pharmacologie, en sciences humaines », déplore-t-il.

Pour l’instant, sa recherche avance par à-coups, avec des fonds réunis grâce à un organisme régional. Mais il craint que cela ne soit pas suffisant pour la terminer.

« Il faut vraiment qu’on aime beaucoup notre travail pour réussir à garder le cap », dit le jeune homme qui prend part à la mobilisation de mercredi.

Assassinat de deux Scandinaves au Maroc: des suspects au « credo jihadiste »

Un marchand ambulant, un plombier, un menuisier… les hommes accusés d’être impliqués dans le meurtre de deux touristes scandinaves en décembre 2018 au Maroc avaient adhéré à un « credo jihadiste », selon les enquêteurs marocains.

Les quatre principaux suspects, des pères de famille natifs de la région de Marrakech (sud), doivent comparaître jeudi aux côtés d’une vingtaine d’autres personnes pour la deuxième audience de leur procès.

La plupart des 24 suspects sont accusés d’appartenir à un groupe imprégné de l’idéologie du groupe Etat islamique (EI), « sans contact » avec des cadres opérationnels en Syrie ou en Irak, selon le chef de l’antiterrorisme marocain Abdelhak Khiam. Issus de milieux modestes, avec un niveau d’instruction « très bas », ils vivaient d’activités précaires.

– « L’émir » –

Abdessamad Ejjoud, un marchand ambulant de 25 ans, est le chef du groupe. Surnommé « Abou Moussab », marié et père d’une fille, il avait été condamné à une peine de prison pour avoir tenté de rejoindre l’EI en Syrie.

A sa sortie de prison en 2015, il avait monté une cellule jihadiste. Lors des réunions, ce groupe « glorifiait » les actions de l’EI, réfléchissant à un moyen de « soutenir » le groupe ultra-radical, selon l’acte d’accusation consulté par l’AFP.

C’est lui qui aurait organisé l’expédition dans le Haut-Atlas, où il aurait décapité l’une des touristes. C’est aussi lui qui parle dans une vidéo dans laquelle, avec les trois autres principaux suspects, il prêtait allégeance à l’EI.

– Le menuisier –

Younes Ouaziyad, 27 ans, a été l’une des premières recrues d’Abdessamad Ejjoud.

D’après des témoignages recueillis par l’AFP dans son modeste quartier à Marrakech, ce père d’une fille était un menuisier, perçu comme « un garçon sans histoire ».

Mais selon ses proches, il était devenu quelques mois avant le double assassinat un adepte du salafisme, branche ultraconservatrice de l’islam sunnite.

Il a été arrêté avec Ejjoud et Rachid Afatti quelques jours après le double assassinat alors qu’ils tentaient de quitter Marrakech en autocar.

– Le troisième homme –

Rachid Afatti, 33 ans, n’a pas participé aux décapitations selon les enquêteurs, mais a filmé la scène avec un smartphone.

Comme Abdessamad Ejjoud, ce père de quatre enfants de milieu très modeste vivait dans la commune rurale et défavorisée de Harbil, près de Marrakech.

Ses proches ont affirmé qu’il s’était « isolé » les mois précédents le double meurtre. Comme les deux autres suspects, il s’était rasé la barbe et avait délaissé ses vêtements traditionnels quelque temps avant le 16 décembre pour ne pas éveiller les soupçons.

– Le plombier –

Abderrahim Khayali, un plombier de 33 ans, se serait rendu dans le Haut-Atlas avec ses trois compagnons mais les aurait quittés avant l’assassinat. Il est retourné à Marrakech le jour du double meurtre pour « trouver une planque » et faciliter la fuite du groupe, selon l’acte d’accusation.

Il y a trois ans, il était devenu adepte du salafisme, puis avait démissionné d’un hôtel qui servait de l’alcool, selon des témoignages recueillis par l’AFP auprès de ses proches. C’est à son domicile que la vidéo d’allégeance aurait été tournée.

Ce père de deux enfants a été interpellé quelques heures après la découverte des corps.

– Les autres –

Les 20 autres accusés, âgés de 20 à 51 ans, ont été interpellés dans plusieurs villes en raison de leurs liens avec les tueurs présumés. Tous appartenaient au groupe fondé par Ejjoud, selon les enquêteurs. Ils sont accusés d’avoir « relayé des images de propagande » sur WhatsApp et Telegram, d’avoir planifié des attaques dans le royaume ou d’avoir voulu rejoindre l’EI.

Seul étranger du groupe, Kevin Zoller Guervos, 25 ans, est un Hispano-Suisse converti à l’islam, accusé notamment d' »aide préméditée à des auteurs d’actes terroristes » et d' »entraînement de personnes en vue de commettre des actes terroristes ».

Il est accusé d’avoir appris aux suspects à utiliser une messagerie cryptée, de « les avoir entraînés au tir » et d’avoir planifié avec eux des attaques jamais mises en oeuvre, selon l’acte d’accusation. Il avait affirmé son innocence pendant l’enquête.

Reprise au Maroc du procès du meurtre des touristes scandinaves

Le procès des assassins présumés de deux touristes scandinaves, décapitées en décembre dans le sud du Maroc, reprend jeudi près de Rabat, une affaire qui avait suscité l’émoi dans le royaume et pour laquelle les principaux suspects risquent la peine de mort.

Le procès s’était ouvert le 2 mai dernier devant la chambre criminelle de la cour d’appel de Salé mais avait été aussitôt renvoyé à la demande des avocats qui voulaient mieux prendre connaissance du dossier.

D’après une source proche du dossier, l’audience de jeudi devrait être consacrée à des questions de pure forme, et le procès pourrait prendre des mois avant que le verdict ne soit rendu.

Cette audience coïncide avec le 16e anniversaire des attentats meurtriers perpétrés le 16 mai 2003 par des kamikazes issus d’un bidonville de Casablanca, qui avaient fait 33 morts.

Vingt-quatre personnes en tout comparaissent jeudi pour « apologie du terrorisme », « atteinte à la vie de personnes avec préméditation » ou « constitution de bande terroriste ».

Les principaux suspects, qui avaient prêté allégeance au groupe jihadiste Etat islamique (EI), sont accusés d’avoir tué Louisa Vesterager Jespersen, une étudiante danoise de 24 ans, et son amie Maren Ueland, une Norvégienne de 28 ans, dans la nuit du 16 au 17 décembre sur un site isolé du Haut-Atlas où elles campaient. Ils risquent la peine de mort.

« Nous voulons d’abord comprendre, ensuite demander des compensations, même si rien ne peut compenser la douleur des familles » des victimes, a confié à l’AFP Me Khalid Elfataoui, l’avocat des parents de Louisa qui se sont constitués partie civile.

Il dit vouloir demander la peine de mort pour les assassins « même si les pays d’origine des victimes y sont par principe opposés ».

Des condamnations à la peine capitale sont toujours prononcées au Maroc, mais un moratoire est appliqué de facto depuis 1993 et son abolition fait débat.

– Trio meurtrier –

Les trois principaux suspects dans cette affaire, natifs de la région de Marrakech, se nomment Abdessamad Ejjoud (25 ans), Younes Ouaziyad (27 ans) et Rachid Afatti (33 ans).

A l’ouverture du procès, le premier, chef présumé du groupe, siégeait tout sourire au premier rang des accusés, aux côtés de ses deux compagnons. Surnommé « Abou Moussab », il avait déjà fait de la prison pour avoir tenté de rejoindre l’EI en Syrie.

Un quatrième Marocain, Abderrahim Khayali, 33 ans, s’était rendu avec les trois autres dans la montagne mais était retourné à Marrakech pour y trouver une planque, peu avant le passage à l’acte, selon l’acte d’accusation consulté par l’AFP.

La diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo montrant la décapitation d’une des victimes, filmée par un des hommes, avait suscité l’effroi dans le royaume.

Dans cette séquence, un des suspects parlait de « revanche » pour les « frères » en Syrie, où l’EI, sous le coup de plusieurs offensives, avait perdu en décembre la majorité des territoires dont il s’était emparé depuis 2014.

Une autre vidéo publiée dans la foulée montrait les quatre suspects principaux prêtant allégeance à l’EI.

Issus de milieux modestes, avec un niveau d’instruction « très bas » selon les enquêteurs, ils vivaient de petits boulots dans des quartiers déshérités de Marrakech.

Arrêtés peu après le drame, ils avaient sur eux des couteaux portant des marques de sang.

– Inspiré par l’EI –

Leur « cellule terroriste » inspirée par l’idéologie de l’EI n’avait pas de « contact » avec des cadres opérationnels en Syrie ou en Irak, selon les enquêteurs. L’EI n’a jamais revendiqué leurs actes.

Selon l’acte d’accusation, le groupe s’était rendu dans les montagnes touristiques du Haut-Atlas le 12 décembre, décidé à « assassiner des touristes ». Il avait repéré plusieurs cibles potentielles, mais renonçait à chaque fois en raison de la présence de guides ou d’habitants.

Dans la nuit du 16 décembre, Ejjoud, Ouaziyad et Afatti avaient repéré les deux victimes qui campaient sur un site isolé.

Les 20 autres prévenus sont poursuivis pour leurs liens avec les tueurs présumés. Agés de 20 à 51 ans et membres présumés du groupe d’Ejjoud, ils sont accusés d’avoir « relayé des images de propagande », d’avoir planifié des attaques dans le royaume ou d’avoir voulu rejoindre l’EI en Syrie et en Irak.

Seul étranger du groupe, Kevin Zoller Guervos est un Hispano-suisse de 25 ans converti à l’islam et installé au Maroc. Selon l’acte d’accusation, il est notamment soupçonné d’avoir entraîné les suspects au tir, selon les enquêteurs. Devant le juge d’instruction, il avait déclaré être innocent.

La plupart des accusés sont défendus par des avocats commis d’office.

Reprise au Maroc du procès du meurtre des touristes scandinaves

Le procès des assassins présumés de deux touristes scandinaves, décapitées en décembre dans le sud du Maroc, reprend jeudi près de Rabat, une affaire qui avait suscité l’émoi dans le royaume et pour laquelle les principaux suspects risquent la peine de mort.

Le procès s’était ouvert le 2 mai dernier devant la chambre criminelle de la cour d’appel de Salé mais avait été aussitôt renvoyé à la demande des avocats qui voulaient mieux prendre connaissance du dossier.

D’après une source proche du dossier, l’audience de jeudi devrait être consacrée à des questions de pure forme, et le procès pourrait prendre des mois avant que le verdict ne soit rendu.

Cette audience coïncide avec le 16e anniversaire des attentats meurtriers perpétrés le 16 mai 2003 par des kamikazes issus d’un bidonville de Casablanca, qui avaient fait 33 morts.

Vingt-quatre personnes en tout comparaissent jeudi pour « apologie du terrorisme », « atteinte à la vie de personnes avec préméditation » ou « constitution de bande terroriste ».

Les principaux suspects, qui avaient prêté allégeance au groupe jihadiste Etat islamique (EI), sont accusés d’avoir tué Louisa Vesterager Jespersen, une étudiante danoise de 24 ans, et son amie Maren Ueland, une Norvégienne de 28 ans, dans la nuit du 16 au 17 décembre sur un site isolé du Haut-Atlas où elles campaient. Ils risquent la peine de mort.

« Nous voulons d’abord comprendre, ensuite demander des compensations, même si rien ne peut compenser la douleur des familles » des victimes, a confié à l’AFP Me Khalid Elfataoui, l’avocat des parents de Louisa qui se sont constitués partie civile.

Il dit vouloir demander la peine de mort pour les assassins « même si les pays d’origine des victimes y sont par principe opposés ».

Des condamnations à la peine capitale sont toujours prononcées au Maroc, mais un moratoire est appliqué de facto depuis 1993 et son abolition fait débat.

– Trio meurtrier –

Les trois principaux suspects dans cette affaire, natifs de la région de Marrakech, se nomment Abdessamad Ejjoud (25 ans), Younes Ouaziyad (27 ans) et Rachid Afatti (33 ans).

A l’ouverture du procès, le premier, chef présumé du groupe, siégeait tout sourire au premier rang des accusés, aux côtés de ses deux compagnons. Surnommé « Abou Moussab », il avait déjà fait de la prison pour avoir tenté de rejoindre l’EI en Syrie.

Un quatrième Marocain, Abderrahim Khayali, 33 ans, s’était rendu avec les trois autres dans la montagne mais était retourné à Marrakech pour y trouver une planque, peu avant le passage à l’acte, selon l’acte d’accusation consulté par l’AFP.

La diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo montrant la décapitation d’une des victimes, filmée par un des hommes, avait suscité l’effroi dans le royaume.

Dans cette séquence, un des suspects parlait de « revanche » pour les « frères » en Syrie, où l’EI, sous le coup de plusieurs offensives, avait perdu en décembre la majorité des territoires dont il s’était emparé depuis 2014.

Une autre vidéo publiée dans la foulée montrait les quatre suspects principaux prêtant allégeance à l’EI.

Issus de milieux modestes, avec un niveau d’instruction « très bas » selon les enquêteurs, ils vivaient de petits boulots dans des quartiers déshérités de Marrakech.

Arrêtés peu après le drame, ils avaient sur eux des couteaux portant des marques de sang.

– Inspiré par l’EI –

Leur « cellule terroriste » inspirée par l’idéologie de l’EI n’avait pas de « contact » avec des cadres opérationnels en Syrie ou en Irak, selon les enquêteurs. L’EI n’a jamais revendiqué leurs actes.

Selon l’acte d’accusation, le groupe s’était rendu dans les montagnes touristiques du Haut-Atlas le 12 décembre, décidé à « assassiner des touristes ». Il avait repéré plusieurs cibles potentielles, mais renonçait à chaque fois en raison de la présence de guides ou d’habitants.

Dans la nuit du 16 décembre, Ejjoud, Ouaziyad et Afatti avaient repéré les deux victimes qui campaient sur un site isolé.

Les 20 autres prévenus sont poursuivis pour leurs liens avec les tueurs présumés. Agés de 20 à 51 ans et membres présumés du groupe d’Ejjoud, ils sont accusés d’avoir « relayé des images de propagande », d’avoir planifié des attaques dans le royaume ou d’avoir voulu rejoindre l’EI en Syrie et en Irak.

Seul étranger du groupe, Kevin Zoller Guervos est un Hispano-suisse de 25 ans converti à l’islam et installé au Maroc. Selon l’acte d’accusation, il est notamment soupçonné d’avoir entraîné les suspects au tir, selon les enquêteurs. Devant le juge d’instruction, il avait déclaré être innocent.

La plupart des accusés sont défendus par des avocats commis d’office.

Trump restreint les équipements télécoms étrangers en ciblant la Chine

Le président américain Donald Trump a interdit mercredi aux réseaux américains de télécoms de se fournir en équipements auprès de sociétés étrangères jugées à risque, une mesure ciblant d’abord la Chine.

En pleines tensions commerciales avec Pékin, M. Trump a déclaré une « urgence nationale » pour prendre ce décret qui était attendu et vise notamment le géant chinois des télécoms Huawei, depuis longtemps dans le collimateur des autorités américaines.

Cette mesure est justifiée par la Maison Blanche par le fait que des « adversaires étrangers exploitent de façon croissante des vulnérabilités dans les services et les infrastructures technologiques de l’information et de la communication aux Etats-Unis ».

Pour Pékin, il s’agit au contraire d’une manoeuvre déloyale faussant la concurrence.

Le décret présidentiel assure répondre aux « actes malveillants favorisés par internet, dont l’espionnage économique et industriel au détriment des Etats-Unis et de sa population ».

Il s’agit de la mesure la plus sévère prise par le gouvernement de Donald Trump contre le secteur technologique chinois en pleine expansion, en particulier dans les pays émergents d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie.

L’enjeu technologique domine actuellement la rivalité commerciale entre Pékin et Washington.

Les deux premières économies mondiales s’affrontent par l’imposition mutuelle de droits de douane accrus depuis que M. Trump a lancé les hostilités après avoir fait de la Chine une des cibles favorites de sa campagne présidentielle de 2016.

– Omniprésence de Huawei –

« Le gouvernement fera tout ce qui est son pouvoir pour garder l’Amérique sûre et prospère », a déclaré mercredi la porte-parole de l’exécutif, Sarah Sanders.

Interrogées sur l’éventualité de l’adoption à Washington d’un tel décret, les autorités à Pékin avaient préalablement dénoncé un abus de pouvoir visant selon elles à écarter les entreprises chinoises du libre jeu de la concurrence.

« Cela fait un certain temps que les Etats-Unis abusent de leur puissance nationale pour jeter de façon délibérée un discrédit sur les entreprises chinoises et les refouler ainsi à tout prix, ce qui n’est ni juste, ni respectable », a commenté Geng Shuang, un porte-parole de la diplomatie chinoise.

Il a accusé Washington de recourir au « prétexte de la sécurité nationale » pour empêcher les entreprises chinoises d’investir et de prendre des parts de marché aux Etats-Unis.

Avec le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo en première ligne, les Etats-Unis mènent une charge depuis plusieurs mois contre Huawei, qu’ils soupçonnent d’espionnage pour le compte de Pékin. Le Pentagone a aussi multiplié les mises en garde.

Les Etats-Unis ont donc exclu la firme chinoise du déploiement de la 5G sur leur sol et tentent de convaincre leurs alliés occidentaux d’en faire autant en avertissant des multiples dangers d’espionnage dans un monde où la cinquième génération augmentera la foule d’objets connectés, des voitures aux caméras de sécurité.

Mercredi, le ministère américain du Commerce a enfoncé le clou en plaçant Huawei sur une liste d’entreprises suspectes auprès desquelles on ne peut commercer qu’après avoir obtenu un feu vert des autorités.

L’arrestation en décembre de la directrice financière de Huawei à Vancouver (Canada), à la demande de la justice américaine, a envenimé les choses. Meng Wanzhou est soupçonnée d’avoir menti à plusieurs banques pour que Huawei puisse accéder au marché iranien entre 2009 et 2014, en violation des sanctions américaines. Elle risque une extradition vers les Etats-Unis.

– « Chevaux de Troie » –

De nombreux élus américains, démocrates comme républicains, ont adopté de leur côté une attitude de plus en plus méfiante vis-à-vis des géants technologiques chinois comme Huawei et ZTE, deux groupes étroitement liés aux autorités à Pékin.

« Les sociétés de télécoms chinoises comme Huawei sont en fait le bras du Parti communiste chinois chargé de collecter des informations », a estimé mercredi le sénateur républicain Tom Cotton.

Ce proche de M. Trump a assimilé les composants informatiques vendus par ces sociétés à des « chevaux de Troie » mettant en péril les réseaux informatiques sur la planète.

Jeune » et « intelligent »: les militants LR retrouvent espoir avec Bellamy

« Jeune », « charismatique » et « intelligent »: les militants des Républicains, séduits par François-Xavier Bellamy, voient en lui un challenger « stimulant » la campagne des européennes et apportant un nouveau souffle à un parti traumatisé par 2017.

« C’est bien d’avoir un candidat jeune et en plus c’est un intellectuel », se réjouit Liliane Kubler, assistante commerciale à la retraite, venue assister au grand meeting parisien des Républicains mercredi soir.

« On le voit partout, il est sur le terrain, il est efficace », ajoute la militante, encartée chez LR depuis deux ans et qui tracte une fois par semaine pour le professeur de philosophie de 33 ans qu’elle trouve « sincère ».

« Il est bien, il gagne à être connu », abonde Jean-François Evèque, chef d’entreprise à la retraite encarté depuis 12 ans. « Apparemment, il n’a pas la grosse tête donc c’est bien », ajoute-t-il, soulignant un candidat « clair dans ses explications ».

« Son intelligence ! », ajoute Michèle Roboam à la liste de qualités données par son voisin, avec qui elle est venue dans un car au départ de Palaiseau, dans l’Essonne, affrété par les Républicains.

La caution jeunesse fonctionne également sur les jeunes militants à l’intérieur du Palais des Congrès, Porte Maillot. « Ca casse avec les codes habituels des Républicains », estime Marine Lallau, étudiante en sciences politiques de 21 ans.

Si elle a voté pour Nicolas Dupont-Aignan plutôt que pour François Fillon en 2017 et dit avoir « regretté après coup », elle semble conquise par le candidat versaillais: « quelqu’un de jeune, avec peu d’expérience politique » qui représente un « renouveau ».

La salle pleine, dominée par des chevelures grisonnantes et égayée par les t-shirts bleus et jaunes « Avec Bellamy » portés par les jeunes militants, s’échauffe à l’entrée de leur champion, précédé par Valérie Pécresse, Laurent Wauquiez, Annie Genevard ou encore Bruno Retailleau.

Les quelque 3.700 personnes présentes selon LR, accueillent François-Xavier Bellamy au pupitre dans une standing ovation, préparée par le chef du parti, M. Wauquiez.

– « Le nouveau Sarkozy » –

« C’est une très bonne campagne, on est partis d’assez loin après la défaite de 2017 et là on voit la droite particulièrement unie », se réjouit Timothée, étudiant en management public de 23 ans. Le jeune homme a décidé de s’engager dans le parti il y a deux ans, le voyant en difficulté après le fiasco de la présidentielle et des législatives. « J’ai vu ma famille politique s’effondrer, ça m’a fait mal au cœur (…) Il fallait que je m’engage pour mes idées », raconte-t-il.

C’est au même moment que Redhouane, étudiant en géopolitique a décidé de rendre sa carte d’adhérent aux Républicains.

« C’est mon premier meeting depuis deux ans, j’ai regardé les débats, je me suis documenté, j’ai lu les interviews et vous en avez un qui ne parle pas de son parti, ne pointe pas du doigt les autres et parle de ce qu’il pense être le mieux pour l’Europe et pour la France », confie l’étudiant.

« Quoi qu’on en dise, Bellamy et ses colistiers sont très très bons », renchérit Timothée, qui trouve la campagne « stimulante ». « Il y a un côté challenge intéressant. Il est passé de 8 à 15%, il y a une vraie dynamique », soutient Redhouane qui soutient que le candidat « fait campagne pour des idées ».

Alors que la liste LR oscille entre 11 et 14% dans les sondages, à la troisième place derrière RN et LREM, certains militants espèrent une meilleure performance à dix jours du scrutin, voire « la première place », espère Marine Lallau.

De son côté, Hervé Laffargue, 59 ans, pense qu’il sera « difficile » de dépasser les 15% mais espère qu’il y aura « une dynamique ». « On a eu des moments difficiles, j’espère que ce sera un retour », souhaite ce fervent militant LR.

Pour les premières élections auxquelles il participera, Etienne Buscal, 19 ans, assure qu’il votera LR le 26 mai, « une fierté ». L’étudiant en bac pro cuisine voit en François-Xavier Bellamy, qu’il trouve « charismatique », l’étoffe d’un président de la République. « C’est le nouveau Sarkozy », assure-t-il.

Ukraine: tensions au sein de la nouvelle Église orthodoxe indépendante

A peine six mois après sa création, la nouvelle Église orthodoxe ukrainienne, indépendante de la tutelle religieuse de Moscou, s’est retrouvée mercredi en proie à des tensions entre ses dirigeants, faisant craindre un nouveau schisme.

Après des semaines de rumeurs sur des disputes internes, le conflit est devenu public lorsque Filaret, « patriarche d’honneur » de 90 ans, a convoqué une rare conférence de presse à Kiev pour accuser son ancien secrétaire, le métropolite Iepifani, 40 ans, élu primat de cette Eglise l’an dernier, de chercher à l’évincer du pouvoir.

« Monseigneur Iepifani évite de communiquer avec moi », a déclaré Mgr Filaret, très populaire pour son rôle dans la longue lutte pour la création de cette entité. « Si je savais que cela allait se passer ainsi, je n’aurais pas proposé sa candidature » à la tête de la nouvelle Église, a poursuivi le dignitaire.

« Il y a eu un accord pour que je continue de gérer l’Eglise sur le territoire ukrainien conjointement avec Iepifani et que ce dernier représente l’Eglise à l’extérieur », a affirmé Mgr Filaret.

– Soif de pouvoir –

Selon lui, une promesse en ce sens avait été donnée par Mgr Iepifani et par le président sortant Petro Porochenko, qui a contribué personnellement à la création de la nouvelle Eglise. « Mais ils m’ont trompé! », a lancé Filaret.

Le service de presse de Mgr Iepifani n’a pas commenté ses accusations dans l’immédiat. « Le président Porochenko (…) ne s’ingère pas dans les affaires intérieures de l’Église », a pour sa part assuré un conseiller du chef de l’Etat, cité par les médias.

Beaucoup ont critiqué la manoeuvre de Mgr Filaret en y voyant une ambition démesurée. « C’est regrettable et triste de voir la démarche de Filaret (…) Quelle soif de pouvoir a cet homme », a écrit sur Facebook l’analyste politique ukrainien Volodymyr Fessenko.

Excommunié par Moscou pour avoir autoproclamé en 1992, après la chute de l’URSS, le Patriarcat de Kiev dissident qu’il a dirigé depuis, Mgr Filaret a été réhabilité fin 2018 par le Patriarcat de Constantinople, qui fait figure d’autorité dans le monde orthodoxe.

Pressenti au poste de primat de la nouvelle Église, Mgr Filaret avait cependant accepté de ne pas présenter sa candidature et soutenu celle de Mgr Iepifani.

Sur fond d’une crise sans précédent avec la Russie depuis 2014, l’Ukraine s’est dotée en décembre d’une Eglise orthodoxe indépendante, décision historique qui a mis fin à plus de 300 ans de tutelle religieuse russe et provoqué la colère de Moscou.

Un concile réuni dans la capitale ukrainienne a ensuite acté la naissance de cette formation ayant fusionné deux Eglises dissidentes, le Patriarcat de Kiev, autoproclamé en 1992, et la minuscule Église dite autocéphale.

– Sanctions contre Filaret? –

Début janvier, le Patriarcat de Constantinople, qui fait figure d’autorité dans le monde orthodoxe, a officialisé la création de la nouvelle Église, qui a reçu le statut de métropole et remis au métropolite Iepifani un décret en ce sens.

Le Patriarcat de Moscou, qui dispose toujours d’un grand nombre de paroisses en Ukraine, a dénoncé cette décision comme « illégale » et rompu ses liens avec Constantinople.

Les tensions entre Filaret et Iepifani ont suscité la crainte d’un nouveau schisme entre orthodoxes, majoritaires dans cette ex-république soviétique, voire de la révocation par Constantinople de son décret reconnaissant l’indépendance de la nouvelle Eglise.

D’autant que Mgr Filaret a déjà dit qu’il ne reconnaissait pas la dissolution de son Patriarcat de Kiev, mesure qui a précédé son entrée au sein de la nouvelle Eglise, menaçant de facto de restaurer cette formation.

Très fâché par les « mensonges » de Mgr Filaret, le Patriarcat de Constantinople pourrait punir ce responsable et ses adeptes en les déclarant « schismatiques » au cas où ce scénario se réalisait, a rapporté le service ukrainien de la BBC.

« Nous devons donner un signal clair de soutien à l’Église orthodoxe d’Ukraine et son primat Iepifani », a pour sa part déclaré mardi le groupe parlementaire du parti pro-occidental Narodny Front dans un communiqué. « Nous devons dire résolument +non+ à toutes tentatives de déstabiliser » cette formation.

Brésil: des dizaines de milliers de manifestants pour défendre l’université

Des centaines d’établissements étaient en grève et des dizaines de milliers de manifestants se mobilisaient mercredi dans tout le Brésil pour la défense de l’enseignement, menacé par d’importantes coupes budgétaires du gouvernement de Jair Bolsonaro.

Il s’agit du premier mouvement national de contestation contre le président d’extrême droite depuis son arrivée au pouvoir en janvier, et les foules de manifestants ne cessaient de grossir au fil de la journée dans les grandes villes du Brésil.

De Sao Paulo à Brasilia, en passant par Belem, Salvador, Porto Alegre, Belo Horizonte ou Rio, des enseignants et étudiants ont envahi les rues à l’appel de leurs syndicats pour protester contre le gel de 30% des budgets des universités fédérales, tandis que les cours étaient annulés dans des centaines de collèges et d’universités, y compris privés.

Depuis le Texas, où il doit recevoir un prix de la Chambre de commerce Etats-Unis-Brésil, le président Bolsonaro a accusé les manifestants d’être « quelques idiots utiles manipulés par une minorité experte qui compose le coeur des universités fédérales au Brésil ».

« Il n’y a pas de coupes. Le problème c’est que j’ai trouvé un Brésil détruit économiquement (en arrivant au pouvoir, ndlr) », a dit le président. « Le gel (des crédits) est inférieur aux prévisions », a-t-il assuré.

Des manifestations encore plus massives étaient attendues en fin de journée. En milieu d’après-midi des incidents isolés ont été rapportés, notamment à Porto Alegre, où la police a dispersé des manifestants avec des gaz lacrymogènes.

Dans la capitale Brasilia, 15.000 protestataires étaient réunis sur l’Esplanade des ministères, et à Belem (nord) quelque 20.000 autres, selon la police. A Salvador (nord-Est), fief de la gauche, les organisateurs ont évoqué 70.000 manifestants.

« Malheureusement, l’éducation n’est pas prioritaire », a expliqué à l’AFP Alessandra Roscoe, écrivaine manifestant à Brasilia. « C’est la raison pour laquelle je suis ici aujourd’hui, pour lutter pour l’éducation publique ».

« Des livres oui, des armes non! » lisait-on sur les panneaux de manifestants, dont beaucoup de jeunes défilant en musique à Sao Paulo (sud-est), en référence à la politique pro-arme de Jair Bolsonaro.

« La classe aujourd’hui est dans la rue », lisait-on sur des stands dressés par des manifestants à Rio. « Fora Bolsonaro! » (dehors Bolsonaro! ») clamait une banderole. « Ou ils stoppent les coupes (budgétaires) ou on stoppe le Brésil », criaient des protestataires.

– « pas responsables » –

L’annonce récente du gel des subventions aux universités fédérales par le nouveau ministre de l’Education, Abraham Weintraub, a mis le feu aux poudres dans un secteur déjà sinistré par le manque de moyens.

Le ministre avait d’abord annoncé cette mesure contre trois universités accusées d’agitation politique, avant de la généraliser.

Des recteurs sont montés au créneau, expliquant que ces coupes budgétaires menaçaient de paralysie les universités fédérales. L’annonce de la suspension du versement des bourses de master et doctorat en sciences et sciences humaines la semaine dernière a jeté de l’huile sur le feu.

A la Chambre des députés, le ministre de l’Education a dû s’expliquer mercredi sur ses mesures. « Nous ne sommes pas responsables du gel actuel », a-t-il affirmé, « le budget a été fait par les gouvernements précédents. Nous ne sommes absolument pas responsables du désastre de l’éducation de base au Brésil ».

Le député Eduardo Bolsonaro, l’un des trois fils élus du président, a accusé le Parti des Travailleurs (PT, gauche, au pouvoir de 2003 à 2016), d’être à la manoeuvre derrière la mobilisation.

« Nous avons toujours su que le PT distribuait les bourses à ceux qui en avaient besoin et à ceux qui n’en n’avaient pas besoin, pour gagner des électeurs », a-t-il écrit sur Twitter.

– « Marxisme culturel » –

Depuis l’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro, l’enseignement a été le terrain privilégié de la chasse au « marxisme culturel » pour un gouvernement décidé à éliminer tout supposé endoctrinement gauchiste des élèves dans les salles de classe.

M. Weintraub avait déjà provoqué une polémique fin avril en évoquant une réduction des fonds publics alloués aux départements de philosophie et de sociologie des universités.

Le ministère de l’Education a été le théâtre depuis janvier de péripéties: luttes intestines, décisions erratiques et limogeage d’un premier ministre nommé avant M. Weintraub.

Encore sonnée par sa défaite dans les urnes contre Jair Bolsonaro en octobre 2018, la gauche espère relever la tête à la faveur du mouvement de contestation dans l’enseignement.

Plusieurs syndicats ont ainsi estimé que la journée de mercredi était une répétition générale avant la grève nationale contre l’impopulaire réforme des retraites à laquelle ils ont appelé pour le 14 juin.

Merkel et Macron assument leurs « confrontations » avant les Européennes

Angela Merkel et Emmanuel Macron ont dit mercredi assumer leurs divergences et leurs « confrontations », à une dizaine de jours d’élections européennes à haut risque.

La chancelière conservatrice allemande, qui quittera le pouvoir au plus tard en 2021, a ainsi admis avoir des « confrontations » avec le président français, le quatrième avec lequel elle doit travailler depuis son arrivée à la chancellerie en 2005.

« Bien sûr, nous avons des confrontations », a-t-elle déclaré, ajoutant qu' »il y a des différences de mentalité » entre elle et le président français et des « différences dans (leur) compréhension des rôles », dans une interview publiée par plusieurs quotidiens européens dont le Süddeutsche Zeitung (Allemagne) et Le Monde (France).

Mais elle a nié toute détérioration des relations.

Interrogé lors d’une conférence de presse à Paris, M. Macron a répondu assumer la « confrontation féconde » avec sa partenaire allemande, avec l’objectif de « bâtir un compromis ».

« Nous devons accepter des désaccords momentanés, de ne pas totalement être d’accord sur tout, pour construire un compromis avec l’Allemagne pour pouvoir avancer », a fait valoir le président français.

– De nombreux désaccords –

Les divergences se sont effectivement multipliées ces derniers mois, du gel de ventes d’armes à l’Arabie Saoudite décidé par l’Allemagne après l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, au devenir de l’Union européenne, en passant par le Brexit et les reports accordés au Royaume-Uni.

Le président français avait concédé fin avril avoir des désaccords avec l’Allemagne sur un certain nombre de sujets, et revendiqué la nécessité d’affirmer aussi « des positions françaises ».

Mais la chancelière souligne dans cette interview les « énormes progrès » réalisés grâce au couple franco-allemand, notamment en matière de défense.

« Nous avons décidé de développer un avion de combat et un char ensemble. (…) C’est un signe de confiance que de compter davantage les uns sur les autres en matière de politique de défense », fait valoir Mme Merkel.

Les deux dirigeants, qui soutiennent des camps différents aux européennes, ont avaient également signé en janvier le traité d’Aix-la-Chapelle sur la coopération et l’intégration franco-allemandes, 53 ans après le traité de l’Elysée conclu par le Général de Gaulle et Konrad Adenauer.

– ‘Temporalités différentes’ –

Les relations se sont-elles détériorées ces derniers mois? « Non, pas du tout », assure Mme Merkel. Mais, admet-elle, les deux dirigeants ont eu des « temporalités différentes ».

La chancelière souligne ainsi que lors du discours sur la Sorbonne de M. Macron, consacré en septembre 2017 à la relance de l’Europe, elle venait tout juste de passer le cap des élections au Bundestag et négociait une nouvelle coalition.

Des reproches lui avaient été adressés, y compris dans son propre camp conservateur, de ne pas avoir saisi les propositions de M. Macron.

Mme Merkel met aussi l’accent sur les différences politiques entre les deux pays: « Je suis la chancelière d’un gouvernement de coalition et je suis beaucoup plus dépendante du Parlement que le président français, qui n’a pas du tout le droit d’entrer à l’Assemblée nationale », au nom de la séparation des pouvoirs exécutif et législatif.

Mme Merkel ne partage pas non plus l’analyse de M. Macron selon laquelle « jamais l’Europe n’a été en aussi grand danger ».

« Il m’est difficile de comparer la situation actuelle de l’Europe avec les dangers des décennies précédentes, parce que je n’étais pas là à l’époque et que je suis désormais impliquée de manière active », objecte Angela Merkel.

M. Macron lui aussi est « impliqué » mais « il ne l’est pas depuis si longtemps », observe-t-elle. « D’une certaine façon, il apporte encore un peu de perspective de l’extérieur. C’est bien de voir notre Europe sous des angles différents », selon elle.

Nathalie Loiseau, tête de liste du parti présidentiel La République en marche (LREM) aux Européennes, a décrit de son côté « un rythme qui est celui de l’Allemagne (…) qui est celui d’une chancelière qui a déjà annoncé que c’était son dernier mandat ». « C’est un rythme plus lent, qui n’est peut-être pas suffisant pour répondre aux défis d’aujourd’hui », a ajouté l’ex-ministre sur BFM-TV.

USA-Iran: escalade des tensions, mesures de précaution et zones d’ombre

L’escalade des tensions au Moyen-Orient entre les Etats-Unis et l’Iran a déclenché mercredi des mesures de précaution spectaculaires, mais de nombreuses zones d’ombres persistent sur les contours et la réalité des menaces.

– Quelles conséquences concrètes? –

Après dix jours d’accusations mutuelles, d’intense activité diplomatique de Washington et de déploiements militaires américains dans le Golfe, ce sont les premières décisions concrètes en réponse à cette situation à hauts risques: les Etats-Unis ont rappelé mercredi leur personnel non-essentiel en Irak.

Accusée d’alimenter elle-même l’escalade par ses annonces tonitruantes, l’administration de Donald Trump a invoqué une « menace imminente » et « réelle » en « lien direct avec l’Iran » pour justifier ce retrait et ses actes des derniers jours.

Les Européens semblent davantage vouloir se démarquer de la stratégie de la tension entretenue par les Américains, et éviter d’être pris dans un engrenage qui pourrait dégénérer en confrontation armée. L’Espagne, qui a retiré une frégate engagée aux côtés d’un porte-avions américains déployé au Moyen-Orient, a ainsi évoqué l’irruption d’une « possibilité d’affrontement ou d’action belliqueuse ».

– Que sait-on des menaces? –

« Informations qui indiquent une escalade des activités de l’Iran », « menaces crédibles » concernant « les forces pro-iraniennes dans la région », et même projets d' »attaques imminentes » contre les « intérêts américains »… Les responsables américains ont multiplié depuis le 5 mai les accusations aussi graves que floues à l’égard des autorités de Téhéran; mais sans préciser clairement la nature de ces menaces.

« L’administration Trump n’a fourni aucune information » à la commission des Affaires étrangères du Sénat « sur les renseignements qui motivent ses décisions, ni sur ce qu’elle entend faire », a déploré mercredi le sénateur démocrate Bob Menendez.

Le département d’Etat est donc monté au créneau pour défendre la crédibilité de ces informations.

Cette menace « est réelle », a martelé un responsable de la diplomatie américaine. Il a évoqué notamment la responsabilité de « milices irakiennes sous commandement et contrôle des Gardiens de la Révolution iraniens », l’armée idéologique de la République islamique d’Iran, citant nommément les groupes chiites Asaïb Ahl al-Haq et les brigades du Hezbollah irakien.

Et à ceux qui comparent la situation à celle de 2003, lorsque l’administration de George W. Bush avait invoqué, à tort, la présence d’armes de destruction massive pour justifier l’invasion de l’Irak, ce responsable a plutôt renvoyé aux attaques de 2011 contre des « installations américaines » dans ce pays.

Selon plusieurs responsables militaires américains, le renseignement a constaté des mouvements d’armes et de groupes pro-iraniens à terre et en mer et des instructions pour attaquer des intérêts américains comme des ambassades, des consulats ou des soldats.

– Pourquoi maintenant? –

Donald Trump a fait de l’Iran son ennemi numéro un, et a claqué la porte il y a un an de l’accord de 2015 censé empêcher Téhéran de fabriquer la bombe atomique, jugé trop laxiste. Depuis, il n’a eu de cesse de renforcer ses sanctions pour faire plier le régime iranien.

Plusieurs observateurs mais aussi des responsables qui ont requis l’anonymat estiment que le risque actuel est lié à d’éventuelles représailles à l’inscription, en avril, des Gardiens de la Révolution sur la liste noire américaine des « organisations terroristes étrangères ». « La réponse de l’Iran a été de faire de nouvelles menaces terroristes, ce qui semble justifier notre décision », a estimé la semaine dernière l’émissaire américain Brian Hook.

« Bien entendu que l’Iran n’est pas content », car « nous appliquons une pression historique », a renchéri mercredi un responsable du département d’Etat.

– Quel lien avec les « sabotages » dans le Golfe? –

Simple coïncidence? Alors que ces tensions montaient, l’Arabie et les Emirats arabes unis ont dénoncé des « actes de sabotage » contre quatre navires pétroliers dans le Golfe, renforçant le sentiment d’une situation très précaire qui risque de s’embraser à la moindre étincelle.

Mais les Etats-Unis, qui apportent leur soutien à l’enquête, se sont gardés à ce stade de dénoncer publiquement une implication de l’Iran dans ces incidents précis.

– Quels sont les risques? –

Les alliés européens des Etats-Unis ont mis en garde contre la possibilité que, dans ce contexte explosif, un simple incident ou un malentendu ne provoque un conflit.

Le flou entourant les menaces présumées mais aussi la stratégie américaine face à l’Iran a en outre suscité le scepticisme d’une partie des observateurs et des élus démocrates, qui soupçonnent le gouvernement républicain, ou ses éléments les plus va-t-en-guerre comme le conseiller à la sécurité nationale John Bolton, de vouloir provoquer une confrontation militaire avec l’Iran.

« Le Congrès n’a pas autorisé la guerre avec l’Iran », a prévenu mercredi le sénateur Menendez.

Les « gilets jaunes » en chiffres

Le mouvement social des « gilets jaunes » né il y a six mois a été rythmé par des manifestations chaque samedi et des pics de violences, qui ont fait de nombreux blessés et donné lieu à quelque 2.000 condamnations en justice.

– 25 actes et une mobilisation fluctuante –

Depuis le début du mouvement, 47.695 manifestations et rassemblements de « gilets jaunes » ont été décomptés aussi bien sur les ronds-points que lors des « actes » organisés chaque samedi en France depuis six mois, selon le ministère de l’Intérieur.

A son pic, lors de l' »acte » fondateur le 17 novembre, ce mouvement inédit a rassemblé 282.000 personnes, selon les chiffres de l’Intérieur régulièrement contestés par les manifestants. Les trois samedis suivants ont eux aussi fortement mobilisé avec 166.000 manifestants dénombrés le 24 novembre et 136.000 lors des actes 3 et 4 début décembre.

La mobilisation a ensuite été variable, avant de décroître depuis la fin mars. Pour l’acte 25 samedi dernier, 18.900 « gilets jaunes » ont manifesté dans le pays, dont 1.460 à Paris, selon les chiffres officiels. La page Facebook du « Nombre jaune » avait elle décompté 40.291 manifestants.

Depuis le 17 novembre, le coût des dégradations commises durant ces manifestations s’élève par ailleurs à 200 millions d’euros, selon les chiffres de Bercy donnés fin mars.

– Près de 2.500 manifestants blessés –

Depuis le début du mouvement, 11 personnes sont mortes, principalement dans des accidents de la route.

Côté manifestants, 2.448 personnes ont été blessées, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur arrêtés au 13 mai. Selon le décompte tenu par le journaliste indépendant David Dufresne, 24 de ces blessés ont été éborgnés et cinq ont eu la main arrachée.

Côté forces de l’ordre, Beauvau a recensé 1.797 blessés, principalement des policiers ou des gendarmes, mais aussi quelques pompiers.

L’usage du lanceur de balles de défense (LBD) pendant les manifestations a été au centre d’une vive polémique sur les violences policières.

Depuis le 17 novembre, il y a eu 12.908 tirs de LBD lors des manifestations de « gilets jaunes », selon des chiffres de Beauvau actualisés mercredi, qui retirent des « doublons » comptabilisés jusqu’à présent.

Plus globalement, 256 enquêtes pour des soupçons de violences policières ont été ouvertes. Quinze d’entre elles concernent la gendarmerie, dont 5 à l’IGGN (Inspection générale de la gendarmerie nationale). Les 241 restantes sont du ressort de la « police des polices » (l’Inspection générale de la police nationale, IGPN), selon le ministère de l’Intérieur. Une soixantaine de ces enquêtes ont été transmises aux parquets concernés.

– Plus de 10.000 gardes à vue –

Au total, 12.107 personnes ont été interpellées en six mois, dont 10.718 ont été placées en garde à vue, selon l’Intérieur.

Il y a eu, selon les derniers chiffres de la Chancellerie datant de début avril, près de 2.000 condamnations et autant d’affaires classées sans suite.

Environ 40% des condamnations prononcées par les tribunaux étaient des peines d’emprisonnement ferme, selon cette source.

Sur une île mozambicaine détruite par le cyclone Kenneth, un ramadan de réfugié

Trois semaines après le passage dévastateur du cyclone Kenneth, les habitants, en majorité musulmans, de l’île touristique mozambicaine d’Ibo célèbrent le mois sacré du ramadan avec les moyens du bord, grâce à l’aide internationale.

Le 25 avril, ce petit bout de terre qui pointe au large des côtes de l’extrême nord du pays a été balayé par des vents approchant les 300 km/h et noyé sous des trombes d’eau.

La plupart des bâtiments (90%) ont été détruits, y compris ses quelques mosquées. Seule l’une d’entre elles est toujours debout, mais largement privée de toit.

Les hommes se pressent dans la partie encore couverte, les femmes prient à l’extérieur, sous le soleil brûlant.

« Très peu de fidèles participent aux prières parce que (…) les mosquées ont été détruites », déplore le chef du village de Guludo, Muzasufar Abakari.

Le régime est spartiate au coucher du soleil, lorsqu’il s’agit de rompre le jeûne. D’ordinaire synonyme de riches repas à grand renfort de pâtisseries gavées de sucre, il se limite cette année à Ibo aux biscuits à haute densité en calories offerts par les ONG humanitaires ou les agences de l’ONU.

« Il n’y a pas de nourriture et les gens tournent en rond », ajoute Muzasufar Abakari, « vendredi (le jour de la grande prière) il n’y avait personne à la mosquée parce qu’elle n’a plus de mur ».

Même endommagée, elle sert toutefois de refuge à la nuit tombée aux fidèles qui ont perdu leur logement.

« Nous n’avons plus rien, ni vêtement ni nourriture, alors il ne nous reste plus qu’à prier », dit l’imam du village de Kumwamba, Saidi Cassabo, « si Dieu le veut, nous aurons de l’aide ».

Niger: 17 morts et 11 disparus dans une nouvelle attaque à la frontière malienne

Dix-sept soldats nigériens ont été tués mardi et 11 sont portés disparus après une attaque près de la frontière malienne dans la région de Tillabéri (ouest), près du village de Tongo Tongo où quatre soldats américains et cinq militaires du Niger étaient tombés dans une embuscade en 2017.

Ce bilan provisoire pourrait s’alourdir, selon une source sécuritaire.

« Il s’agit d’une embuscade tendue aux environs de 21h00 locales (20H00 GMT) par un groupe terroriste composé de centaines d’hommes lourdement armés venus du Nord », a précisé cette source.

« Un véhicule (des militaires nigériens) a d’abord sauté sur un engin explosif, et puis une fusillade s’est déclenchée », a-elle précisé.

« La patrouille traquait les terroristes qui ont attaqué lundi la prison de haute sécurité de Koutoukalé », à 50 km au nord de Niamey, et ont tué un soldat nigérien.

Le chef d’Etat-Major des armées du Niger, le général Ahmed Mohamed « est déjà sur place ». L’endroit où l’attaque s’est produite « est situé dans une zone très difficile d’accès », a encoe ajouté cette source.

Un peu plus tôt, une autre source sécuritaire avait indiqué qu’une patrouille de l’armée était « tombée mardi dans une embuscade tendue par des hommes armés, plusieurs blessés ont été évacués à Niamey ».

Un des véhicules a « sauté sur un engin explosif », selon une troisième source sécuritaire, qui précise que des opérations de ratissage étaient en cours mercredi matin.

Selon le site nigérien Actuniger, une patrouille constituée de 52 soldats nigériens « est tombée dans une embuscade d’individus lourdement armés mardi aux environs de 15H00 (14H00 GMT) à Baley Beri, près de Tongo Tongo » et « les combats d’une rare violence » ont « duré plus de deux heures ».

– L’attaque de 2017 revendiquée par l’Etat Islamique –

« Vingt-deux soldats ont pu rejoindre la base de Ouallam à bord de trois véhicules » et « les autres sont toujours portés disparus », poursuit le site, sur la base de « sources locales et sécuritaires ».

Le 4 octobre 2017, quatre soldats américains et cinq militaires nigériens avaient été tués par des jihadistes venus à bord d’une dizaine de véhicules et d’une vingtaine de motos à hauteur du village de Tongo Tongo, situé à environ 80 km au nord-ouest de Ouallam (une centaine de km de Niamey) et à une vingtaine de km de la frontière avec le Mali.

Le Pentagone avait ensuite expliqué que le but de l’opération américano-nigérienne était de capturer un chef du groupe jihadiste « Etat islamique dans le Grand Sahara » (EIGS), Doundoun Cheffou, soupçonné d’être impliqué dans l’enlèvement de l’humanitaire américain Jeffery Woodke.

L’attaque contre les soldats américains et nigériens avait été revendiquée par l’EIGS.

Depuis 2018, l’ONU s’inquiète de la persistance de l’insécurité dans la région de Tillabéri, théâtre de nombreuses incursions de groupes jihadistes et de violences intercommunautaires.

L’armée nigérienne s’est déployée massivement fin 2018 dans la région pour chasser les combattants islamistes venus du Mali et du Burkina Faso.

Lundi, les forces de sécurité avaient perdu un homme en repoussant une « attaque terroriste contre la prison de haute sécurité de Koutoukalé », l’établissement pénitentiaire le mieux gardé du Niger où sont détenus de nombreux jihadistes.

Les assaillants, qui avaient notamment utilisé une voiture de Médecins sans frontières volée dans un camp de réfugiés à la frontière malienne, avaient fui vers cette même frontière du Nord.

Pays pauvre du Sahel, le Niger vit en permanence sous la menace d’attaques des groupes jihadistes sahéliens dans l’Ouest et le Nord ainsi que de celles de Boko Haram dans le Sud-Est. Les forces de sécurité sont perpétuellement sur le qui-vive et Niamey, la capitale, est très militarisée.

Le pays accueille des bases militaires française et américaine et une base logistique allemande.

L’étau se resserre sur Boeing dans la crise du 737 MAX

L’étau se resserre sur Boeing dans la crise du 737 MAX après des révélations que des pilotes avaient appelé fin novembre, sans succès, à une modification de cet avion après la tragédie de Lion Air.

En outre, les liens de l’avionneur avec le régulateur aérien américain, la FAA, sont de nouveau dans la ligne de mire du congrès.

Daniel Elwell, le chef intérimaire de l’agence fédérale de l’aviation (FAA), passait ce mercredi une audition très attendue devant la sous-commission de l’aviation à la Chambre des représentants sur la procédure de certification du 737 MAX.

L’audition, qui a démarré vers 14H00 GMT, s’annonçait tendue et cruciale, Rick Larsen, le président démocrate de cette commission, ayant déjà prévenu qu’il voulait avoir des réponses sur le rôle joué par les employés de Boeing dans l’inspection de fonctionnalités et systèmes clé du 737 MAX et celui de la FAA dans la formation des pilotes.

Le New York Times, CBS et The Dallas Morning News ont révélé mardi soir que des pilotes d’American Airlines avaient pressé fin novembre des responsables de Boeing de prendre toutes les mesures nécessaires, y compris une suspension de vol, pour s’assurer que le 737 MAX était sûr après l’accident d’un appareil de ce type de Lion Air ayant fait 189 morts le 29 octobre.

Sur la base de cet enregistrement, les médias affirment que l’un des vice-présidents de l’avionneur, Mike Sinnett, avait alors admis au cours de cette rencontre que Boeing passait en revue la conception de l’appareil, y compris le système anti-décrochage du 737 MAX, dit MCAS, qui a été très vite mis en cause dans l’accident.

Mais ce haut responsable a opposé une certaine résistance à l’idée de prendre des mesures radicales, arguant que Boeing devait s’assurer d’apporter la bonne solution au bon problème.

« Boeing n’a pas jugé la situation du 737 MAX comme urgente lors de la rencontre de novembre », a confirmé mercredi sur Twitter Dan Carey, un des responsables d’Allied Pilots, le syndicat des pilotes d’American Airlines.

– Boeing silencieux –

Selon une source proche du dossier, American Airlines était au courant de la rencontre. Il était toutefois difficile de savoir si la compagnie aérienne avait de son côté fait pression sur Boeing ou si elle avait même discuté du sujet avec le constructeur aéronautique.

« Nous avons une confiance absolue en notre flotte », a déclaré à l’AFP Ross Feinstein, un porte-parole de la première compagnie aérienne américaine, refusant de commenter les informations. « Nos clients peuvent être rassurés qu’un pilote d’American Airlines ne piloterait pas un avion pas sûr ».

La FAA n’était elle pas au courant de la rencontre, a dit à l’AFP une source gouvernementale.

Quelques trois mois après la dite rencontre, un autre 737 MAX, cette fois de la compagnie Ethiopian Airlines, s’écrasait peu après son décollage dans des circonstances similaires à celles de Lion Air, tuant les 157 personnes à bord.

Un rapport d’enquête préliminaire sur ce second accident a également mis en cause le système MCAS.

Contacté par l’AFP, Boeing n’a pas donné suite. A Wall Street, le titre prenait 0,03% vers 15H15 GMT après avoir évolué dans le rouge à l’ouverture.

Le constructeur aéronautique est confronté désormais à de nombreuses questions et incertitudes. Il n’a toujours pas soumis tous les éléments nécessaires à la certification du 737 MAX modifié et le vol test obligatoire avec les régulateurs n’a toujours pas été programmé alors même que les autorités de l’aviation à travers le monde sont invitées aux Etats-Unis le 22 mai pour une présentation des changements.

Daniel Elwell, le patron de la FAA, devrait sans doute fournir de premières réponses lors de son audition devant des parlementaires américains.

Les élus veulent notamment savoir comment le MCAS avait été certifié début 2017. Selon une source proche du dossier, la FAA n’avait pas jugé nécessaire de conduire une inspection indépendante, préférant se fier aux analyses d’ingénieurs de Boeing à qui elle avait confié l’examen du logiciel et d’autres systèmes du 737 MAX via une procédure (ODA) mise en place il y a plus d’une dizaine d’années.

« L’enquête de la commission ne fait que commencer et elle prendra le temps nécessaire pour obtenir des réponses mais une chose est claire pour l’instant: la FAA a un problème de crédibilité », fustige Rick Larsen, le président de la commission.

Le ministère de la Justice (DoJ) poursuit de son côté une enquête pénale et a déjà sommé American Airlines, Southwest, deux clientes du 737 MAX, ainsi que des ingénieurs ayant travaillé sur le 737 MAX de lui fournir des documents et des échanges de courriels liés à cet avion, selon des sources proches du dossier.

Russie: tensions religieuses et politiques autour d’un projet de cathédrale

Manifestations, affrontements, arrestations… La construction d’une cathédrale à Ekaterinbourg, ville russe de l’Oural, suscite un bras de fer musclé entre opposants et promoteurs du projet, mettant en relief la puissance acquise en Russie par l’Eglise orthodoxe.

Depuis le début de la semaine, des centaines voire des milliers de manifestants protestent quotidiennement sur le site prévu pour ce chantier.

D’une ampleur rare pour une ville de province russe, ce mouvement est perçu comme une nouvelle illustration des tensions dues à l’influence croissante des milieux conservateurs et religieux au détriment des libéraux, sept ans après la « prière punk » du groupe contestataire Pussy Riot dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou.

Selon un journaliste de l’AFP, la police a procédé mercredi à de nouvelles arrestations sur le site de ce futur chantier, dans le centre de cette cité industrielle de 1,4 million d’habitants, où environ 300 personnes manifestaient.

A l’origine des protestations qui ont rassemblé jusqu’à 2.000 personnes: l’installation lundi d’une clôture dans un parc du centre d’Ekaterinbourg. L’endroit doit accueillir d’ici 2023 une imposante cathédrale orthodoxe de 66 mètres qui reproduit une église détruite par les Soviétiques en 1930.

Dans la nuit de mardi à mercredi, une vingtaine de personnes avaient déjà été arrêtées, selon les autorités locales citées par les médias russes. Ces derniers rapportaient également quelques blessés légers lors d’affrontement avec des gros bras identifiés comme des membres d’une école de boxe rattachée à l’entreprise d’un homme d’affaires qui finance la cathédrale.

– Jogging et yoga –

Amorcé il y a neuf ans, le projet fait depuis polémique dans cette ville industrielle avec une forte tradition libérale: Boris Eltsine y a bâti sa carrière politique et elle était jusqu’à récemment l’une des rares de Russie dirigée par un maire critique du Kremlin.

« C’est le seul espace vert du coin où les gens peuvent se promener librement, sans barrières. Les enfants y font du vélo, on peut courir ou faire du yoga », a expliqué à l’AFP Aliona Smychlaieva, une manifestante de 35 ans. « On ne devrait pas céder un seul mètre de cet espace. »

Le porte-parole de Kremlin, Dmitri Peskov, a défendu les autorités locales, affirmant qu’elles avaient consulté la population sur ce projet, ce que démentent les manifestants.

Mardi, le gouverneur de la région a tenu une réunion d’urgence entre opposants et responsables religieux, sans mettre fin au mouvement.

Au delà des questions de religion et d’urbanisme, le conflit a pris une tournure politique, l’opposition libérale, dont Alexeï Navalny, se ralliant aux manifestants

– Alliance avec le Kremlin –

« L’Eglise est vue comme une autre branche des autorités », souligne Andreï Desnitski, spécialiste des questions religieuses interrogé par l’AFP. « Les gens constatent qu’elle est plus présente dans leurs vies: à l’école, dans les célébrations officielles où sont toujours présents des religieux, ou avec la loi contre les offenses aux croyances religieuses ».

Pour l’expert Roman Lounkine, la polémique a pris de l’ampleur car l’opposition libérale « a trouvé utile d’utiliser l’Eglise pour montrer sa position face aux autorités. »

L’alliance entre le pouvoir et l’Eglise orthodoxe s’est fortement renforcée sous Vladimir Poutine et est illustrée régulièrement dans les médias publics par l’inauguration en grande pompe de nouvelles églises orthodoxes.

Récemment, le ministère de la Défense a annoncé la construction près de Moscou d’une cathédrale, couleur camouflage, en l’honneur des forces armées.

La polémique d’Ekaterinbourg renvoie aussi à l’histoire de cette ville, célèbre pour avoir été le lieu d’exécution du dernier tsar russe, Nicolas II, et de sa famille en 1918. Une église de la capitale de l’Oural est dédiée à la mémoire des Romanov devenus, depuis la fin de l’URSS, l’objet d’un culte de l’Eglise orthodoxe.

« Ekaterinbourg est le lieu de nombreuses tensions entre l’Eglise et l’intelligentsia locale. Il s’agit d’une ville industrielle dont l’élite intellectuelle, formée à l’époque soviétique, a des positions très laïques », constate Andreï Desnitski. « Ils ont grandi dans une ville où il n’y avait quasiment pas d’églises ».

Le manque de lieux de culte, dont beaucoup ont été rasés pendant la période soviétique, constitue l’un des arguments de l’Eglise pour la construction d’édifices.

« Nous construisons une cathédrale, pas un casino, un bordel ou une décharge », a plaidé sur Facebook un porte-parole de l’Eglise orthodoxe, Vladimir Legoïda.

Niger: 17 morts et 11 disparus dans une nouvelle attaque à la frontière malienne

Dix-sept soldats nigériens ont été tués mardi et 11 sont portés disparus après une attaque près de la frontière malienne dans la région de Tillabéri (ouest), où quatre soldats américains et cinq militaires du Niger étaient tombés dans une embuscade en 2017.

Ce bilan provisoire pourrait s’alourdir, selon une source sécuritaire qui parle d’une « attaque terroriste » près du village de Tongo Tongo.

Un peu plus tôt, une autre source sécuritaire avait indiqué qu’une patrouille de l’armée était « tombée mardi après-midi dans une embuscade tendue par des hommes armés, plusieurs blessés ont été évacués à Niamey ».

Un des véhicules a « sauté sur un engin explosif », selon une troisième source sécuritaire, qui précise que des opérations de ratissage étaient en cours mercredi matin.

Selon le site nigérien Actuniger, une patrouille constituée de 52 soldats nigériens « est tombée dans une embuscade d’individus lourdement armés mardi aux environs de 15H00 (14H00 GMT) à Baley Beri, près de Tongo Tongo » et « les combats d’une rare violence » ont « duré plus de deux heures ».

– L’attaque de 2017 revendiquée par l’Etat Islamique –

« Vingt-deux soldats ont pu rejoindre la base de Ouallam à bord de trois véhicules » et « les autres sont toujours portés disparus », poursuit le site, sur la base de « sources locales et sécuritaires ».

Le 4 octobre 2017, quatre soldats américains et cinq militaires nigériens avaient été tués par des jihadistes venus à bord d’une dizaine de véhicules et d’une vingtaine de motos à hauteur du village de Tongo Tongo, situé à environ 80 km au nord-ouest de Ouallam (une centaine de km de Niamey) et à une vingtaine de km de la frontière avec le Mali.

Le Pentagone avait ensuite expliqué que le but de l’opération américano-nigérienne était de capturer un chef du groupe jihadiste « Etat islamique dans le Grand Sahara » (EIGS), Doundoun Cheffou, soupçonné d’être impliqué dans l’enlèvement de l’humanitaire américain Jeffery Woodke.

L’attaque contre les soldats américains et nigériens avait été revendiquée par l’EIGS.

Depuis 2018, l’ONU s’inquiète de la persistance de l’insécurité dans la région de Tillabéri, théâtre de nombreuses incursions de groupes jihadistes et de violences intercommunautaires.

L’armée nigérienne s’est déployée massivement fin 2018 dans la région pour chasser les combattants islamistes venus du Mali et du Burkina Faso.

Lundi, les forces de sécurité avaient perdu un homme en repoussant une « attaque terroriste contre la prison de haute sécurité de Koutoukalé » (à 50 km au nord de Niamey), l’établissement pénitentiaire le mieux gardé du Niger où sont détenus de nombreux jihadistes.

Les assaillants, qui avaient notamment utilisé une voiture de Médecins sans frontières volée dans un camp de réfugiés à la frontière malienne, avaient fui vers cette même frontière du Nord.

Pays pauvre du Sahel, le Niger vit en permanence sous la menace d’attaques des groupes jihadistes sahéliens dans l’Ouest et le Nord ainsi que de celles de Boko Haram dans le Sud-Est. Les forces de sécurité sont perpétuellement sur le qui-vive et Niamey, la capitale, est très militarisée.

Le pays accueille des bases militaires française et américaine et une base logistique allemande.

Raphaël Glucksmann au coeur d’une polémique pour ses propos sur le Rwanda

C’est une polémique dont il se serait bien passé: Raphaël Glucksmann, qui multipliera jusqu’au 26 mai les meetings avec les éléphants socialistes, est la cible de 23 anciens ministres PS pour des propos jugés trop critiques sur François Mitterrand et le génocide rwandais.

La tête de liste PS-Place publique partage mercredi soir l’affiche d’une réunion publique à Rouen avec l’ancienne ministre de la Justice Christiane Taubira (ex-PRG), avant des meetings jeudi à Lyon avec Bernard Cazeneuve, dimanche à Paris avec Najat Vallaud-Belkacem, mardi à Lille avec Martine Aubry.

Lundi, l’essayiste de 39 ans a reçu le soutien d’un aréopage d’une cinquantaine d’élus des « territoires », dont François Rebsamen, le patron de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains (FNSR), les maires de Nantes et Rennes Johanna Rolland et Nathalie Appéré, la présidente de la région Occitanie Carole Delga.

« Les éléphants veulent sauver Mowgli », s’amuse l’ancien Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis. Alors que M. Glucksmann peine à décoller du seuil des 5% qui permet d’envoyer des élus à Strasbourg, il apparaît urgent d’aller chercher le « socle » des électeurs socialistes, les quelque 7,5% qui ont voté PS aux législatives de 2017, analyse-t-il.

Las, cette opération de sauvetage a été percutée par la révélation mardi par le Canard Enchaîné d’une lettre de 23 anciens ministres PS, qui s’insurgent contre des déclarations de M. Glucksmann sur le génocide rwandais.

« Le Rwanda est le plus grand scandale de la Ve République. Gauche et droite ont trempé dedans, même si c’est (François) Mitterrand qui avait lancé cette politique et la portait de la manière la plus radicale et abjecte », avait notamment déclaré M. Glucksmann au Monde le 6 janvier.

La lettre, adressée au Premier secrétaire du PS Olivier Faure, est signée notamment d’Hubert Védrine -son initiateur-, de Bernard Cazeneuve, de Jack Lang, Elisabeth Guigou ou encore de Roland Dumas.

– « Brouillage sur la ligne » –

« Il se dit que c’est Hubert Védrine qui a fait ça pour faire plaisir à Emmanuel Macron », glisse un ténor socialiste sous couvert d’anonymat, évoquant une « boule puante de fin de campagne ». « Alors que dans la dernière ligne droite les éléphants devaient soutenir Glucksmann, il y a un brouillage sur la ligne », déplore-t-il.

Parmi les proches de M. Glucksmann, on souligne que plusieurs des signataires sont des soutiens de M. Macron -M. Védrine, mais aussi Michel Charasse ou Elisabeth Guigou, auteur d’une tribune en ce sens dans L’Opinion mardi.

La position de Raphaël Glucksmann « est claire, elle ne date pas d’hier et elle n’a pas changé. Alors très franchement nous nous étonnons que certains fassent mine de la découvrir et instrumentalisent un sujet aussi grave en pleine période électorale », tempête l’entourage du candidat, rappelant que M. Glucksmann a coréalisé il y a 15 ans un documentaire sur le génocide rwandais, « Tuez les tous ! ».

« J’espère que ce n’est pas une opération macroniste », ironise de don côté ancien ministre socialiste resté fidèle au PS. « Ce serait paradoxal de se livrer à des opérations politiques de cette nature », quand on sait que la France a promu à la tête de la francophonie Louise Mushikiwabo, « la représentante du gouvernement de Paul Kagamé qui n’a cessé de mettre en cause l’action de la France », pointe-t-il.

Interrogé par l’AFP sur sa présence parmi les signataires, M. Cazeneuve rappelle avoir « consacré deux ans de sa vie parlementaire à ce sujet », en tant que rapporteur de la Mission d’information sur le Rwanda.

« Je ne peux pas être d’accord avec ceux qui mettent en cause de façon injuste l’action de François Mitterrand et de ses gouvernements (…) J’ai eu l’occasion de l’exprimer auprès de Olivier Faure et Raphaël Glucksmann de façon très claire », ajoute-t-il.

Des milliers de Palestiniens manifestent pour commémorer la « catastrophe »

Des milliers de Palestiniens ont manifesté mercredi dans la bande de Gaza et en Cisjordanie occupée lors de la commémoration annuelle de la Nakba, la « catastrophe » qu’a représenté à leur yeux la création d’Israël en 1948, ont constaté les journalistes de l’AFP.

La journée avait valeur de test pour le fragile cessez-le-feu annoncé il y a une dizaine de jours après le pire accès de violence entre Israël et groupes armés palestiniens de la bande de Gaza depuis la guerre de 2014 dans cette enclave.

Des milliers de Palestiniens se sont réunis en différents points dans cette enclave le long de la barrière frontalière lourdement gardée par l’armée israélienne.

Des heurts ont opposé certains d’entre eux et des soldats israéliens, selon un journaliste de l’AFP. Le ministre de la Santé du territoire sous contrôle du mouvement islamiste Hamas, ennemi juré d’Israël, a rapporté 47 blessés palestiniens.

Mais la mobilisation et les violences sont restées relativement contenues.

En 2018, plus de soixante Palestiniens avaient été tués le long de la frontière au cours d’une journée où se téléscopaient les commémorations de la Nakba et la protestation contre l’inauguration à Jérusalem de la nouvelle ambassade des Etats-Unis en Israël.

Un journaliste de l’AFP a vu mercredi un certain nombre de cerfs-volants lancés du côté gazaoui franchir la frontière en direction d’Israël, et un incendie éclater en territoire israélien.

Les Gazaouis se sont servis depuis mars 2018 de cerfs-volants pourvus d’un dispositif incendiaire de fortune pour provoquer des feux en Israël. Le procédé est devenu un motif d’exaspération pour les riverains israéliens de Gaza et pour les autorités.

– Violences –

L’armée israélienne a fait état mercredi d’environ 10.000 Gazaouis manifestant, dont certains violemment, le long de la frontière. Des Palestiniens ont incendié des pneus pour occulter leurs agissements, lancé des pierres et des engins explosifs ou ont tenté de s’approcher de la barrière de sécurité de plusieurs mètres de haut, a-t-elle dit.

Les soldats ont riposté avec des moyens anti-émeutes, a-t-elle ajouté, ce qui comprend habituellement des tirs à balles réelles.

Les Palestiniens ont aussi manifesté en Cisjordanie, autre territoire palestinien distant de quelques dizaines de kilomètres et sous occupation israélienne.

A Ramallah, capitale politique de Cisjordanie sous relatif contrôle de l’Autorité palestinienne, des manifestants ont brandi de grandes clés en papier pour demander à revenir sur les terres et dans les maisons qu’ils ont fuies ou dont ils ont été chassés à la création d’Israël en 1948.

Des centaines de milliers de Palestiniens ont été jetés sur les routes lors de la guerre accompagnant la création d’Israël.

La bande de Gaza, coincée entre Israël, Egypte et Méditerranée, est en proie depuis mars 2018 à des manifestations hebdomadaires et généralement émaillées de violences le long de la frontière, et à une succession de confrontations entre Israël et groupes armés palestiniens.

Au moins 293 Palestiniens ont été tués depuis lors à Gaza par des tirs israéliens. La grande majorité sont morts lors des manifestations, mais un certain nombre ont péri dans les frappes israéliennes de représailles aux agissements hostiles en provenance de Gaza.

Six Israéliens ont été tués au cours de la même période.

Mobilisation internationale à Paris contre la violence en ligne

Facebook a promis mercredi de limiter l’utilisation des vidéos en direct, répondant à l’appel d’Emmanuel Macron et de la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern contre la violence en ligne, deux mois après la diffusion sur Facebook Live de l’attaque contre des mosquées en Nouvelle-Zélande.

Les deux dirigeants lancent à Paris « l’appel de Christchurch » contre la cyberhaine, en compagnie d’une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement, comme le roi Abdallah de Jordanie, le président sénégalais Macky Sall ou la Britannique Theresa May, et de patrons des géants du numérique, dont Google, Twitter et Facebook.

Leur préoccupation commune ? « Demander aux pays et aux grandes entreprises du numérique d’agir contre le terrorisme et l’extrémisme violent en ligne », explique l’Elysée.

Symboliquement, la réunion débute en milieu d’après-midi par un « karanga », un chant traditionnel maori exprimant la douleur du peuple néo-zélandais après le massacre de 51 musulmans à Christchurch le 15 mars, diffusé en direct sur Facebook Live pendant 17 minutes.

L’attaque était « conçue pour être virale », explique Jacinda Ardern au Monde. « Facebook a tenté de supprimer la vidéo: ils l’ont enlevée 1,5 million de fois. Durant les premières 24 heures, elle a été remise en ligne sur YouTube chaque seconde », selon elle.

Face à un tel phénomène, « nous ne pouvons agir seuls » à l’échelle d’un pays, insiste la Première ministre néo-zélandaise. « Il faut apporter une réponse mondiale à un réseau mondial ».

« L’appel de Christchurch » compte déjà pour adhérents les Premiers ministres canadien Justin Trudeau, norvégien Erna Solberg ou irlandais Leo Varadkar, ainsi que le vice-président indonésien Jusuf Kalla, tous présents à l’Elysée mercredi.

Les Etats-Unis, dont les groupes sont les premiers visés, n’y sont qu’observateurs.

Le PDG de Facebook Mark Zuckerberg a été reçu dès vendredi par Emmanuel Macron pour évoquer la lutte contre les contenus haineux. A contre-courant de nombre de patrons de la Silicon Valley, il appelle de ses vœux l’intervention des pouvoirs publics dans la régulation d’Internet.

Désormais, les utilisateurs ayant déjà enfreint les règles proscrivant les « organisations et individus dangereux » n’auront plus accès à Facebook Live pendant un certain temps, a annoncé le groupe.

« Si vous postez un contenu ou un lien lié à une personne ou à un groupe terroriste ou qui propage la haine, vous ne pouvez plus utiliser Facebook Live. Si cette mesure avait eu lieu, (le tueur de Christchurch) n’aurait pas pu utiliser le Live », selon Facebook France.

Google, qui emploie 10.000 personnes pour lutter contre les contenus qui violent ses règles, a indiqué que plus de 90% des vidéos YouTube retirées pour extrémisme violent ces 6 derniers mois l’ont été avant d’être signalées par un humain. Parmi elles 88% ont compté moins de 10 vues avant leur retrait.

– Au menu du G7 –

L’appel de Christchurch est lancé à l’occasion du 2e sommet « Tech for Good » initié en 2018 pour débattre de l’apport des nouvelles technologies au bien commun, comme l’éducation et la santé.

A l’occasion de cette réunion, qui a commencé en début d’après-midi, quelque 45 grands groupes technologiques se sont engagés à porter à 30% le taux de femmes dans leur management et leur direction d’ici 2022, quand la moyenne dans ce secteur est à 15%, a annoncé l’Elysée.

Parmi les signataires figurent des géants mondiaux comme le chinois Alibaba, les américains IBM, Uber et Booking.com ou encore les français Accor, BlaBlaCar, BNP Paribas, Engie, TF1 et L’Oréal.

Emmanuel Macron a convié à dîner mercredi quelque 180 responsables du monde numérique comme Jack Ma (Alibaba, l’Amazon chinois), Ken Hu (Huawei), Dara Khosroshahi (Uber), Jimmy Wales (Wikipedia) ou Eric Leandri (Qwant).

Ces discussions interviennent alors que la France planche sur une loi qui obligerait les réseaux sociaux à retirer les contenus signalés dans les 24 heures, sous peine d’une forte amende. Paris souhaite promouvoir une telle régulation au niveau européen.

Emmanuel Macron veut « faire de la France le pays qui invente la régulation » de la nouvelle économie, pour « réconcilier la technologie et le bien commun ».

Dans cette optique le secrétaire d’Etat au numérique, Cédric O, réunit mercredi ses collègues du G7 pour plancher sur un projet de charte sur les contenus haineux que la France souhaite voir aboutir d’ici le sommet de Biarritz en août.

Ces rendez-vous précèdent VivaTech, le grand salon des start-up qui s’ouvre jeudi à la porte de Versailles, où sont attendus plus de 100.000 visiteurs, avec une visite d’Emmanuel Macron le matin.

Appels d’ONG à désactiver Airbnb pour dénoncer sa présence en Cisjordanie occupée

Des ONG ont appelé mercredi les utilisateurs d’Airbnb à travers le monde à désactiver leurs comptes afin de protester contre son référencement de logements situés dans les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée.

Après avoir d’abord annoncé retirer ces quelque 200 offres de location, la populaire plateforme a dit revenir sur sa décision et continue donc à référencer ces logements.

« Nous demandons aux personnes de rejoindre une action mondiale et de désactiver Airbnb le 15 mai, jour de la Nakba », la catastrophe qu’a représenté pour les Palestiniens la création d’Israël le 14 mai 1948, a écrit sur Twitter l’ONG Jewish Voice For Peace.

« Airbnb permet de prolonger la Nakba en mettant en location des terres palestiniennes volées », a-t-elle ajouté.

Pour l’ONG Palestine Institute for Public Diplomacy (PIPD), il s’agit d’inciter « Airbnb à annuler sa décision ». « Mais nous savons que ce ne sera pas facile », a déclaré à l’AFP son directeur Salem Barahmeh.

« Ce que nous voulons in fine, c’est en finir avec cette culture de l’impunité où les entreprises internationales sont autorisées à être complices, en soutenant les crimes de guerre et les colonies israéliennes qui ont causé la fuite de Palestiniens », a-t-il ajouté.

Basée à San Francisco, aux Etats-Unis, Airbnb n’a pas souhaité faire de commentaires, et a renvoyé à son communiqué sur le sujet publié en avril.

« Nous comprenons la complexité de ce sujet », avait alors dit la plateforme de location, indiquant qu’elle ne tirerait « aucun bénéfice » de l’activité dans l’ensemble de la Cisjordanie et que l’argent serait reversé à une organisation humanitaire à but non lucratif opérant dans différentes parties du monde.

Après sa décision initiale –et désormais caduque– de retirer les offres de location en Cisjordanie occupée, l’entreprise avait été poursuivie en Israël mais aussi devant un tribunal fédéral américain, où des plaignants juifs américains l’accusaient de discrimination religieuse.

La Cisjordanie est un territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

Environ 430.000 colons israéliens y vivent une coexistence souvent conflictuelle avec plus de 2,5 millions de Palestiniens. Les colonies qui y sont construites par Israël sont illégales au regard du droit international et une grande partie de la communauté internationale voit en elle un des principaux obstacles à la paix.

Le gouvernement israélien conteste cette vision.